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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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étrangère.
    Comme Rudolf Hess, Hermann Gœring était
arrivé à Munich quelque temps après la guerre, sous l’apparent motif d’étudier
à l’université les sciences économiques, et, comme lui, il subit la fascination
exercée par Hitler. Grand héros national, dernier commandant de la célèbre
escadrille de combat Richthofen, titulaire de l’ordre Pour le Mérite, la plus
haute décoration militaire allemande, il lui sembla plus difficile qu’à la
majorité des vétérans de revenir au calme train-train de la vie civile en temps
de paix. Il se fit pour un temps pilote de transport au Danemark, puis en Suède.
    Il lui arriva un jour d’emmener à bord de son appareil le comte
Eric von Rosen au domaine que celui-ci possédait à quelque
distance de Stockholm ; invité au château, il tomba amoureux de la sœur de
la comtesse, Carin von Kantzow, née baronne Fock et l’une des beautés de la
Suède. Des difficultés survinrent : la jeune femme était non seulement
épileptique, mais également mariée et mère d’un fils de huit ans ; elle
put cependant faire rompre son union et épouser le jeune et vaillant aviateur. Très
riche, elle alla habiter Munich avec lui ; ils y menèrent grand train et
il s’inscrivit à l’université.
    Il n’y resta pas longtemps. Il fit en 1921 la connaissance d’Hitler,
s’inscrivit au parti, contribua généreusement à sa trésorerie (et aux besoins
personnels du futur Führer), employa son infatigable
énergie à aider Rœhm dans l’organisation des troupes d’assaut et, un an plus
tard, en 1922, fut nommé chef des S. A.
    Une quantité d’individus, moins connus et généralement moins
reluisants, se glissèrent dans le cercle qui gravitait autour du dictateur du
parti. Max Amann, premier sergent d’Hitler au régiment List, homme rude et
grossier, mais organisateur capable, fut chargé de l’administration et du Völkischer Beobachter  ; il ramena
rapidement l’ordre dans les affaires de l’une et de l’autre. Comme garde du
corps personnel, Hitler choisit Ulrich Graf, lutteur
amateur, apprenti boucher et bagarreur de renom. Il prit pour « photographe
de cour », en lui conservant pendant des années ce privilège exclusif, Heinrich Hoffman, un boiteux, d’une fidélité absolue et
profitable, puisqu’elle finit par faire de lui un millionnaire. Autre bagarreur
réputé : Christian Weber, marchand de chevaux, naguère
chargé d’expulser les clients récalcitrants dans un mauvais lieu de Munich et
fameux buveur de bière.
    En ces temps-là, Hitler gardait souvent près de lui Hermann Esser, son rival en prouesses oratoires, dont les
articles antisémites étaient une des attractions du Völkischer
Beobachter . Il ne faisait pas mystère d’avoir
été généreusement entretenu par plusieurs femmes. Maître-chanteur notoire, n’hésitant
pas à menacer ses camarades de les « dénoncer » quand ils n’étaient
pas d’accord avec lui, Esser finit par dégoûter tellement des hommes plus
anciens que lui dans le parti et plus convenables qu’ils demandèrent sa
radiation. « Je sais qu’Esser est une canaille, répliqua Hitler
publiquement, mais je ne le lâcherai pas tant qu’il pourra m’être utile (23). »
Et ce fut là son attitude à l’égard de presque tous ses proches collaborateurs,
si fangeux que fût leur passé – ou même leur présent. Assassins, souteneurs, homosexuels,
cocaïnomanes ou simples voyous, tous lui étaient bons, pourvu qu’ils servissent
ses desseins.
    C’est ainsi, par exemple, qu’il protégea presque jusqu’au
dernier moment Julius Streicher. Ce sadique, ancien instituteur, futur des hommes
les plus indignes qui entourèrent Hitler de 1922 à 1939, année où survint enfin
sa chute. Débauché, fier de ses fornications, et qui rançonnait les maris de
ses maîtresses, il bâtit sa fortune et sa réputation sur son antisémitisme
fanatique. L’hebdomadaire de triste renom qu’il dirigeait, Der Stürmer , foisonnait
d’histoires nauséeuses relatant des crimes sexuels et des « meurtres
rituels » attribués aux Juifs ; son obscénité allait jusqu’à dégoûter
de nombreux nazis ; c’était le parfait pornographe. On l’appelait « le
roi sans couronne de la Franconie » ; il opérait à Nuremberg, où il
faisait la loi et où nul ne pouvait le contrarier ou lui déplaire sans risquer
la prison et la torture. Le jour où je le contemplai au banc des accusés à
Nuremberg, passible

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