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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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de l'Autriche et
de l'Allemagne était pour les Allemands « une tâche qu'ils devaient s'employer
à accomplir, par tous les moyens et tout au long de leur vie ». Peu de temps après
son accession à la Chancellerie, il avait nommé inspecteur du Parti nazi
autrichien un député au Reichstag, Theodor Habicht, et, un peu plus tard, il
envoya à Munich le docteur Alfred Frauenfeld, leader politique autrichien,
exilé volontairement en Allemagne, et qui, chaque soir, à la radio, incita ses
amis viennois à assassiner Dollfuss.
    Plusieurs mois déjà avant le meurtre du chancelier, les nazis
autrichiens, pourvus d'armes et d'explosifs fournis par l'Allemagne, avaient
institué dans le pays un régime de terreur, faisant sauter des voies de chemin
de fer, des centrales électriques et des bâtiments officiels, assassinant les
partisans du régime clérico-fasciste de Dollfuss. Enfin, Hitler avait approuvé
la formation d'une légion autrichienne, forte de plusieurs milliers d'hommes,
qui campait en Bavière, le long de la frontière autrichienne, prête à la
franchir et à occuper le pays au moment opportun.
    Dollfuss mourut de ses blessures vers six heures du soir, mais
le putsch nazi échoua, en grande partie à cause de la maladresse des
conspirateurs qui s'étaient emparés de la Chancellerie. Les forces
gouvernementales, dirigées par le docteur Kurt Schuschnigg, ne tardèrent pas à
reprendre la situation en main, et les rebelles, bien que des sauf-conduits pour
l'Allemagne leur eussent été accordés à la suite de l'intervention du ministre
d'Allemagne, furent arrêtés. Treize d'entre eux furent pendus. Entre-temps,
Mussolini, à qui Hitler, à peine un mois auparavant, lors de leur rencontre à
Venise, avait promis de ne pas s'occuper des affaires de l'Autriche, provoqua
une certaine inquiétude à Berlin en envoyant aussitôt quatre divisions sur la
frontière du Brenner.
    Hitler se hâta de faire machine arrière. La version tout d'abord
préparée pour la presse, dans laquelle l'agence officielle allemande D.N.B. se
réjouissait de la chute de Dollfuss et proclamait l'avènement imminent de la
Plus Grande Allemagne, fut annulée à minuit et remplacée par un nouveau texte;
on y déplorait ce « meurtre cruel », en précisant qu'il s'agissait strictement
d'une affaire intérieure autrichienne. Habicht fut relevé de ses fonctions,
l'ambassadeur d'Allemagne à Vienne rappelé et révoqué, tandis que von Papen,
rescapé un mois plus tôt de la répression inaugurée par le meurtre de Rœhm, était
expédié dare-dare à Vienne, avec mission de rétablir, selon les directives
d'Hitler, « des relations normales et amicales » avec l'Autriche.
    L'allégresse manifestée d'abord par Hitler avait fait place à la
crainte. Von Papen raconte qu'il s'écria : « C'est un nouveau Serajevo ! »
quand les deux hommes se rencontrèrent pour convenir des mesures à prendre,
afin de résoudre la crise (2). Mais la leçon ne devait pas être perdue pour le Führer. Comme le putsch de la Brasserie munichoise en 1923, le
putsch nazi de Vienne fut une entreprise prématurée. L'Allemagne n'était pas
encore militairement assez forte pour assurer par la violence la réussite d'une
telle aventure.
    Elle était aussi trop isolée diplomatiquement. On avait vu
l'Italie fasciste elle-même se joindre à la Grande-Bretagne et à la France pour
exiger le maintien de l'indépendance de l'Autriche. De plus, l'Union Soviétique
semblait manifester pour la première fois l'intention de s'unir aux Occidentaux
pour conclure un Locarno oriental propre à décourager toute initiative
allemande à l'Est. A l'automne, elle entrait à la S.D.N. Tout au long de cette
année cruciale que fut 1934, il sembla qu'Hitler pût, moins que jamais, nourrir
l'espoir de diviser les Grandes Puissances. Tout au plus pouvait-il prêcher la
paix, poursuivre son réarmement clandestin et guetter les occasions favorables.
    En dehors de la tribune du Reichstag, Hitler
disposait encore d'un autre instrument pour répandre dans le monde extérieur sa
propagande de paix : je veux parler de la presse étrangère, dont les
correspondants, les titulaires de rubrique et les propriétaires de journaux
sollicitaient à chaque instant une interview de lui. Au moindre signe, Ward Price, l'Anglais à monocle, et son journal, le Daily
Mail de Londres, étaient prêts à accorder leurs bons offices au dictateur
allemand. C'est ainsi qu'en août 1934, dans l'une de ces

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