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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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manière
effective. Hitler, qui en prit bonne note, s’étend beaucoup dans Mein Kampf sur la force de l’éloquence en matière politique.
    Depuis des temps immémoriaux, les avalanches religieuses et
politiques de l’Histoire ont toujours été déclenchées par la même force, et par
elle seule : la puissance magique du Verbe. Les masses populaires ne sont
remuées que par le pouvoir de la parole. Or, tous les grands mouvements sont
des mouvements populaires, des éruptions volcaniques de passions humaines et d’élans
irrationnels, activés tantôt par la déesse cruelle du malheur, tantôt par un
brandon universel qui enflamme les foules. Ils n’ont rien de commun avec les
flots de fade limonade déversés par les esthètes littéraires et les héros de
salon (55).
    S’il évitait encore de se mêler directement à la vie des partis,
le jeune Hitler commençait déjà à exercer ses dons de tribun sur les pauvres
hères qu’il rencontrait dans les asiles de nuit, dans les soupes populaires et
aux carrefours de Vienne. Par la suite, ces dons allaient se développer jusqu’à
faire de lui l’orateur le plus extraordinaire de cette Allemagne d’entre les
deux guerres (ayant entendu des dizaines de ses plus importants discours, je
puis en témoigner), qualité qui devait largement contribuer à sa stupéfiante
carrière.
    Enfin, ce fut également à Vienne qu’Hitler découvrit les Juifs. A
Linz, écrit-il, ces gens-là étaient peu nombreux. « Chez moi, du temps de
mon père, je ne me souviens pas d’avoir entendu le mot. Un élève du collège
était Juif, mais nous n’y faisions pas attention. Je les prenais même (les
Juifs) pour des Allemands (56). »
    A en croire son ami d’adolescence, la vérité est quelque peu
différente. « Quand je fis la connaissance d’Hitler, dit August Kubizek en
évoquant l’époque de Linz, son antisémitisme était déjà très net… Hitler était
déjà un antisémite confirmé quand il se rendit à Vienne… Et, quoique sa période
viennoise ait pu accentuer cette disposition, elle ne lui a certainement pas
donné naissance (57). »
    « Alors, dit Hitler, j’arrivai à Vienne. »
    Absorbé par l’abondance des impressions que je ressentais… oppressé
par la dureté de mon sort, je ne pénétrai pas d’abord la stratification des
catégories sociales dans cette ville gigantesque. A cette époque, Vienne
comptait cependant près de deux cent mille Juifs parmi ses deux millions d’habitants.
Je ne les distinguais pas… Pour moi, le Juif ne demeurait caractérisé que par
sa religion ; dans un esprit de tolérance humaine, je continuais à
désapprouver les attaques religieuses dans ce cas comme dans les autres. Par
conséquent, le ton de la presse antisémite viennoise me semblait indigne de la
tradition culturelle d’une grande nation (58).
    Hitler raconte qu’un jour il se promenait dans le centre de la
ville. « Soudain, je rencontrai une apparition vêtue d’un cafetan noir et
portant des bouclettes aux tempes. Est-ce un Juif ? Me demandai-je d’abord,
car ceux de Linz n’avaient pas cet aspect. J’observai l’homme furtivement et
prudemment ; mais, plus je scrutai trait par trait cette face étrangère, plus
ma question changea de forme (et devint) : est-ce un Allemand (59) ? »
    On devinera sans peine la réponse que se fit Hitler. Il prétend
cependant qu’il décida préalablement « d’essayer de lever ses doutes en
consultant des livres ». Il se plongea donc dans les ouvrages antisémites,
qui se vendaient beaucoup à Vienne à cette époque. Puis il circula dans les
rues de la ville pour observer de plus près le « phénomène ». « Partout,
dans n’importe quel quartier, dit-il, je commençais à voir les Juifs, et, plus
j’en voyais, plus nettement ils m’apparaissaient différents du reste de l’humanité.
Plus tard, l’odeur de ces porteurs de cafetans me donna souvent des nausées (60). »
Ensuite, continue-t-il, il découvrit. « la turpitude totale de ce peuple
élu. Il n’existait pas une seule forme de saleté ou de débauche, dans le
domaine culturel en particulier, où un Juif au moins ne fût impliqué. Si l’on
ouvrait soigneusement un de ces abcès, on y trouvait, comme un ver dans un cadavre
en décomposition, souvent aveuglé par la clarté subite, un youpin. » Il
assure encore avoir constaté que c’était surtout aux Juifs qu’il fallait
imputer la prostitution et la traite des

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