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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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merci du chef du Troisième Reich.

LES CONSEQUENCES DE MUNICH
    Aux termes de l'accord de Munich, Hitler obtenait en substance
ce qu'il avait demandé à Godesberg, et la commission internationale,
s'inclinant devant ses menaces, lui accorda bien davantage encore. Le règlement
final du 20 novembre 1938 obligeait la Tchécoslovaquie à céder à l'Allemagne 28
600 kilomètres carrés de territoire, où habitaient 2 800 000 Allemands des
Sudètes et 800 000 Tchèques. Dans cette zone se trouvaient toutes les
importantes fortifications tchèques, qui constituaient jusqu'alors la ligne de
défense la plus formidable d'Europe, à l'exception peut-être de la Ligne
Maginot.
    Mais ce n'était pas tout. Le système des communications,
ferroviaire, routier, télégraphique et téléphonique était entièrement
bouleversé. Selon les chiffres officiels allemands, le pays démembré avait
perdu 66 pour 100 de son charbon, 80 pour 100 de sa lignite, 86 pour 100 de ses
produits chimiques, 80 pour 100 de son ciment, 80 pour 100 de ses textiles, 70
pour 100 de son fer et de son acier, 70 pour 100 de son énergie électrique et
40 pour 100 de son bois d'œuvre. Une nation industrielle en pleine prospérité
se voyait du jour au lendemain découpée et réduite à la faillite.
    Rien d'étonnant à ce que Jodl écrivît joyeusement dans son
journal, le soir de Munich :
    Le pacte de Munich est signé. En tant que puissance, la
Tchécoslovaquie n'existe plus. Le génie du Führer et sa résolution de ne pas
reculer, fût-ce devant la menace d'une guerre mondiale, ont une fois de plus
obtenu la victoire sans le recours à la force. On peut espérer que les
incrédules, les faibles et les indécis ont été convertis et qu'ils ne
changeront plus d'opinion (90).
    Un grand nombre d'indécis furent en effet convertis, mais les
autres, peu nombreux d'ailleurs, sombrèrent dans le désespoir. Les généraux,
tels que Beck, Halder et Witzleben, ainsi que les civils qui les conseillaient,
avaient eu tort une fois de plus. Hitler avait obtenu ce qu'il désirait, il
venait encore de faire une grande conquête sans tirer un coup de feu. Son
prestige atteignait des sommets nouveaux. Quiconque s'est trouvé en Allemagne
pendant les jours qui ont suivi Munich, comme ce fut mon cas, ne peut oublier
l'ivresse qui s'empara du peuple allemand.
    Il était soulagé que la guerre eût été évitée, transporté et
gonflé d'orgueil à l'idée de cette victoire remportée par Hitler sans effusion
de sang, non seulement sur la Tchécoslovaquie, mais sur la Grande-Bretagne et
la France. Dans le court espace de six mois, nous faisaient remarquer les
Allemands, Hitler avait conquis l'Autriche et le pays des Sudètes, enrichissant
le Troisième Reich de dix millions d'habitants et d'un vaste territoire
stratégique qui ouvrait la voie à la domination allemande sur l'Europe du
sud-est. Et cela sans la perte d'une seule vie allemande!
    Avec l'instinct d'un génie rare dans l'histoire de l'Allemagne,
il avait deviné non seulement les faiblesses des petits États d'Europe
centrale, mais celles des deux grandes démocraties occidentales, la
Grande-Bretagne et la France, les contraignant à se courber devant sa volonté.
Il avait conçu et employé avec un succès foudroyant une stratégie et une
tactique nouvelles de guerre politique qui rendait inutile la guerre
véritable.
    En quatre ans et demi à peine, cet homme d'origine modeste avait
hissé une Allemagne désarmée, chaotique, presque en faillite, la plus faible
des grandes puissances européennes, jusqu'à une situation si élevée qu'elle
était désormais considérée comme la nation la plus puissante de l'ancien monde,
devant laquelle toutes les autres tremblaient, même la Grande-Bretagne et la
France. A aucune des étapes de cette ascension vertigineuse, les puissances
victorieuses de Versailles n'avaient osé l'arrêter, même quand elles avaient
pouvoir de le faire. Et à Munich, où l'Allemagne avait enregistré la plus
grande de toutes ses conquêtes, la Grande-Bretagne et la France avaient même
soutenu ses revendications.
    Enfin, ce qui dut paraître le plus extraordinaire à Hitler, et
qui certainement plongea dans la stupéfaction le général Beck, Hassell et les
autres membres de leur petit cercle d'opposants, c'était qu'aucun des hommes
placés à la tête des gouvernements de France et de Grande-Bretagne (ces «
petits vers » comme dit dédaigneusement le Führer après
Munich dans une

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