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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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continua à les faire fonctionner
non sans ajouter un fort apport d'idéologie nazie à l'instruction qu'on y
prodiguait.
    A la fin, bien sûr, ce furent les ouvriers qui payèrent le
cirque. Le montant total des cotisations au Front du Travail atteignait 160
millions de dollars en 1937 et dépassa le cap des 200 millions de dollars
lorsque la guerre éclata, d'après le docteur Ley : « La comptabilité était extrêmement
vague, car elle était entre les mains non pas de l'État, mais du service des
finances du parti, qui ne publiait jamais ses comptes. Sur le montant des
cotisations, 10 pour 100 étaient réservés au Kraft durch Freude . Mais
les cotisations payées par les individus pour les voyages de vacances et pour
les loisirs, pour peu coûteux que tout cela fût, atteignaient dans l'année qui
précéda la guerre le chiffre de 1 milliard 250 millions de dollars. Une autre
lourde charge accablait encore le salarié : en tant que première organisation
du parti unique dans le pays, avec 25 millions de membres, le Front du Travail
devint une gigantesque bureaucratie, avec des dizaines de milliers d'employés à
plein temps. En fait, on estimait que de 20 à 25 pour 100 de son revenu étaient
absorbés par les frais de gestion.
    Une escroquerie particulièrement remarquable commise par Hitler
aux dépens des travailleurs allemands mérite d'être citée en passant. Il s'agit
de la Volkswagen (la « voiture du peuple »), née de l'imagination créatrice
du Führer en personne. Tout Allemand, ou du moins tout travailleur allemand,
disait-il, devrait posséder une voiture, comme aux États-Unis. Jusqu'alors en
Allemagne, où il n'y avait qu'une automobile pour environ 50 personnes (au lieu
de 1 pour 5 en Amérique), le travailleur avait utilisé la bicyclette ou les
transports publics pour se déplacer. Hitler décréta alors que l'on devait
construire pour lui une voiture qui ne se vendrait qu'à 990 marks, soit 396
dollars, au cours officiel. Il participa lui-même, dit-on, à la conception de
la voiture, qui fut réalisée sous la direction d'un ingénieur autrichien, le
docteur Ferdinand Porsche.
    Comme l'industrie privée ne pouvait pas produire une voiture
pour ce prix, Hitler ordonna à l'État de la construire et chargea du projet le
Front du Travail. L'organisation du docteur Ley entreprit aussitôt, en 1938,
d'édifier à Fallersleben, près de Braunschweig, « la plus grande usine
d'automobiles du monde », capable de produire 1 500 000 voitures par an, « plus
que Ford », déclaraient les propagandistes nazis. Le Front du Travail avança un
capital de 50 millions de marks. Mais ce n'était pas le principal moyen de
financement. Le plan ingénieux du docteur Ley prévoyait que les travailleurs
eux-mêmes fourniraient les capitaux, grâce à un plan de crédit intitulé « payer
avant de l'avoir » : 5 marks par semaine, ou si un travailleur estimait qu'il
en avait les moyens, 10 ou 15 marks par semaine. Quand il avait versé 750
marks, l'acheteur recevait un numéro de commande lui donnant droit à une
voiture dès qu'elle pourrait être fabriquée. Malheureusement pour le
travailleur, aucun véhicule ne fut jamais produit pour aucun client durant le
Troisième Reich. Des dizaines de millions de marks furent
versés par les salariés allemands, dont ils ne devaient jamais revoir un seul
pfennig. Lorsque la guerre éclata, l'usine Volkswagen fut transformée en
manufacture d'articles plus utiles à l'armée.

LA JUSTICE DANS LE TROISIEME REICH
    Dès les premières semaines de 1933, lorsque commencèrent les
arrestations massives et arbitraires, les agressions et les meurtres perpétrés
par ceux qui étaient au pouvoir, l'Allemagne sous la férule du
national-socialisme cessa d'être une société fondée sur la loi.
    « Hitler est la loi! » proclamaient fièrement les juristes de
l'Allemagne nazie, et Gœring le souligna quand il affirma aux procureurs
prussiens le 12 juillet 1934 que « la loi et la volonté du Führer ne font qu'un ». C'était vrai. La loi était ce que le dictateur disait
qu'elle était et, dans les moments de crise, comme lors de la Purge sanglante,
il proclama lui-même, ainsi qu'on l'a vu dans son discours au Reichstag aussitôt après ce sanglant événement, qu'il était « le juge suprême » du
peuple allemand, doté du pouvoir de condamner à mort qui bon lui semblait.
    Du temps de la République, la plupart des juges, comme la
majorité du clergé protestant et des

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