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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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Tchécoslovaquie (25). Dès le
3 août, Ribbentrop informait les grandes missions diplomatiques allemandes à
l'étranger qu'il n'y avait guère lieu de craindre une intervention de la
Grande-Bretagne, de la France et de la Russie, en faveur de la Tchécoslovaquie
(26).
    Le 3 août également, Chamberlain expédiait en Tchécoslovaquie
Lord Runciman, chargé d'une curieuse mission : agir en « médiateur » dans la
crise sudète. Je me trouvais justement à Prague le jour de son arrivée et,
après avoir assisté à sa conférence de presse et m'être entretenu avec les
membres de son parti, je notai dans mon journal : « Cette mission de Runciman
sent mauvais. » D'ailleurs, l'annonce de ce voyage, faite devant la Chambre des
Communes, le 26 juillet, s'était accompagnée d'un mensonge proféré par
Chamberlain lui-même et qui doit être unique dans les annales du parlement
britannique. Le Premier Ministre avait dit qu'il envoyait Runciman à Prague «
en réponse à une demande du gouvernement tchécoslovaque ».
    En réalité, c'était Chamberlain qui avait imposé au gouvernement
tchécoslovaque la visite de Runciman. Mais cette déclaration cachait un autre
mensonge plus grave : tout le monde, y compris Chamberlain, savait que la
mission de Runciman, soi-disant chargé de servir de médiateur entre le
gouvernement tchèque et les chefs sudètes, était irréalisable et absurde et que
Henlein, le leader sudète, n'était pas un agent libre et ne pouvait négocier;
il s'agissait, désormais, d'un conflit entre Prague et Berlin. Mon journal de
ce premier soir et des jours suivants montre que les Tchèques savaient
parfaitement bien que Runciman avait été envoyé, par Chamberlain pour préparer
le terrain en vue de la cession du pays des Sudètes à Hitler. C'était une bien
piètre ruse diplomatique.
    L'été de 1938 touchait à sa fin. Runciman baguenaudait dans les
Sudètes et à Prague, multipliant les gestes amicaux à l'égard des Sudètes
allemands et se montrant de plus en plus exigeant auprès du gouvernement
tchèque pour qu'il leur accordât ce qu'ils réclamaient. Hitler, ses généraux et
son ministre des Affaires étrangères faisaient preuve d'une activité fébrile.
Le 23 août, à Kiel, pendant les manœuvres navales, le Führer reçut à bord du paquebot Patria l'amiral Horthy et
les membres du gouvernement hongrois. S'ils voulaient avoir leur part du festin
tchèque, ils n'avaient qu'à se hâter, leur déclara Hitler : « Celui qui veut
s'asseoir à table, dit-il, doit du moins aider d'abord à la cuisine (27) ».
L'ambassadeur d'Italie, Bernardo Attolico, se trouvait parmi les invités.
    Mais quand il insista auprès d'Hitler pour connaître la date de
« la démarche allemande contre la Tchécoslovaquie », afin que Mussolini pût
être prévenu, le ministre des Affaires Étrangères lui répondit de façon
évasive. De toute évidence, les Allemands n'avaient pas une confiance absolue
dans la discrétion de leur allié fasciste. Ils étaient maintenant sûrs de la
Pologne. Pendant tout l'été, von Moltke, ambassadeur à Varsovie, avait averti
Berlin que non seulement la Pologne refusait d'aider la Tchécoslovaquie, en
autorisant le passage des troupes russes ou en permettant aux avions
soviétiques de survoler son territoire, mais que le colonel Josef
Beck, ministre des Affaires étrangères de Pologne, jetait un regard
d'envie sur une tranche du territoire tchèque, la zone de Teschen. Beck faisait déjà preuve de ce fatal manque de clairvoyance,
d'ailleurs partagé au même moment par tant d'hommes d'État européens, et qui
devait avoir des conséquences plus désastreuses qu'il ne pouvait alors
l'imaginer.
    A l'O.K.W. (Haut Commandement des Forces armées) et à l'O.K.H.
(Haut-Commandement de l'armée), il régnait une incessante activité. On mettait
définitivement au point les plans qui permettraient aux forces armées d'être
prêtes à pénétrer en Tchécoslovaquie le 1er octobre. Dès le 24 août, à
l'O.K.W., le colonel Jodl rédigea un mémorandum urgent à l'intention d'Hitler,
déclarant qu'il était « très important de fixer le moment exact de « l'incident
» qui revêtira pour l'Allemagne le caractère d'une provocation et justifiera
une intervention militaire ». Il expliquait que l'horaire à établir pour le
jour J dépendait de cette précision.
    Aucune mesure préalable, poursuivait-il, ne peut être prise
avant J moins un, à moins que nous ne puissions fournir

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