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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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évidence en
difficulté. Il avait enfin trouvé à qui parler, en la personne des officiers
supérieurs de l'armée allemande. Du moins ceux-ci durent-ils l'imaginer. Mais
ils se trompaient.
    Le 4 février 1938, le cabinet allemand se réunit. Ce devait être
pour la dernière fois. Quelles que fussent les difficultés rencontrées par
Hitler il les avait maintenant vaincues, éliminant du même coup tous ceux qui
lui barraient le chemin, non seulement dans l'armée, mais aux Affaires
étrangères. Un décret, qu'il fit hâtivement voter ce jour-là et qui fut porté à
la connaissance de la nation et du monde par la radio peu après minuit,
commençait ainsi :
    « Dorénavant, je prends personnellement le commandement des
forces armées. »
    En sa qualité de chef de l'État, Hitler était déjà, bien
entendu, le commandant suprême des forces armées, mais, cette fois, il
s'attribuait les fonctions de commandant en chef, exercées jusque-là par Blomberg, et supprimait le ministère de la Guerre qu'avait
également dirigé le nouveau marié (lequel n'avait pas encore compris ce qui lui
arrivait). Pour le remplacer, il créa l'organisme dont le nom serait
universellement connu pendant la seconde guerre mondiale, le Haut Commandement
des Forces armées ( Oberkommando der Wehrmacht , ou O.K.W.), auquel étaient subordonnés les trois services armés :
armée, marine et aviation.
    Hitler en était le commandant suprême et avait sous ses ordres
un chef d'état-major, portant le titre ronflant de chef du Haut Commandement
des Forces armées. Le poste échut à Keitel, plat courtisan d'Hitler, qui
réussit à s'y maintenir jusqu'à la fin.
    Pour panser la blessure d'amour-propre infligée à Gœring, qui
s'était cru désigné pour succéder à Blomberg, Hitler le nomma feld-maréchal, ce
qui le plaçait en tête de tous les officiers du Reich et, selon toute
apparence, lui faisait un immense plaisir. Pour apaiser l'inquiétude du public,
Hitler annonça que Blomberg et Fritsch avaient dû démissionner « pour raisons
de santé ». Ainsi on se débarrassait de Fritsch une bonne fois pour toutes,
avant même qu'il parût devant un tribunal militaire, qui l'aurait disculpé,
Hitler le savait. Le procédé sembla particulièrement révoltant aux généraux,
mais ils n'y pouvaient rien changer, car ils étaient mis au rancart par le même
décret. Seize d'entre eux, y compris les généraux von Rundstedt, von Leeb, von
Witzleben, von Kluge et von Kleist, étaient relevés de leurs fonctions et 44
autres, jugés trop peu enthousiastes à l'égard du nazisme, faisaient l'objet de
mutations.
    Pour succéder à Fritsch au commandement de l'armée de terre,
Hitler, après quelques hésitations, choisit le général Walter von Brauchitsch,
qui jouissait d'une bonne réputation parmi les généraux, mais devait par la
suite se montrer aussi faible et complaisant que Blomberg quand il s'agissait
d'affronter les sautes d'humeur d'Hitler. Pendant quelques jours, au cours de
cette période de crise, on put croire qu'une histoire sentimentale allait
conduire Brauchitsch à sa perte, comme il était arrivé pour Blomberg et
Fritsch. Car cet officier était sur le point de divorcer, projet qui faisait
froncer les sourcils à l'aristocratie militaire. Jodl, toujours curieux, nota
cette péripétie dans son journal. Le dimanche 30 janvier, il écrit que Keitel a
convoqué le fils de Brauchitsch « pour lui enjoindre d'aller trouver sa mère »
(afin d'obtenir son consentement au divorce) et deux jours plus tard il note
que Brauchitsch a rencontré Keitel et Gœring « pour discuter sa situation de
famille ».
    Gœring, qui semble s'être fait l'arbitre des difficultés
amoureuses des généraux, promit d'examiner la question. Le même jour, Jodl note
plus loin : « Le fils de Br. est revenu, porteur d'une lettre très digne de sa
mère. » Il résultait de cette lettre que Mme von Brauchitsch ne voulait pas
être une gêne pour son mari. Ni Gœring ni Hitler ne désapprouvaient un divorce
que le nouveau commandant de l'armée obtint d'ailleurs quelques mois après
avoir pris son poste. Car tous deux savaient que Frau Charlotte Schmidt, la femme qu'il voulait épouser, était, comme l'a
dit Ulrich von Hassell, « une enragée nazie, à 200 pour
100 ». Le mariage eut lieu à l'automne suivant et devait fournir (Jodl aurait
pu le noter cette fois encore) une nouvelle preuve de l'influence des femmes
dans l'histoire [84] .
    La grande

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