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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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de ces violents accès de colère dont il
était coutumier [86] .
La présence du feld-maréchal Gœring et du général von Brauchitsch était
réclamée d'urgence ailleurs.

11 -
L'ANSCHLUSS - LE VIOL DE L'AUTRICHE
    Vers la fin de 1937, j'abandonnai le journalisme pour faire du radio-reportage et de ce fait mon
quartier général se trouva transféré de Berlin à Vienne, ville dont j'avais
fait la connaissance dix ans plus tôt, alors que je débutais dans la carrière
de correspondant de presse. Je devais néanmoins passer presque tout mon temps
en Allemagne au cours des trois années décisives qui allaient s'écouler, mais
mon nouveau poste couvrant l'Europe continentale m'ouvrait certaines
perspectives sur le Troisième Reich et j'eus ainsi l'occasion de vivre dans les
pays limitrophes qui allaient être victimes de l'agression hitlérienne,
immédiatement avant et pendant ces événements.
    A cette époque, je faisais la navette entre l'Allemagne et le
pays qui motivait ainsi la fureur d'Hitler; il me fut donc donné de vivre les
événements qui vont maintenant être relatés et qui conduisaient inexorablement
à la plus grande guerre — et la plus sanglante — que l'homme ait jamais connue.
Bien que j'aie pu observer les faits directement, il est stupéfiant de songer à
quel point je demeurais ignorant des circonstances qui les provoquèrent. Les
intrigues et les manœuvres, les trahisons, les décisions fatales et les
hésitations, les rencontres dramatiques des principaux participants, qui
déterminaient le cours des événements, avaient lieu en secret, à l'abri des
regards inquisiteurs des diplomates étrangers, des journalistes et des espions
; aussi demeurèrent-ils, pendant des années, en grande partie inconnus de tous,
à l'exception des quelques personnages qui en étaient les acteurs.
    Pour raconter l'histoire de ces événements, il nous a fallu
attendre la découverte d'une masse inextricable de documents secrets et le
témoignage des protagonistes du drame — les survivants du moins — dont la
plupart n'étaient pas libres à l'époque, beaucoup d'entre eux se trouvant alors
dans des camps de concentration. Le récit qui va suivre est donc en majeure
partie basé sur les nombreux documents rassemblés depuis 1945. Mais peut-être
fut-il utile au narrateur d'une histoire comme celle-ci d'avoir assisté en
personne à ses moments les plus dramatiques et les plus décisifs. C'est ainsi
que je me trouvai à Vienne dans la mémorable nuit du 11 au 12 mars 1938, au
cours de laquelle l'Autriche cessa d'exister.
    Depuis plus d'un mois, l'admirable capitale baroque des bords du
Danube, dont les habitants étaient les plus sympathiques, les plus gais, les
mieux doués pour jouir de la vie parmi tous les peuples que j'ai connus, se
trouvait en proie à de graves inquiétudes. Le docteur Kurt von Schuschnigg,
chancelier d'Autriche, devait appeler plus tard « une agonie de quatre semaines
» la période qui s'écoula entre le 12 février et le 11 mars. Depuis la
signature de l'accord austro-allemand du 11 juillet 1936, par lequel
Schuschnigg, dans une annexe secrète au traité, faisait d'importantes concessions
aux nazis autrichiens [87] ,
Franz von Papen, ambassadeur particulier d'Hitler à Vienne, poursuivait son
œuvre insidieuse, visant à détruire l'indépendance de l'Autriche et à provoquer
son union avec l'Allemagne nazie.
    Dans un long rapport adressé au Führer à la fin de 1936, il
avait exposé les résultats obtenus par lui. Un an plus tard, il envoyait un
nouveau rapport, insistant cette fois sur le fait que « ce serait seulement en
exerçant sur le chancelier fédéral (Schuschnigg) une pression des plus
violentes que de nouveaux progrès pourraient être réalisés (1) ». Ce conseil,
dont pourtant son chef n'avait guère besoin, allait bientôt être suivi à la
lettre, plus encore qu'il ne pouvait l'imaginer.
    Pendant toute l'année 1937, les nazis autrichiens, financés et
poussés par Berlin, avaient intensifié leur campagne de terreur. Des attentats
à la bombe avaient lieu presque chaque jour dans le pays, et, dans les
provinces de montagne, des démonstrations nazies massives, souvent accompagnées
de violences, affaiblissaient la position du gouvernement. On découvrait des
plans révélant que des hommes de main nazis se préparaient à éliminer
Schuschnigg, comme ils l'avaient fait pour son prédécesseur. Finalement, le 25
janvier 1938, la police viennoise opéra une

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