Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
Vom Netzwerk:
laquelle était légalement « responsable de la coordination
idéologique et politique de tous les maîtres en accord avec la doctrine
nationale socialiste ». La loi des fonctionnaires de 1937 exigeait des
enseignants qu'ils fussent « les exécuteurs de la volonté de l'État soutenu par
le parti » et prêts « à tout moment à défendre sans réserve l'État national
socialiste ». Un décret précédent les avait déclarés fonctionnaires et, par
conséquent, soumis aux lois raciales. Les Juifs n'avaient, bien entendu, pas le
droit d'enseigner.
    Tous les maîtres firent le serment d'être « fidèles et
obéissants vis-à-vis d'Adolf Hitler ». Plus tard, nul ne devait pouvoir
enseigner s'il n'avait auparavant servi dans les S.A., le Service du Travail ou
les Jeunesses hitlériennes. Les candidats aux chaires universitaires devaient d'abord
faire un stage de six semaines dans un camp d'observation, où leurs idées et
leur caractère étaient étudiés par des experts nazis, lesquels soumettaient un
rapport au ministère de l'Enseignement; ce ministère donnait des autorisations
d'enseigner basées sur la « stabilité politique » des candidats.
    Avant 1933, les écoles publiques allemandes étaient sous la
juridiction des autorités locales et les universités sous celle des États.
Maintenant, elles étaient toutes placées sous la férule du ministre de l'Enseignement
du Reich. C'était lui également qui désignait les recteurs et les doyens des
universités, lesquels étaient auparavant élus par l'ensemble des professeurs de
la faculté. Il désignait aussi les chefs des syndicats d'étudiants, auxquels
tous les étudiants devaient appartenir, et des syndicats des maîtres de
conférences, qui comprenaient tous ces maîtres de conférences sans exception.
L'Association N.S. des Chargés de Cours, dirigée par des nazis de la première
heure, avait l'importante tâche de choisir ceux qui étaient appelés à enseigner
et de veiller à ce que tout ce qu'ils enseigneraient soit en accord avec les
théories nazies.
    Le résultat de toute cette nazification était catastrophique
pour l'enseignement allemand. L'histoire était à ce point falsifiée dans les
nouveaux livres de classe et par les maîtres dans leurs cours, qu'elle en
devenait grotesque. L'enseignement des « sciences raciales » qui exaltaient les
Allemands comme la race des seigneurs et faisaient des Juifs la source de
presque tous les maux du monde était plus ridicule encore. Dans la seule
Université de Berlin, où tant de grands professeurs avaient enseigné dans le
passé, le nouveau recteur, un homme des troupes d'assaut et un vétérinaire de
profession, institua vingt-cinq nouveaux cours de Rassenkunde — science
raciale — et, quand il eut vraiment tout mis sens dessus dessous dans la
faculté, on y donnait quatre-vingt-six cours ayant un rapport avec sa propre
profession.
    L'enseignement des sciences naturelles, dans lequel l'Allemagne
excellait depuis plusieurs siècles, dégénéra rapidement; les grands
professeurs, comme Einstein et Franck en physique; Haber, Willstaetter et
Warburg en chimie, furent congédiés ou se retirèrent. Nombre de ceux qui
restèrent furent mordus par les aberrations nazies et tentèrent de les
appliquer à la science pure. Ils se mirent à enseigner ce qu'ils appelaient la
physique allemande , la chimie allemande , les mathématiques allemandes .
En 1937, un journal parut qui s'appelait Deutsche Mathematik et qui, dans
son premier éditorial, proclamait solennellement que toute idée selon laquelle
les mathématiques pouvaient être considérées d'un point de vue non racial
portait « en elle les germes de la destruction de la science allemande ».
    Les hallucinations de ces savants nazis devinrent incroyables,
même pour un profane. « La physique allemande? » déclarait le professeur
Philipp Lenard de l'Université de Heidelberg, qui était l'un des savants les
plus érudits et les plus internationalement respectés du Troisième Reich. «
Mais, me dira-t-on, la science est et demeure internationale. C'est faux. En
réalité, la science, comme tout autre produit de l'humanité, est raciale et
conditionnée par le sang. » Le professeur Rudolph Tomaschek, directeur de
l'institut de Physique de Dresden, allait plus loin. « La physique moderne,
écrivait-il, est un instrument de la Juiverie (mondiale) destiné à la
destruction de la science nordique...
    La vraie physique est une création de

Weitere Kostenlose Bücher