Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
Vom Netzwerk:
jusque-là par
des assassins nazis et tué à Marienbad, le 31 août 1933.
    Mais la grande majorité des professeurs demeurèrent à leurs
postes, et, dès l'automne de 1933, 960 d'entre eux, menés par des lumières
telles que le professeur Sauerbruch chirurgien ; Heidegger le philosophe
existentialiste et Pinder, historien des arts, firent publiquement le serment
de soutenir Hitler et le régime national socialiste.
    « Ce fut une scène de prostitution, devait écrire par la suite
le professeur Rœpke, qui entacha la vénérable histoire de la science allemande
(8). » Quant au professeur Julius Ebbinghaus, considérant les ruines accumulées
en 1945, il dit : « Les universités allemandes n'ont pas su, alors qu'il en
était encore temps, s'opposer publiquement de toutes leurs forces à la
destruction de la connaissance et de l'État démocratique. Elles n'ont pas
continué à faire briller le phare de la liberté et du droit dans la nuit de la
tyrannie (9). »
    Le prix de cet échec fut élevé. Après six ans de nazification,
le nombre des étudiants diminua de plus de la moitié : il passa de 127 920 à 58
325. Plus grande encore était la diminution des inscriptions dans les instituts
de technologie dont l'Allemagne tirait ses savants et ses ingénieurs : elles
passèrent de 20 474 élèves à 9 554. Le niveau académique baissa de façon
vertigineuse.
    En 1937, non seulement on manquait de jeunes savants et
ingénieurs, mais encore le savoir de ceux-ci diminuait. Longtemps avant le
début de la guerre, l'industrie chimique, qui s'employait activement à avancer
le réarmement nazi, se plaignait, par le truchement de son journal Die
Chemische Industrie , de ce que l'Allemagne perdait sa suprématie en chimie.
Non seulement, disait ce journal, l'économie nationale, mais la défense
nationale aussi était mise en péril, et si les jeunes savants étaient si peu
nombreux et de si médiocre qualité, c'était à cause de la pauvreté de
l'enseignement dans les collèges techniques.
    Ce que perdait l'Allemagne nazie, le monde libre le gagnait,
surtout dans la course à la bombe atomique. L'histoire des efforts couronnés de
succès des chefs nazis, menés par Himmler, pour saborder le programme atomique,
est trop longue et trop compliquée pour être racontée ici. Ironie du sort,
c'est à deux hommes exilés pour des raisons raciales par les dictatures nazie
et fasciste que les États-Unis durent pour beaucoup de l'emporter dans cette
course à la bombe : il s'agit d'Einstein, qui venait d'Allemagne, et de Fermi,
qui venait d'Italie.
    Dans l'esprit d'Adolf Hitler, ce n'étaient pas tant les écoles
publiques, que lui-même avait quittées si vite, mais les organisations des
Jeunesses hitlériennes, qui allaient éduquer la jeunesse allemande en vue des
fins qu'il lui avait assignées. Dans les années de lutte pour l'accession du
Parti nazi au pouvoir, le mouvement des Jeunesses hitlériennes n'avait pas eu
une grande importance. En 1932, dernière année de la République, son effectif
total n'était que de 107 956, à côté des 10 millions de jeunes qui
appartenaient aux diverses organisations réunies dans le Comité des
associations de Jeunesses allemandes du Reich. Dans aucun pays au monde on ne
trouvait un mouvement de jeunes d'une vitalité et d'une importance comparables
à celui de la République allemande. Voyant cela, Hitler était décidé à
s'emparer de ce mouvement et à le nazifier.
    Son second, dans cette tâche, était un beau jeune homme d'esprit
quelconque mais d'une grande énergie, qui s'appelait Baldur von Schirach;
celui-ci, subjugué par Hitler, s'était inscrit au parti en 1925, à l'âge de
dix-huit ans, et, en 1931, il avait été nommé chef des Jeunesses nazies. Au milieu
des Chemises Brunes, ces garçons balafrés et braillards, il avait curieusement
l'air d'un étudiant américain, fougueux et pas encore mûr, et cela était
peut-être dû en partie au fait qu'il avait eu, comme nous l'avons vu, des
ancêtres américains (dont deux signataires de la Déclaration d'Indépendance
(10).
    En juin 1933, Schirach fut nommé « chef des Jeunesses du Reich
allemand ». Singeant la tactique de ses prédécesseurs, chefs de parti, sa
première mesure fut d'envoyer une bande armée de cinquante Jeunes Hitlériens
costauds occuper les bureaux du Comité des associations de Jeunesse du Reich,
et le vieil officier de l'armée de Prusse, le général Vogt, qui était à la tête
du comité,

Weitere Kostenlose Bücher