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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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sur le dossier de divans bon marché, pratique
alors courante à Vienne. Mais Hitler savait aussi se montrer plus ingénieux et
plus pratique. Il dessina souvent, pour des boutiquiers, des affiches célébrant
des produits tels que la poudre anti-sueur Teddy ; une autre, sans doute
inspirée par le besoin d’un peu d’argent en fin d’année, représentait le père
Noël en train de vendre des bougies de couleur ; une autre encore montrait
la flèche gothique de Saint-Étienne – Hitler ne se lassait pas de la copier – s’érigeant
par-dessus une montagne de savonnettes.
    Telles furent les cimes de sa production « artistique » ;
il ne s’en considéra pas moins comme un « artiste » jusqu’à la fin de
sa vie.
    Pendant ces années de vagabondage à Vienne, son aspect fut
indiscutablement celui d’un bohème. Ceux qui le connurent alors se rappelèrent
par la suite son long manteau noir et râpé, descendant à ses chevilles, pareil
à un cafetan, donné par un Juif revendeur de vieux habits, également
pensionnaire de son triste hôtel pour hommes et qui lui avait été charitable. Ils
se souvenaient aussi de son melon noir, graisseux, qu’il portait toute l’année.
Ses cheveux emmêlés retombaient en mèches sur son front, tels qu’on les vit
plus tard, et, par-derrière, sur son col sale. Il ne semblait pas les faire
couper souvent, ni d’ailleurs se raser ; sur ses joues et son menton s’étalait
la couche bleue d’une barbe rarement soignée. Si l’on en croit Hanisch, qui
devint par la suite un peu artiste, Hitler était comme « une apparition
telle qu’on n’en rencontre guère chez les chrétiens (42) ».
    Contrairement à quelques-unes des épaves humaines dont il
partageait l’existence, il était exempt des faiblesses juvéniles ; il ne
fumait, ni ne buvait ; il se tenait à l’écart des femmes, non pas – à ce
qu’on sait – à cause d’une anomalie quelconque, mais bien d’une timidité
profonde.
     « Je crois, a-t-il écrit dans Mein Kampf, lors d’un
de ses rares moments d’humour, que mes relations de cette époque me prirent
pour un excentrique (43). »
    Ses relations se rappelaient en effet, comme ses maîtres, le
regard fixe qui prédominait dans sa physionomie, exprimant une partie de sa
personnalité qui ne cadrait pas avec sa misérable existence de clochard
crasseux. Et ils se sont souvenus aussi que le jeune homme, en dépit de sa
paresse quand il s’agissait de labeur physique, restait un lecteur avide qui
passait le plus clair de ses journées et de ses soirées à dévorer des livres.
    A cette époque, je lisais énormément et à fond. Toute la
liberté que me laissait mon travail, je la consacrais à mes études. Ainsi, en
quelques années, je formai les connaissances dont je me nourris encore
actuellement (44).
    Dans Mein Kampf , Hitler s’étend sur l’art de lire :
    Par « lecture », j’envisage sans doute autre
chose que les membres moyens de notre prétendue intelligentsia .
    Je sais des gens qui lisent considérablement… Je ne dirai
pourtant pas qu’ils sont instruits. Ils possèdent – c’est vrai – une masse de « connaissances » ;
mais leur cerveau est inapte à organiser et à classer ce qu’il a absorbé… En
revanche, un homme qui lit de la façon qu’il faut… percevra instinctivement et
immédiatement tout ce qu’il estime digne d’être retenu, soit parce que cela
convient à son dessein, soit parce qu’il le juge comme valant la peine d’être
su… L’art de lire, comme celui d’apprendre, consiste en ceci : retenir
l’essentiel, oublier le non-essentiel [9] …
Seule, cette façon de lire a un sens et un but… Vue sous cet angle, ma période
viennoise fut particulièrement féconde et utile (45).
    Utile à quoi ? Hitler répond que ce sont ses lectures et
son contact avec les pauvres et les déshérités de Vienne qui lui ont appris
tout ce qu’il eut ensuite besoin de savoir.
    Vienne fut et resta pour moi l’enseignement le plus pénible,
mais aussi le plus approfondi, de ma vie. J’y étais arrivé, encore à demi
enfant ; j’en partis, devenu un homme calme et grave.
    C’est durant cette période que prirent forme en moi une
représentation du monde et une philosophie sur quoi se fixa l’inébranlable
fondement de tous mes actes. Après ce que je bâtis alors, j’eus peu à apprendre
et je n’eus rien à changer (46).
    Qu’avait-il donc appris à cette école de l’adversité

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