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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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dit-il, pour vous
dresser le tableau de la situation politique, afin de vous donner un aperçu des
facteurs individuels sur lesquels j'ai basé mon irrévocable décision de passer
à l'action, et de fortifier ainsi votre confiance. Nous discuterons ensuite des
détails proprement militaires. » Avant tout, dit-il, venaient deux
considérations individuelles :
    Ma propre personne et celle de Mussolini.
    Tout repose essentiellement sur moi et sur mon existence du
fait de mes talents politiques. De plus, étant donné que personne sans doute ne
jouira comme moi de la confiance de tout le peuple allemand, jamais dans
l'histoire il n'existera probablement un homme qui dispose d'une plus grande
autorité que la mienne. Mon existence représente donc un facteur inestimable.
Mais je puis être éliminé à tout moment par le geste d'un criminel ou d'un fou [198] .
    Le second facteur individuel est le Duce. Son existence
est, elle aussi, décisive. Que quelque chose lui arrive, et la loyauté de
l'Italie envers l'alliance n'a plus rien de certain. La Cour d'Italie est
foncièrement opposée au Duce.
    Franco, lui aussi, représentait une aide. Il garantissait la «
neutralité bienveillante » de l'Espagne. « Pour ce qui est de l'autre camp,
affirma-t-il à son auditoire, il n'y a aucune personnalité de premier plan ni
en Angleterre ni en France. »
    Le dictateur dut ainsi divaguer pendant plusieurs heures, avec
la seule pause d'un déjeuner tardif, et parmi les différents procès-verbaux
aucun n'indique qu'un seul général, amiral ou général d'aviation ait osé
l'interrompre pour mettre son jugement en doute, voire protester contre ses
mensonges. Il avait, dit-il, décidé au printemps qu'un conflit avec la Pologne
était inévitable, mais en croyant qu'il devrait d'abord se tourner contre
l'Ouest. Or, il lui était « clairement » apparu que la Pologne, dans ce cas,
attaquerait l'Allemagne. C'était donc elle qu'il fallait liquider maintenant.
    L'heure de la guerre, en tout cas, avait sonné.
    Quant à nous, il nous est facile de nous décider. Nous
n'avons rien à perdre; nous avons tout à gagner. Notre situation économique est
telle que nous ne pourrons tenir que quelques années. Gœring peut vous le
confirmer. Nous n'avons pas le choix. Il nous faut agir.
    Outre le facteur personnel, la situation politique nous est
favorable; en Méditerranée, la rivalité entre l'Italie, la France et
l'Angleterre; en Orient, la tension.
    L'Angleterre est en grand danger. La position de la France
s'est, elle aussi, détériorée... Baisse du taux des naissances... La
Yougoslavie porte en elle-même le germe de sa perte... La Roumanie est plus
faible qu'avant... Depuis la mort de Kémal, la Turquie n'a été gouvernée que
par de petits esprits, des hommes faibles et instables.
    Toutes ces heureuses circonstances ne prévaudront plus
d'ici deux ou trois ans. Personne ne sait combien d'années il me reste à vivre.
C'est maintenant qu'il nous faut jouer cartes sur table, et il serait dangereux
d'attendre quatre ou cinq ans pour le faire.
    Tel était le raisonnement passionné du leader nazi.
    Il était d'après lui « très probable » que l'Ouest ne ferait pas
la guerre, mais il fallait du moins en accepter le risque. N'en avait-il pas
pris en occupant la Rhénanie malgré l'opposition des généraux? En s'emparant de
l'Autriche, du territoire des Sudètes et du restant de la Tchécoslovaquie ? «
Hannibal à Cannes, Frédéric le Grand à Leuthen, Hindenburg et Ludendorff à Tannenberg, dit-il, avaient tenté leur chance. Nous aussi, nous devons
prendre des risques. Seule une résolution de fer triomphera de tous les
obstacles. » Il n'y avait place pour aucune faiblesse.
    Nous avons subi un grand préjudice du fait que beaucoup
d'Allemands occupant de hauts postes ont parlé ou écrit à des Anglais après le
règlement de la question tchèque. Le Führer a atteint son but alors que vous
aviez perdu votre sang-froid et capitulé trop tôt.
    Halder, Witzleben, Thomas, et peut-être
d'autres généraux qui avaient pris part à la conspiration de Munich durent sourciller
à ces paroles. Hitler, manifestement, en savait plus long qu'ils ne le
croyaient.
    En tout cas, le temps était venu pour eux de montrer leur valeur
combative. Hitler leur rappela qu'il avait créé la Grande Allemagne « à coups
de bluff politique ». Il était désormais devenu nécessaire de « faire l'essai
de la machine militaire ». L'armée devait

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