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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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seulement dix-huit mois plus tôt — il était jusque-là resté
célibataire — s'avança à son tour, elle aussi fut massacrée sur place. Le
général Kurt von Bredow, un ami intime de Schleicher, connut le même sort le
soir même. Gregor Strasser fut arrêté à son domicile berlinois le samedi à midi
et exécuté quelques heures plus tard dans sa cellule de la prison de la Gestapo
Prinz-Albrechtstrasse, sur l'ordre personnel de Gœring.
    Papen eut plus de chance. Il s'en tira. Mais son bureau fut mis
à sac par une escouade de S.S.; son principal secrétaire Bose, abattu à sa
table de travail; son collaborateur le plus direct, Edgar Jung, qui avait été
arrêté quelques jours plus tôt par la Gestapo, assassiné en prison; un autre
collaborateur, Erich Klausener, chef de l'Action catholique, massacré dans son
bureau au ministère des Communications, et le reste de son état-major, y
compris sa secrétaire particulière, la baronne Stotzingen, embarqué vers un
camp de concentration. Quand Papen alla protester auprès de Gœring, ce dernier,
qui n'avait pour l'instant pas de temps à perdre en vaines conversations, le «
jeta plus ou moins dehors », comme il le raconta plus tard, le plaçant en
résidence surveillée dans sa villa, entourée de S.S. armés jusqu'aux dents et
où, son téléphone coupé, tout contact lui était interdit avec le monde
extérieur, humiliation supplémentaire que le vice-chancelier d'Allemagne
accepta remarquablement bien.
    Car, moins d'un mois plus tard, il se déshonora en acceptant des
nazis assassins de ses amis un nouveau poste de ministre d'Allemagne à Vienne,
où les nazis venaient tout juste d'assassiner le chancelier Dollfuss. On n'a
jamais établi avec précision combien de victimes fit cette purge. Dans son
discours du 13 juillet au Reichstag, Hitler annonça que 61 personnes avaient
été abattues, y compris 19 « cadres supérieurs des S.A. », que 13 autres
étaient morts « pour avoir résisté à l'arrestation », et que 3 « s'étaient
suicidés », ce qui faisait un total de 77. Le livre blanc de la purge publié
par des émigrés à Paris affirmait que 401 personnes avaient été tuées, mais
n'en identifiait que 116. Au procès de Munich en 1957, on prononça le chiffre
de « plus de 1 000 ».
    Un grand nombre furent tués par pure vengeance, pour s'être
opposés à Hitler dans le passé; d'autres furent assassinés apparemment parce
qu'ils en savaient trop, et l'un d'eux au moins par suite d'une erreur
d'identité. Le corps de Gustav von Kahr, dont nous avons déjà rappelé le rôle
dans la répression du putsch de 1923, et qui depuis longtemps s'était retiré de
la scène politique, fut retrouvé dans un marais des environs de Dachau,
sauvagement tailladé à coups de pioche. Hitler ne l'avait pas oublié et ne lui
avait pas pardonné.
    Le corps du père Bernhard Stempfle, de l'Ordre des Hiéronymites,
qui, on s'en souvient, avait aidé à mettre au point Mein Kampf ,
et qui plus tard avait trop parlé peut-être de ce qu'il savait à propos du
suicide de Geli Raubal, le grand amour d'Hitler, fut retrouvé dans la forêt de
Harlaching, près de Munich, le cou brisé et avec trois balles dans le cœur.
Heiden affirme que la bande de tueurs qui l'abattit était dirigée par Emil
Maurice, l'ancien condamné de droit commun qui, lui aussi, avait fait la cour à
Geli Raubal. D'autres qui « en savaient trop » comprenaient trois hommes des S.A.
qui, croit-on, avaient été les complices de Ernst lors de l'incendie du
Reichstag. Ils furent exécutés en même temps que Ernst.
    Un autre assassinat mérite d'être mentionné. A sept heures vingt
le soir du 30 juin, le docteur Willi Schmid, l'éminent critique musical du Muenchener
Neueste Nachrichten , un grand quotidien munichois, jouait du violoncelle
dans son bureau pendant que sa femme préparait le dîner et que leurs trois
enfants, âgés respectivement de neuf, huit et deux ans, jouaient dans le
living-room de leur appartement de la Schackstrasse à Munich. On sonna à la
porte, quatre S.S. apparurent et, sans explications, emmenèrent le docteur
Schmid. Quatre jours plus tard, son corps fut renvoyé dans un cercueil avec
l'ordre de la Gestapo de ne l'ouvrir sous aucun prétexte. Les tueurs S.S.
avaient pris le docteur Willi Schmid, qui n'avait jamais fait de politique,
pour Willi Schmidt, un chef local S.A., qui, entre-temps, avait été arrêté par
un autre détachement de S.S. et abattu [58] .
    Y

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