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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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liquidation à laquelle Hitler avait procédé le 4
février ne se limita pas aux généraux. Il se débarrassa également de Neurath et le remplaça aux Affaires étrangères par le frivole et
trop complaisant Ribbentrop [85] .
    Deux diplomates chevronnés, Ulrich von Hassell, ambassadeur à
Rome, et Herbert von Dirksen, ambassadeur à Tokyo, furent relevés de leurs
fonctions et von Papen dut, lui aussi, quitter Vienne. Le faible Funk prit officiellement la succession de Schacht au
ministère de l'Économie nationale. Le lendemain 5 février, le Völkischer
Beobachter paraissait avec des manchettes
énormes : Concentration totale de tous
les pouvoirs entre les mains du Führer . Pour une fois, le principal
quotidien nazi n'exagérait pas.
    Le 4 février 1938 est une date décisive dans l'histoire du
Troisième Reich, un jalon sur le chemin qui le conduisait
à la guerre. On peut dire que, ce jour-là, la révolution nazie était
parachevée. Les derniers des conservateurs qui barraient la route à Hitler et l'empêchaient
de se lancer sur la voie qu'il était depuis longtemps décidé à suivre, une fois
que l'Allemagne serait suffisamment armée, venaient d'être balayés. Blomberg, Fritsch et Neurath avaient été
nommés par Hindenburg et par les conservateurs de la vieille école pour freiner
les excès des nazis, et Schacht s'était joint à eux.
    Mais, dans la lutte qu'ils menèrent pour exercer une certaine
autorité sur la politique étrangère, l'économie politique et la puissance
militaire de l'Allemagne, ils ne furent pas de taille à se mesurer avec Hitler.
Ils n'avaient ni la force morale, ni la finesse politique nécessaires pour lui
tenir tête, encore moins pour avoir l'avantage sur lui. Schacht démissionna,
Neurath se tint à l'écart de la scène, Blomberg, sous la pression des généraux,
ses propres collègues, donna lui aussi sa démission. Fritsch, bien qu'il eût
été victime d'un complot, véritable acte de banditisme, accepta sa révocation
sans un geste de révolte. Seize généraux de haut rang acceptèrent non moins humblement
la leur — et la sienne du même coup.
    Dans les milieux militaires, on parla d'un putsch, mais on se
borna à en parler. Le mépris dans lequel Hitler tenait la caste des officiers
prussiens et qu'il conserva jusqu'à la fin de sa vie s'avéra tout à fait justifié.
Elle avait admis presque sans un murmure le meurtre officiellement avoué et
approuvé des généraux von Schleicher et von Bredow. Maintenant, elle avalait
docilement la destitution de ses grands chefs. Berlin, pensait Hitler, ne
regorgeait-il pas de généraux plus jeunes, avides de les remplacer, avides de
servir leur Führer ? Où donc était la solidarité tant vantée des officiers de
l'armée? N'était-ce pas un mythe?
    Pendant cinq ans, jusqu'à ce jour d'hiver du 4 février 1938,
l'armée avait détenu le pouvoir matériel de renverser Hitler et le Troisième
Reich. Quand le 5 novembre 1937, elle apprit où il la conduisait — et la nation
avec elle — pourquoi ne tenta-t-elle pas de l'abattre? Fritsch lui-même, après
sa chute, a répondu à cette question. Le dimanche 18 décembre 1938, il recevait
l'ambassadeur von Hassell, récemment révoqué, au manoir d'Achtenberg, près de
Soltau, mis à sa disposition par l'armée après sa retraite. Hassell nota dans
son journal « la substance de ses opinions ».
    « Cet homme (Hitler) est le destin de l'Allemagne, en bien comme
en mal. S'il court maintenant à l'abîme (ce que croit Fritsch), il nous y
entraînera tous avec lui. Nous ne pouvons rien faire pour empêcher cela (13). »
    Ayant ainsi réuni entre ses mains les rênes de la politique —
étrangère, économique et militaire — tenant les forces armées directement sous
ses ordres, Hitler poursuivit alors sa route. Après s'être débarrassé de
Fritsch sans lui permettre de se disculper, il lui en accorda tardivement la
possibilité en constituant un tribunal d'honneur chargé de juger l'affaire. Le
feld-maréchal Gœring le présidait, assisté des commandants en chef de l'armée
et de la marine, le général von Brauchitsch et l'amiral Raeder, ainsi que de
deux magistrats, juges au Tribunal suprême de la Guerre.
    Le procès, auquel la presse et le public ne furent pas admis,
s'ouvrit à Berlin le 10 mars 1938 et fut brusquement suspendu avant même la fin
de la journée. Tard dans la nuit précédente, des nouvelles reçues d'Autriche
avaient provoqué chez le Führer l'un

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