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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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devenu un savant célèbre et le
premier président de la République de son pays. Le second, Édouard Benès, fils
d'un paysan, avait réussi, à force de travail, par faire des études à
l'Université de Prague et dans trois grandes écoles françaises; après avoir
occupé presque continuellement le poste de ministre des Affaires étrangères, il
devint le second président de la République, quand Masaryk se retira en 1935.
Découpée dans l'empire des Habsbourg, qui, au XVIe siècle, avait acquis
l'ancien royaume de Bohême, la Tchécoslovaquie était devenue, pendant les
années qui suivirent sa création, en 1918, l'État le plus démocratique, le plus
ouvert au progrès, le plus éclairé, et le plus prospère qui existât en Europe
centrale.
    Cependant, du fait même qu'elle était composée de plusieurs
nationalités différentes, elle se trouva, dès l'origine, aux prises avec un
problème d'ordre intérieur qu'elle n'avait pas encore été capable de résoudre
entièrement au bout de vingt années. Ce problème, c'était la question des
minorités. Dans ce pays vivaient un million de Hongrois, un demi-million de
Ruthènes et 3 250 000 Allemands des Sudètes. Ces peuples jetaient des regards
nostalgiques vers leurs « mères-patries », qui étaient respectivement la
Hongrie, la Russie et l'Allemagne, bien que les Sudètes n'eussent jamais
appartenu au Reich allemand (sauf en tant que partie du Saint-Empire romain
germanique, dont la composition était d'ailleurs assez vague), mais seulement à
l'Autriche. Ces minorités désiraient pour le moins une autonomie plus large que
celle dont elles jouissaient.
    Les Slovaques eux-mêmes, qui formaient le quart des 10 millions
de citoyens tchécoslovaques, désiraient acquérir une certaine autonomie. Bien
que, du point de vue racial et linguistique, ils eussent des liens étroits avec
les Tchèques, les Slovaques avaient évolué de façon différente, du point de vue
historique, culturel et économique, en grande partie parce qu'ils avaient été, pendant
plusieurs siècles, sous la domination de la Hongrie. Un accord entre les
Tchèques et les Slovaques émigrés en Amérique, signé à Pittsburgh, le 30 mai
1918, stipulait que les Slovaques posséderaient leur gouvernement, leur
parlement et leurs cours de justice. Mais le gouvernement de Prague ne s'était
pas considéré comme lié par cet accord et ne l'avait pas observé.
    Certes, si l'on comparait leur sort à celui des minorités dans
la plupart des autres pays, même dans l'Europe de l'Ouest, même en Amérique,
les minorités tchécoslovaques n'étaient pas malheureuses. Elles jouissaient non
seulement de tous les droits démocratiques et civils — y compris le droit de
vote — mais, dans une certaine mesure, elles avaient leurs écoles et étaient
autorisées à conserver leurs institutions culturelles. Les chefs des partis
politiques de la minorité occupaient souvent le poste de ministre dans le
gouvernement central. Néanmoins les Tchèques, qui ressentaient encore les
effets des siècles d'oppression imposée par les Autrichiens, semblaient
employer des moyens discutables pour régler le problème des minorités.
    Ils se montraient souvent chauvins et dépourvus de tact. Je me
rappelle, lors de mon premier voyage dans ce pays, le profond ressentiment que
suscitait en Slovaquie l'emprisonnement du docteur Vojtech Tuka, professeur
respecté, condamné à quinze ans de réclusion « pour trahison », bien que, fort
probablement, son seul crime eût consisté à travailler en faveur de l'autonomie
slovaque. Les minorités estimaient surtout que le gouvernement tchécoslovaque
n'avait pas tenu les promesses faites par Masaryk et Benès à la conférence de
Paris, en 1919, par lesquelles il s'engageait à établir un système fédéral,
analogue à celui de la Suisse.
    Si l'on songe aux événements qui vont être maintenant relatés,
on ne peut se défendre d'un sentiment d'ironie amère en constatant que les
Allemands des Sudètes menaient une existence assez prospère au sein de l'État
tchécoslovaque, plus prospère certes qu'aucune autre minorité du même pays, ou
que les minorités allemandes de Pologne et d'Italie fasciste. Ils
s'insurgeaient contre les injustes discriminations dont ils étaient parfois
l'objet à Prague. Ils parvenaient difficilement à accepter la perte de leur
ancienne suprématie en Bohême et en Moravie au temps des Habsbourg.
    Mais, s'étendant en groupes compacts le

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