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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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force déterminante de ce Parti
ouvrier allemand, pauvre en hommes et inconnu.
    Le lendemain matin, Hitler entreprit l’étude de la brochure que
lui avait glissée Drexler ; la scène est décrite en détail dans Mein
Kampf . Il était cinq heures du matin. Hitler ne dormait plus ; selon, dit-il,
son habitude, il restait allongé sur sa couchette à la caserne du 2erégiment
d’infanterie, et il regardait les souris grignoter les miettes qu’il jetait
invariablement sur le sol, pour elles, la veille au soir. « J’avais tant
connu la faim dans ma vie que j’imaginais facilement celle des petites bêtes, et
aussi leur joie de manger. » Il se rappela la brochure et se mit à la lire.
Elle était intitulée Mon Éveil Politique .
    A sa surprise elle reflétait bon nombre des idées qu’il avait
lui-même acquises depuis des années. Drexler visait surtout à édifier un parti
qui se fût appuyé sûr les classes laborieuses, mais qui, au contraire des
sociaux-démocrates, eût été vigoureusement nationaliste. Le serrurier, d’abord
membre du Front patriotique, avait vite été déçu par l’esprit bourgeois qui y
régnait et qui semblait totalement étranger aux masses. Nous avons vu qu’à
Vienne Hitler avait appris à mépriser la bourgeoisie pour la même raison :
son indifférence complète aux familles ouvrières et à leurs problèmes. Les
idées de Drexler soulevèrent donc son vif intérêt.
    Le même jour, Hitler reçut avec surprise une carte postale l’informant
qu’il était admis au Parti ouvrier allemand. « Je ne sus si je devais me
fâcher ou rire. Je ne voulais pas adhérer à un mouvement fait à l’avance, mais
en fonder un qui fût bien à moi. Ce qu’on me demandait était présomptueux et
hors de question (11). » Il allait répondre par écrit dans ce sens, puis « la
curiosité l’emporta » ; il décida de se rendre à une séance de
commission à laquelle il était invité, afin d’expliquer de vive voix pour
quelles raisons il n’adhérerait pas à « cette absurde petite organisation ».
    La réunion devait avoir lieu à la taverne Alte Rosenbad  ;
c’était un local très délabré, situé dans la Herrenstrasse… Je passai par la
salle de restaurant, déserte et mal éclairée, et j’ouvris la porte de l’arrière-salle,
où je me trouvai face à face avec les membres du comité. Dans la pauvre lumière
d’un bec de gaz encrassé, je vis, assis à une table, quatre hommes assez jeunes,
et je reconnus parmi eux l’auteur de la brochure, qui m’accueillit tout de
suite très joyeusement et me souhaita la bienvenue au sein du Parti ouvrier
allemand.
    A vrai dire, je fus quelque peu pris au dépourvu. On lut le
procès-verbal de la séance précédente et l’on vota une motion de confiance à l’égard
du secrétaire. Ce fut ensuite le rapport financier (l’association possédait
sept marks et cinquante pfennigs en tout et pour tout) et le trésorier reçut
quitus, mention également inscrite au procès-verbal. Ensuite, le président lut
les réponses faites à une lettre de Kiel, une de Düsseldorf et une de Berlin ;
chacun les approuva. On commença de lire un rapport sur le courrier reçu…
    Terrible, terrible ! Impossible d’imaginer une
activité de cercle plus déplorable et plus mal conduite. Allais-je adhérer à
une telle organisation (12) ?
    Pourtant, quelque chose, en ces hommes d’aspect minable, gravement
assis dans leur salle mal éclairée, exerçait un attrait sur Hitler :
« leur aspiration à un mouvement neuf, qui fût plus qu’un parti dans le
sens ordinaire du mot ». Il regagna ce soir-là la caserne pour « répondre
à la question la plus difficile de sa vie : fallait-il adhérer ? ».
Il avoue que la raison lui commandait de refuser. Cependant… L’insuffisance
même de cette organisation donnerait à un jeune homme doué d’énergie et d’idées
l’occasion « d’une véritable activité personnelle ». Hitler réfléchit
à ce qu’il pourrait « apporter à cette tâche ».
    Que je fusse pauvre et sans moyens d’existence me semblait
ce qu’il y avait de moins gênant ; mais je voyais des inconvénients à
compter parmi ceux qui n’ont pas un nom, ces millions d’individus que le hasard
laisse vivre ou fait mourir sans que même leur plus proche voisin s’en
aperçoive ; mes déficiences scolaires ne contribuaient pas non plus à
arranger les choses.
    Après deux jours de réflexions et

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