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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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si
amplement fournie par Vienne ? Quelles furent les idées que lui valurent
ses lectures et ses contacts et qui, prétend-il, restèrent jusqu’à la fin
essentiellement les mêmes ? L’examen le plus sommaire démontrera avec
évidence qu’elles étaient généralement superficielles, périmées, souvent
grotesques et absurdes, et pourries de partis pris barbares. Mais il est
également évident qu’elles présentent de l’importance pour ce livre, comme
elles en eurent pour le monde, car elles allaient occuper leur place dans les
assises du Troisième Reich que ce vagabond grand liseur devait bientôt
construire.

DES IDEES EN GESTATION
    Les idées d’Hitler, à une ou deux exceptions près, n’étaient
nullement originales, mais ramassées telles quelles dans le maelstrom
bouillonnant de la vie et de la politique autrichiennes au début du XXe siècle.
La monarchie danubienne se mourait alors d’indigestion. Une minorité d’Autrichiens
de race allemande régnait depuis des centaines d’années sur un empire
polyglotte fait d’une douzaine de nationalités, lui imposant sa langue et sa
culture. Mais, après 1848, sa domination s’affaiblit et les autres minorités ne
voulurent point se laisser absorber dans un pays qui n’était rien de moins qu’un
creuset. Les Italiens le quittèrent dès les années 1860. En 1867, les Hongrois
obtinrent l’égalité avec les Allemands ; ce fut alors ce qu’on appela la
monarchie dualiste. Et, à partir des premières années du siècle suivant, les
différents peuples slaves – Tchèques, Slovaques, Serbes, Croates – demandèrent
eux aussi l’égalité et, au minimum, leur autonomie nationale. En somme, le
brûlant problème des nationalités commençait de dominer la politique intérieure
du pays.
    D’autre part, à ces luttes s’ajoutait un mécontentement social
qui souvent les transcendait. Les classes populaires, politiquement déshéritées,
réclamèrent le droit de vote, celui de s’organiser en syndicats et de faire
grève, non seulement pour obtenir des augmentations de salaire et de meilleures
conditions de travail, mais aussi pour atteindre leurs objectifs démocratiques.
Une grève générale leur ayant valu le suffrage universel (pour les hommes), cela
mit fin ipso facto à la prépondérance politique des Autrichien allemands,
qui ne constituaient qu’un tiers de la population de la partie autrichienne de
l’empire.
    De ceux-là était le jeune nationaliste fanatique de Linz, Adolf
Hitler ; ces événements suscitaient sa vive désapprobation. A se yeux, l’empire
s’enfonçait dans un « marécage infect » et ne pouvait être sauvé que
si la race maîtresse, c’est-à-dire l’allemande, réaffirmait son autorité
absolue d’antan ; les autres, notamment les Slaves, et tout
particulièrement les Tchèques, étaient inférieures, et il appartenait à la
première de les gouverner avec un poigne de fer ; il fallait aussi abolir
le parlement et en finir avec toute cette « stupidité » démocratique.
    Sans participer à la politique, Hitler suivait avidement les
activités des trois principaux partis de l’ancienne Autriche : les
sociaux-démocrates, les socialistes chrétiens et les nationalistes
pangermanistes. Ce fut alors que commencèrent de se former dans l’esprit de cet
habitué peu soigné des soupes populaires, un sens et une astuce qui lui permirent
de discerner avec une clarté de vues étonnante les forces et les faiblesses des
mouvements contemporains et qui, lorsqu’ils furent à maturité, firent de lui le
maître politique de l’Allemagne.
    Dès le premier contact, il prit en haine les sociaux-démocrates.
« Ce qui me révolta particulièrement, dit-il, fut leur hostilité à la
lutte menée en faveur du germanisme (et) leur dégoûtante servilité devant le « camarade »
slave… En quelques mois, j’acquis ce qui aurait dans d’autres conditions coûté
des décennies : le concept d’une putain [10] pestilentielle, se travestissant sous un manteau de vertu sociale et d’amour
fraternel (47). »
    Il était pourtant déjà assez intelligent pour refréner la rage
qu’il nourrissait contre ce parti ouvrier, afin d’examiner en détail les
raisons de son succès populaire. Il en trouva plusieurs que, des années après, il
allait utiliser dans l’édification du Parti national socialiste allemand. Un
jour, rapporte-t-il dans Mein Kampf , il assista à une démonstration
massive des

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