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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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à
l'épouse qui avait provoqué sa chute. Il mourut le 13 mars 1946, dans la prison
de Nuremberg, où, pitoyable et émacié, il attendait le moment de paraître devant
ses juges.

LA CHUTE DU GENERAL BARON
WERNER VON FRITSCH
    Le colonel général baron Werner von
Fritsch, commandant en chef de l'armée, officier de valeur, imbu des idées
rigides de la vieille école (le type même de l'officier d'état-major, disait de
lui l'amiral Raeder), semblait être le candidat le plus qualifié pour succéder
à Blomberg comme ministre de la Guerre et commandant en
chef des forces armées. Mais, nous l'avons vu, Gœring lui-même guettait ce
poste de commandement et certains croyaient même qu'il avait poussé
volontairement Blomberg à épouser une femme dont il
connaissait, supposait-on, le passé déplorable, cela afin d'avoir le champ
libre. S'il en était ainsi, Blomberg ignorait cette
machination, car, lors de son dernier entretien avec Hitler, le 27 janvier, il
proposa d'abord à ce dernier de lui donner Gœring pour successeur. Le Führer cependant connaissait mieux que quiconque son vieil
acolyte nazi.
    Gœring, dit-il, était trop jouisseur, il manquait à la fois de
patience et d'assiduité. Il ne voyait pas non plus d'un bon œil le général von
Fritsch, n'ayant guère apprécié — et certes pas oublié — l'opposition
manifestée par ce dernier quand, le 5 novembre, il avait exposé ses plans
grandioses devant les hauts dignitaires du Reich. De plus,
Fritsch n'avait jamais caché son hostilité envers le parti nazi et spécialement
les S.S., attitude qui non seulement avait attiré l'attention du Führer, mais qui avait indisposé Heinrich Himmler, chef des
S.S. et de la police, à tel point qu'il était de plus en plus fermement résolu
à abattre ce redoutable adversaire, placé à la tête de l'armée [81] .
    L'occasion s'en présentait en l'occurrence ou plutôt Himmler la provoqua en mettant sur pied une machination si
abominable qu'on a peine à la croire possible, du moins en 1938 et même dans ce
monde de gangsters qui était celui du Parti national socialiste.
    On demeure également stupéfait que l'armée allemande, qui somme
toute avait ses traditions, ait toléré pareille chose. Survenant aussitôt après
le scandale Blomberg, cette affaire fit éclater une
seconde bombe, beaucoup plus meurtrière que la première, qui ébranla jusque
dans ses fondations le corps des officiers et scella son destin.
    Le 25 janvier, le jour où Gœring montra à Hitler la fiche de
police de la femme de Blomberg, il mit également sous les
yeux du Führer un document encore plus compromettant. Ce
papier lui avait été fourni fort à propos par Himmler et
par son principal adjoint Heydrich, chef de la S.D., le service de sécurité des
S.S., et tendait à démontrer que le général von Fritsch s'était rendu coupable
de délits homosexuels, relevant de l'article 175 du code criminel allemand;
depuis 1935, le général versait des fonds à un ancien forçat dans l'espoir
d'étouffer l'affaire. Les papiers de la Gestapo semblaient si probants
qu'Hitler inclinait à ajouter foi à ces accusations, et Blomberg, qui peut-être rendait Fritsch responsable de l'attitude sévère observée
à son égard par l'armée lors de son mariage, ne fit rien pour l'en dissuader.
Fritsch, confia-t-il au Führer, n'était pas « un homme à
femmes » et il ajouta que le général, célibataire endurci, pouvait fort bien
avoir « succombé à la faiblesse ».
    Le colonel Hossbach, l'adjoint du Führer, qui était présent quand Gœring montra à son chef le
dossier de la Gestapo, fut épouvanté et, au mépris des ordres d'Hitler, qui lui
enjoignit de ne rien dire à Fritsch, il se rendit aussitôt au domicile privé du
chef de l'armée pour l'informer de l'accusation portée contre lui et l'avertir
qu'il se trouvait dans une situation extrêmement critique [82] .
    Le taciturne hobereau prussien se montra stupéfait : « Ce n'est
qu'un ramassis de mensonges infâmes! » s'exclama-t-il. Quand il se fut calmé,
il jura sur l'honneur à son camarade que ces accusations étaient dénuées de
tout fondement. De bonne heure le lendemain matin, Hossbach, sans
crainte des conséquences, raconta à Hitler son entretien avec Fritsch, lui
rapporta le démenti catégorique opposé par le général à ces accusations et
insista pour que le Führer lui accordât une audience et
lui donnât la possibilité de nier lui-même sa culpabilité.
    A la

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