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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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feld-maréchal von Mackensen, dernier survivant des
maréchaux du Kaiser, revêtu du curieux uniforme des hussards de la Mort.
    Des lumières violentes se projetaient sur la scène, où les
jeunes officiers, dressés comme des statues de marbre, brandissaient les
étendards de guerre nationaux. Derrière eux, sur un immense rideau, se
détachait une énorme Croix de fer noir et argent. En principe, il s'agissait
d'une cérémonie en l'honneur des morts de la guerre, mais, en réalité, on
célébrait, dans une atmosphère de joie délirante, la mort du Traité de
Versailles et la renaissance de l'armée allemande.
    Les généraux, on le voyait sur leurs visages, étaient enchantés.
Comme tout le monde, ils avaient été pris au dépourvu car Hitler, qui avait
passé les jours précédents dans sa retraite montagnarde de Berchtesgaden, ne
s'était pas donné la peine de les instruire de ses intentions. Aux termes de la
déposition que devait faire plus tard à Nuremberg le général von Manstein,
lui-même, ainsi que son chef de corps du Wehrkreis III (3e district militaire)
de Berlin, le général von Witzleben, apprirent la décision d'Hitler par la
radio, le 16 mars. L'état-major aurait préféré que l'armée fût moins
importante, pour commencer.
    Si l'état-major avait été consulté, assura Manstein, il
aurait proposé la mise sur pied de vingt et une divisions. Ce fut Hitler qui,
de son propre chef, fixa le chiffre de trente-six divisions (10).
    Les autres puissances multiplièrent alors à l'égard d'Hitler des
gestes d'avertissement parfaitement vains. Réunis à Stresa le 11 avril;
Britanniques, Français et Italiens condamnèrent l'action de l'Allemagne et
réaffirmèrent leur volonté de soutenir l'indépendance de l'Autriche et de
rester fidèles au pacte de Locarno. Le Conseil de la S.D.N. à Genève exprima
également son mécontentement en présence de la décision précipitée prise par
Hitler et désigna un comité chargé de proposer des mesures susceptibles
d'empêcher le renouvellement de telles initiatives. La France, comprenant que
l'Allemagne ne participerait jamais à un Locarno oriental, se hâta de signer un
pacte d'assistance mutuelle avec la Russie, et Moscou conclut un traité
semblable avec la Tchécoslovaquie.
    Quand on lisait les manchettes des journaux, cette façon de serrer
les rangs contre l'Allemagne semblait quelque peu inquiétante; elle fit même
impression sur un certain nombre d'Allemands, aux Affaires étrangères et dans
l'armée, mais, selon toute apparence, elle n'en fit aucune sur Hitler. Après
tout, il avait réussi son coup. Mais il ne s'agissait pas de se reposer sur ses
lauriers. Le moment était venu, décida-t-il, de mettre à nouveau l'accent sur
son amour de la paix et de voir si le nouvel accord des puissances réalisé
contre lui ne pouvait être sapé et détruit. Le matin du 21 mai [69] ,
il prononça devant le Reichstag un nouveau discours de paix, peut-être le plus
éloquent et certainement l'un des plus habiles — des plus trompeurs aussi —
parmi tous ceux que je l'entendis faire au Reichstag.
    Il semblait détendu et exprimait des sentiments non seulement de
confiance, mais — à la grande surprise de ses auditeurs — de tolérance et de
conciliation. Il ne manifesta ni ressentiment ni méfiance à l'égard des nations
qui avaient condamné le rejet des clauses militaires du Traité de Versailles.
Bien au contraire, il prétendit ne désirer que la paix et la compréhension
basées sur la justice pour tous. Il repoussait l'idée même d'une guerre. La
guerre était stupide et inutile, autant qu'horrible.
    Le sang versé sur le continent européen au cours des trois
cents dernières années est hors de proportion avec les résultats qu'ont eus ces
événements dans l'histoire des nations. En définitive, la France est restée la
France, de même que l'Allemagne, la Pologne et l'Italie. Ce que l'égoïsme
dynastique, la passion politique et l'aveuglement patriotique ont produit en
fait de changements politiques apparemment importants — et cela en versant des
fleuves de sang — n'a réussi, en ce qui concerne le sentiment national, qu'à
toucher l'épiderme des nations; leurs caractères fondamentaux n'ont pas été
altérés de manière appréciable. Si ces États avaient consacré une fraction
seulement de leurs sacrifices à des buts plus raisonnables, ils auraient
certainement obtenu des succès plus grands et plus durables.
    L'Allemagne,

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