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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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descente au quartier général d'un
groupe appelé Comité des Sept, constitué, à l'origine, pour établir la paix
entre les nazis et le gouvernement autrichien, mais qui, en réalité, servait de
bureau central à l'organisation clandestine nazie.
    On trouva là des documents paraphés par Rudolf Hess, l'envoyé du
Führer, et d'où il ressortait que les nazis autrichiens devaient susciter une
révolte au printemps de 1938; quand Schuschnigg tenterait de la mater, l'armée
allemande pénétrerait en Autriche pour éviter « que le sang allemand fût versé
par des Allemands ». Selon les dires de von Papen, l'un de ces documents
demandait son propre assassinat ou celui de son attaché militaire, le
lieutenant général Muff, par les nazis de l'endroit, afin de fournir une excuse
à l'intervention allemande (2).
    Le débonnaire von Papen ne trouva certes pas drôle d'apprendre
que, pour la seconde fois, les chefs du parti le destinaient à être assassiné
par leurs hommes de main, mais il fut encore bien plus bouleversé par un coup
de téléphone qu'il reçut à la légation allemande à Vienne, le soir du 4
février. Le secrétaire d'État Hans Lammers l'appelait de
la Chancellerie à Berlin, pour l'informer que sa mission spéciale en Autriche
était terminée. Il était congédié, en même temps que Neurath, Fritsch et
plusieurs autres.
    « Stupéfait, j'eus du mal à retrouver l'usage de la parole »,
raconta plus tard von Papen (3). Bientôt il se ressaisit assez pour comprendre
qu'Hitler avait évidemment décidé de passer à une action plus énergique en
Autriche, maintenant qu'il s'était débarrassé de Neurath, de Fritsch et de
Blomberg. Il se ressaisit en effet pour décider de faire « une chose
inhabituelle pour un diplomate », selon son expression. Il résolut de déposer
une copie de toute sa correspondance avec Hitler « dans un endroit sûr ». Ce
fut en Suisse qu'il la cacha : « Les campagnes de diffamation du Troisième
Reich, dit-il, ne m'étaient que trop connues. » Comme nous l'avons vu, elles
avaient failli lui coûter la vie en juin 1934.
    Le renvoi de von Papen fut aussi un avertissement pour
Schuschnigg. Il n'avait pas une confiance absolue dans l'affable officier de
cavalerie en retraite, mais il eut tôt fait de s'apercevoir qu'Hitler méditait
de sombres desseins et ne se bornerait pas à lui infliger la présence de cet
ambassadeur madré, qui du moins était un dévot catholique comme lui-même et un
homme bien élevé.
    Depuis quelques mois, l'activité de la diplomatie européenne
n'avait pas été favorable à l'Autriche. Après l'établissement de l'Axe
Rome-Berlin, Mussolini s'était rapproché d'Hitler et ne se souciait plus guère
de maintenir l'indépendance du petit pays, alors qu'à l'époque du meurtre de
Dollfuss il avait expédié quatre divisions sur le Brenner pour effrayer le
Führer. Ni la Grande-Bretagne, lancée depuis peu, sous la conduite de
Chamberlain, dans une politique d'apaisement, ni la France, en proie à de
graves luttes intérieures, n'avaient récemment montré beaucoup d'intérêt pour
une éventuelle défense de l'indépendance autrichienne, au cas où Hitler
frapperait.
    Et maintenant, en même temps que Papen, disparaissaient les
conservateurs placés à la tête de l'armée allemande et du ministère des
Affaires étrangères, qui avaient jusqu'alors réussi, dans une certaine mesure,
à brider les ambitions effrénées du Führer. D'esprit étroit, mais néanmoins
intelligent malgré ses limites, Schuschnigg était fort bien informé et ne se
faisait guère d'illusions sur une situation qui ne cessait d'empirer. L'heure
était venue, comme il l'avait sentie venir après l'assassinat de Dollfuss, par
les nazis, de donner de nouveaux apaisements au dictateur allemand.
    Bien qu'il eût été relevé de ses fonctions, Papen fournit
cependant à son maître une occasion favorable. Il n'était pas homme à se
formaliser d'un camouflet, pourvu qu'il vînt d'en haut, aussi s'était-il
précipité chez Hitler, le lendemain même de son renvoi, « pour avoir une idée
de ce qui se passait ». A Berchtesgaden, le 5 février, il trouva le Führer «
épuisé et l'air absent » à la suite de son conflit avec les généraux. Mais
Hitler était doué d'une faculté de rebondissement exceptionnelle et bientôt
l'ambassadeur révoqué réussissait à l'intéresser à une proposition qu'il lui
avait déjà soumise quinze jours plus tôt, quand ils s'étaient

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