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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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furent légèrement inférieurs à ce
qu'ils avaient été jusqu'alors. D'après le Bureau des Statistiques du Reich,
les salaires diminuèrent pour les ouvriers qualifiés de 20,4 cents l'heure en
1932, en pleine crise, à 19,5 cents au milieu de 1936. L'échelle des salaires
pour la main-d'œuvre non qualifiée tomba de 16,1 cents à 13 cents l'heure. Lors
du congrès du parti à Nuremberg, en 1936, le docteur Ley déclara que le salaire
moyen des ouvriers à plein temps inscrits au Front du Travail s'élevait à 6,95
dollars par semaine, le Bureau des Statistiques du Reich indiquait pour
l'ensemble des travailleurs allemands un chiffre moyen de 6,29 dollars.
    Bien qu'ils fussent des millions de plus à avoir du travail, la
part de l'ensemble des travailleurs allemands dans le revenu national tomba de
56,9 pour 100 durant l'année de crise de 1932 à 53,6 pour 100 durant l'année de
prospérité de 1938. En même temps, le revenu provenant du capital et des affaires
passait de 17,4 pour 100 du revenu national à 26,6 pour 100. Il est vrai qu'en
raison du nombre beaucoup plus grand de travailleurs, le revenu total des
salaires passa de 25 milliards à 42 milliards de marks, soit une augmentation
de 66 pour 100. Mais le revenu du capital et des affaires s'éleva de façon
beaucoup plus spectaculaire : de 146 pour 100. Tous les propagandistes du
Troisième Reich, de Hitler jusqu'en bas de l'échelle, avaient coutume de se
déchaîner dans leurs discours contre les bourgeois et les capitalistes et de
proclamer leur solidarité avec le travailleur. Mais une étude objective des
statistiques officielles, que peut-être peu d'Allemands prenaient la peine
d'entreprendre, révélait que c'étaient les capitalistes tant dénigrés et non les
travailleurs qui bénéficiaient le plus de la politique nazie.
    Finalement, la paie que le travailleur allemand rapportait à la
maison diminuait. Outre de lourds impôts sur le revenu, des contributions
obligatoires aux assurances maladie, chômage et infirmités, sans parler des
cotisations au Front du Travail, le travailleur manuel — comme tout le monde en
Allemagne nazie — était l'objet de pressions constantes pour faire des dons de
plus en plus importants à toute une collection d'œuvres de charité nazies, dont
la principale était le Winterhilfe (Secours d'hiver). Plus d'un ouvrier
perdit sa place parce qu'il n'avait pas versé sa contribution au Winterhilfe ou bien parce qu'on jugeait cette contribution trop faible. Ce genre de faute
se trouva un jour sanctionné par un tribunal du travail, qui approuva le
licenciement sans préavis d'un employé, pour « conduite hostile à la communauté
du peuple... méritant d'être sévèrement condamnée ». Vers les années 1935, on
estimait que les impôts et contributions diverses prélevaient de 15 à 35 pour
100 du salaire brut d'un ouvrier. Pareil prélèvement sur une semaine de 6,95
dollars ne laissait pas grand-chose pour le loyer, la nourriture, l'habillement
et les loisirs.
    Comme les serfs du Moyen Age, les ouvriers de l'Allemagne
hitlérienne se trouvèrent de plus en plus liés à leurs lieux de travail, bien
qu'en l'occurrence ce ne fût pas l'employeur qui les liât, mais l'État. On a vu
comment le paysan du Troisième Reich était attaché à sa terre par la loi de la
ferme héréditaire. De même, l'ouvrier agricole était attaché à la terre par la
loi et n'avait pas le droit de la quitter pour aller travailler en ville. Il
faut dire que, dans la pratique, c'était une loi nazie qui n'était guère obéie;
entre 1933 et 1939, plus d'un million (1 300 000) d'ouvriers agricoles
émigrèrent pour aller travailler dans l'industrie et dans le commerce. Mais,
pour les ouvriers de l'industrie, la loi était appliquée. Divers décrets
gouvernementaux commençant avec la loi du 15 mai 1934, restreignirent sévèrement
la liberté qu'avait un ouvrier de passer d'une place à une autre. Après juin
1935, les bureaux de placement d'État reçurent le contrôle exclusif de la
main-d'œuvre : ils décidaient qui pouvait être engagé, pourquoi et où.
    Le « livret de travail » fut créé en février 1935 et finalement
aucun ouvrier ne pouvait être engagé s'il n'en possédait pas un. Sur ce livret
figuraient ses spécialités et le nom de ses employeurs. Le livret de travail
non seulement fournissait à l'État et à l'employeur des renseignements tenus à
jour sur chaque employé de la Nation, mais servait également à

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