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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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l'esprit allemand... En
fait, toute la science européenne est le fruit de la pensée aryenne, ou, mieux,
allemande. » Le professeur Johannes Stark, chef de l'Institut national allemand
des Sciences physiques, était du même avis. On découvrirait bien, disait-il,
que les « fondateurs de la recherche dans le domaine de la physique, et les
grands inventeurs, de Galilée à Newton et jusqu'aux pionniers de la physique de
notre époque, étaient presque exclusivement aryens, et surtout de race
nordique. »
    Il y avait aussi le professeur Wilhelm Mueller, du Collège
technique d'Aix-la-Chapelle, qui, dans un livre intitulé La Juiverie et la
Science , montrait qu'il existait un complot mondial juif destiné à polluer
la science et, par conséquent, à détruire la civilisation. Pour lui, Einstein,
avec sa théorie de la relativité, était l'architraître. La théorie d'Einstein,
sur laquelle une si grande partie de la physique moderne est fondée, était,
pour ce bizarre professeur nazi, « dirigée de A jusqu'à Z vers un but bien
défini, à savoir transformer le monde vivant — je veux dire le monde non juif —
d'essence vivante, né d'une mère qui était la terre et lié par le sang, pour en
faire, par une sorte de sorcellerie, une abstraction spectrale dans laquelle
toutes les différences individuelles des peuples et des nations, et toutes les
limitations internes des races, sont perdues dans l'irréalité et dans laquelle
ne demeure qu'une diversité sans substance de dimensions géométriques qui
engendre tous les événements à partir d'une sujétion impie à des lois ». Pour
le professeur Mueller, le succès mondial obtenu par Einstein à la publication
de sa théorie de la relativité n'était qu'une façon de se réjouir de «
l'approche d'un gouvernement du monde par les Juifs qui abaisserait
irrévocablement les hommes allemands au niveau d'esclaves ».
    Pour le professeur Ludwig Bieberback, de l'Université de Berlin,
Einstein était « un charlatan étranger ». Même pour le professeur Lenard « le
Juif manque de toute évidence d'intelligence de la vérité... contrairement au
chercheur aryen, sérieux et animé d'un réel désir de vérité... La physique
juive est, par conséquent, un fantôme et un phénomène de dégénérescence de la
physique allemande fondamentale (7) ».
    Et cependant, de 1905 à 1931, dix Juifs allemands avaient reçu
le Prix Nobel pour leur contribution à la science.
    Durant le Deuxième Reich, les professeurs d'université, tout
comme le clergé protestant, avaient apporté leur soutien aveugle au
gouvernement conservateur et à ses visées expansionnistes, et les salles de
conférences étaient des lieux où se développaient des germes virulents de
nationalisme et d'antisémitisme. La République de Weimar avait tenu à une
liberté académique totale, et l'un des résultats de cette attitude, c'était que
la grande majorité des professeurs d'université, antilibéraux, antidémocratiques
et antisémites, avaient contribué à miner le régime démocratique. La plupart
des professeurs étaient des nationalistes fanatiques, qui souhaitaient le
retour d'une Allemagne conservatrice et monarchique. Et bien que, pour beaucoup
d'entre eux, les nazis fussent, avant 1933, trop tapageurs et trop violents
pour les attirer, ils aidèrent, par leurs discours, à préparer le terrain pour
la venue du nazisme. En 1932, la majorité des étudiants semblaient des
admirateurs enthousiastes d'Hitler.
    Certains furent surpris de voir le nombre de membres des
universités qui se soumirent à la nazification des hautes études après 1933.
Bien que les chiffres officiels indiquent comme nombre de professeurs et
d'instructeurs renvoyés durant les cinq premières années du régime le chiffre
de 2 800 — environ un quart de l'effectif total — la proportion de ceux qui
perdirent leur poste pour avoir défié le national-socialisme fut, ainsi que le
dit le professeur Wilhelm Rœpke, lui-même renvoyé de l'Université de Marburg en
1933, « extraordinairement faible ». Malgré cela, il y avait parmi eux des noms
célèbres dans le monde académique allemand : Karl Jaspers, E. I. Gumbel,
Theodor Litt, Karl Barth, Julius Ebbinghaus et des douzaines d'autres. La
plupart d'entre eux émigrèrent, d'abord vers la Suisse, la Hollande et
l'Angleterre, et, finalement, vers les États-Unis. L'un d'eux, le professeur
Theodor Lessing, qui s'était enfui en Tchécoslovaquie, fut suivi

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