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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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Il
n'avait, dit-il, aucun message à transmettre à Chamberlain. La parole était
maintenant aux Tchèques. Ils étaient libres d'accepter ou de rejeter sa
demande. S'ils la rejetaient, cria-t-il avec colère, « je détruirai la
Tchécoslovaquie ». Il ne cessait de répéter cette menace avec un plaisir
évident.
    C'en était trop, semble-t-il, même pour Wilson, pourtant
fort accommodant; il se leva en disant : « En ce cas, je suis chargé par le
Premier Ministre de faire la déclaration suivante : « Si la France, pour
remplir ses engagements, est amenée à prendre une part aux hostilités contre
l'Allemagne, le Royaume-Uni se verra dans l'obligation de soutenir la France. »
    « Je ne puis qu'enregistrer cette prise de position, répondit
Hitler non sans violence, cela signifie que, si la France décide d'attaquer
l'Allemagne, l'Angleterre se verra obligée d'en faire autant. »
    Quand Sir Horace répliqua qu'il n'avait pas dit cela, qu'après
tout c'était à Hitler de choisir entre la paix et la guerre, le Führer, écumant de rage, s'écria : « Si la France et l'Angleterre veulent
frapper, libre à elles! Cela m'est complètement indifférent. Nous sommes
aujourd'hui mardi. Lundi prochain nous serons en guerre. »
    Selon les notes officielles de Schmidt sur
cette entrevue, Wilson désirait apparemment poursuivre
l'entretien, mais l'ambassadeur Henderson lui conseilla d'y renoncer. Ce qui
n'empêcha pas l'envoyé spécial, un peu trop inexpérimenté, de glisser un mot en
aparté au Führer, quand la séance fut levée : «
J'essaierai d'amener les Tchèques à la raison [126] » affirma-t-il à Hitler, et ce dernier répondit « qu'il en serait fort aise ».
Peut-être le Führer pensa-t-il qu'il y aurait moyen de
circonvenir Chamberlain pour qu'il allât plus loin encore dans ses efforts pour
amener les Tchèques « à la raison ». Le même soir, d'ailleurs, il dicta à
l'intention du Premier Ministre une lettre rédigée en termes fort habiles.
    Cette lettre, il avait de bonnes raisons pour l'écrire. En
effet, il s'était passé beaucoup de choses à Berlin — et ailleurs — pendant
cette journée du 27 septembre.
    A une heure de l'après-midi, peu après le départ de Wilson, Hitler lança un ordre « très secret » ordonnant que des
unités d'attaque, comprenant 21 régiments renforcés, ou 7 divisions, quittent
leurs lieux d'entraînement pour gagner les bases avancées sur la frontière
tchèque. Aux termes de cet ordre, elles devaient être prêtes à entrer en
action, en prévision du cas vert, le 30 septembre, la décision ayant été prise
un jour avant, à midi. Quelques heures plus tard, le Führer lançait de nouveaux
ordres de mobilisation secrète. Entre autres mesures, 5 nouvelles divisions
étaient mobilisées à destination de l'Ouest (59).
    Alors même qu'Hitler continuait à prendre des mesures
militaires, il s'était d'autre part passé au cours de la journée des événements
qui le faisaient hésiter. Pour éveiller la fièvre de guerre au cœur du peuple,
Hitler fit défiler une division motorisée à travers les rues de la capitale au
crépuscule, à l'heure où des centaines de milliers de Berlinois quittaient les
bureaux pour se déverser dans les rues. Ce fut un terrible fiasco — du moins
pour le commandant suprême. Le bon peuple de Berlin n'avait aucune envie qu'on
lui rappelât l'idée de la guerre. Je notai le soir dans mon journal cette scène
surprenante :
    Je me suis posté à l'angle d'Unter den Linden, là où la
colonne tournait dans la Wilhelmstrasse, m'attendant à assister à une
manifestation formidable. J'évoquais les récits des scènes qui s'étaient déroulées
en 1914 dans cette même rue, quand les foules poussaient des vivats et
lançaient des fleurs aux soldats qui défilaient, que les jeunes filles se
précipitaient pour les embrasser... Mais, aujourd'hui, les gens plongeaient
dans le métro, refusaient de regarder, et la poignée de spectateurs groupés au
bord du trottoir gardait un silence total... C'était la plus frappante
manifestation contre la guerre que j'aie jamais vue.
    Sur le conseil d'un agent de police, je descendis la
Wilhelmstrasse jusqu'à la Reichskanzlerplatz, ou Hitler, du haut du balcon de
la Chancellerie, passait les troupes en revue.
    Il n'y avait même pas 200 personnes. Hitler parut d'abord
sombre, puis furieux, et bientôt il rentra dans l'immeuble, laissant défiler
ses troupes sans personne pour les passer en revue. Le

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