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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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rencontrés à
Berlin. Pourquoi ne pas avoir une explication personnelle avec Schuschnigg?
Pourquoi ne pas l'inviter à venir à Berlin pour l'entretenir en tête-à-tête?
Hitler trouva l'idée bonne. Sans tenir compte du fait qu'il venait de destituer
von Papen, il lui donna ordre de retourner à Vienne et d'organiser la
rencontre.
    Schuschnigg accepta sans difficultés, mais, si faible que fût sa
position, il posa pourtant certaines conditions. Il voulait être informé à
l'avance des points précis qu'Hitler désirait discuter et recevoir l'assurance
que l'accord du 11 juillet 1936, par lequel l'Allemagne s'engageait à respecter
l'indépendance de l'Autriche et à ne pas se mêler de ses affaires intérieures,
serait maintenu.
    De plus, le communiqué publié à l'issue de la rencontre devrait
réaffirmer que les deux pays continueraient à rester fidèles au traité de 1936.
Schuschnigg tenait à ne rien laisser au hasard avant d'affronter le lion dans
sa tanière. Papen se précipita à l'Obersalzberg pour conférer avec Hitler et
revint muni de l'assurance que l'accord de 1936 demeurait inchangé. Le Führer voulait seulement faire porter la discussion sur « les
malentendus et les points de friction qui subsistaient » depuis qu'il avait été
signé. La réponse n'était pas aussi précise que l'avait souhaité le chancelier
autrichien, mais il s'en déclara satisfait. La rencontre fut fixée au 12
février dans la matinée [88] .
    Le 11 février au soir, Schuschnigg, accompagné de son
ministre des Affaires Étrangères, Guido Schmidt, partit
dans le plus grand secret, en train spécial, pour Salzbourg. Le lendemain
matin, il franchit la frontière en voiture pour aller trouver Hitler dans sa
retraite montagnarde. Ce devait être un funeste voyage.

LA RENCONTRE DE BERCHTESGADEN.
12 FEVRIER 1938.
    Von Papen vint jusqu'à la frontière pour accueillir ses
visiteurs autrichiens et, dans l'air glacé de cette matinée d'hiver, il
semblait, trouva Schuschnigg, « d'excellente humeur ». Il affirma à ses hôtes
qu'Hitler était très bien disposé ce jour-là. Puis vint le premier signe avertisseur.
Le Führer, déclara von Papen sur un ton jovial, espérait que le docteur
Schuschnigg ne verrait pas d'inconvénient à ce que fussent présents au Berghof
trois généraux qui venaient d'y arriver tout à fait par hasard : Keitel, le
nouveau chef de l'O.K.W. ; Reichenau, qui commandait les forces armées à la
frontière austro-bavaroise, et Sperrle, responsable de l'aviation dans cette
même zone.
    Papen a raconté plus tard que « cette nouvelle ne parut guère
agréer à ses hôtes ». Schuschnigg répondit à l'ambassadeur qu'il n'y voyait pas
d'inconvénient, étant donné surtout « qu'il n'avait guère le choix en
l'occurrence ». Intellectuel élevé chez les Jésuites, il était déjà sur ses
gardes.
    Néanmoins, il ne s'attendait pas à ce qui se passa ensuite.
Hitler, portant la tunique brune des membres des sections d'assaut sur un
pantalon noir et flanqué de trois généraux, accueillit le chancelier autrichien
et ses compagnons sur les marches de la villa. Schuschnigg trouva cet accueil
cordial, certes, mais cérémonieux. Quelques instants plus tard, il se trouvait
seul avec le dictateur allemand dans le vaste cabinet de travail du second
étage, dont les grandes baies donnaient sur les Alpes majestueuses aux cimes
couronnées de neige et, plus loin, sur l'Autriche, pays natal des deux hommes.
    Kurt von Schuschnigg, alors âgé de quarante et un ans, était —
tous ceux qui l'ont connu seront de cet avis — un Autrichien de vieille souche,
aux manières raffinées, et il lui semblait tout naturel de commencer
l'entretien par un couplet aimable sur la vue magnifique, le beau temps qu'il
faisait ce jour-là et quelques paroles flatteuses sur la pièce où il se
trouvait et qui avait sans nul doute vu se dérouler un grand nombre de
conversations décisives. Mais Adolf Hitler lui coupa la parole : « Nous ne
sommes pas ici pour admirer le panorama ou parler du temps qu'il fait. » Puis
la tempête éclata. Comme l'a relaté par la suite le chancelier d'Autriche,
pendant les deux heures qui suivirent, « la conversation fut en grande partie
unilatérale [89] ».
    Vous avez tout fait pour empêcher une politique amicale,
fulmina Hitler... L'histoire de l'Autriche n'est qu'un acte ininterrompu de
haute trahison. Il en fut ainsi dans le passé et ce n'est pas mieux
aujourd'hui... Ce paradoxe

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