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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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bond en hurlant : « Inutile
de poursuivre les négociations, cela ne rime plus à rien! » et se rua vers la
porte (58).
    Scène pénible, dit l'interprète allemand : « Ce fut la première
et la seule fois où, du moins en ma présence, Hitler perdit complètement la
tête. » Et, d'après les Britanniques alors présents, le Führer, qui
ne tarda pas à regagner son siège en trépignant de rage, ne cessa par la suite
d'interrompre la lecture en criant : « On traite les Allemands comme des
Nègres... Le 1er octobre, je ferai ce qu'il me plaira de la Tchécoslovaquie. Si
la France et l'Angleterre décident de frapper, libre à elles... je m'en moque
complètement. »
    Étant donné que les Tchèques consentaient à donner à Hitler ce
qu'il désirait, c'est-à-dire la zone des Sudètes, Chamberlain avait proposé que
des délégués tchèques et allemands se réunissent sans plus tarder pour régler «
d'un commun accord les modalités de cession des territoires ». Il ajouta qu'il
ne voyait pas d'inconvénient à ce que des délégués britanniques assistent
également à cette réunion. Hitler répondit qu'il négocierait les détails avec
les Tchèques s'ils s'engageaient à accepter le mémorandum de Godesberg (qu'ils venaient de rejeter) et consentaient à l'occupation du pays des
Sudètes par les Allemands, à partir du 1er octobre. Il lui fallait, dit-il, une
réponse affirmative dans quarante-quatre heures, le 28 septembre à deux heures
de l'après-midi.
    Ce soir-là, Hitler coupa les ponts, du moins à ce qu'il sembla à
ceux d'entre nous qui écoutaient, stupéfaits, les éclats délirants de sa colère
retentir dans le Sportpalast de Berlin plein à craquer.
    Criant et vociférant, au paroxysme de la rage, dans un état de
surexcitation où je ne l'avais encore jamais vu, il lança, comme un serpent son
venin, des injures personnelles à l'adresse de « Herr Benès », déclara qu'il
appartenait désormais au Président de la Tchécoslovaquie de choisir entre la
paix et la guerre, et que, de toute manière, il entrerait, pour sa part, en
possession du pays des Sudètes le 1er octobre. Emporté par le torrent furieux
de ses paroles, exalté par les vivats enthousiastes de la foule, il fut
cependant assez rusé pour jeter un os à ronger au Premier Ministre britannique.
Il le remercia de ses efforts en faveur de la paix et répéta que c'était là sa
dernière revendication territoriale en Europe : « Nous ne voulons pas de
Tchèques chez nous », grommela-t-il dédaigneusement.
    Pendant toute la durée de sa harangue, je me trouvais dans une
tribune juste au-dessus de l'orateur, m'efforçant, sans grand succès, de
traduire ses paroles au fur et à mesure à la radio. Le soir, j'écrivis dans mon
journal :
    ... Pour la première fois, depuis tant d'années que je
l'observe, il semblait ce soir n'être plus maître de lui-même. Quand il
s'assit, Gœbbels se dressa d'un bond et cria dans le micro : « Une chose est
certaine, 1918 ne se renouvellera jamais! » Hitler leva vers lui des yeux
égarés, avides, comme si c'étaient là les paroles qu'il avait cherchées toute
la soirée sans parvenir à les trouver exactement. A son tour il se dressa, le
regard brillant d'une flamme fanatique que je n'oublierai jamais, sa main
droite, après avoir décrit un large mouvement circulaire, s'abattit violemment
sur la table, il hurla de toute la force de ses puissants poumons : « Ja ! »,
puis retomba lourdement sur son siège, épuisé.
    Il avait complètement repris ses esprits quand il reçut pour la
seconde fois Sir Horace Wilson le lendemain 27 septembre, à midi. L'envoyé
spécial, qui n'avait aucune expérience diplomatique, mais qui aspirait, tout
autant que le Premier Ministre, sinon plus, à donner le pays des Sudètes à
Hitler, pourvu que celui-ci consentît à l'accepter sans entrer en guerre,
attira l'attention du dictateur sur une déclaration spéciale faire par
Chamberlain à Londres peu après minuit, en réponse au discours du Sportpalast.
Étant donné le peu de confiance accordée par le chancelier à la parole des
Tchèques, le gouvernement britannique, disait Chamberlain, se considérait comme
« moralement responsable » de veiller à ce que les promesses des Tchèques
fussent tenues « loyalement, entièrement et avec toute la promptitude
raisonnable ». Il espérait que le chancelier ne rejetterait pas cette
proposition.
    Mais elle ne parut pas offrir le moindre intérêt pour Hitler.

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