Le Troisième Reich, T1
passer par l'épreuve d'une vraie
bataille « avant la grande explication finale à l'Ouest ». La Pologne en
offrait la possibilité.
Revenant à l'Angleterre et à la France :
L'Ouest n'a que deux possibilités de s'opposer à nous.
1. Le Blocus : Il ne sera pas effectif en raison de notre
autarcie et des sources d'approvisionnement dont nous disposons à l'Est.
2. Une attaque de l'Ouest depuis la Ligne Maginot. Cela me
paraît impossible.
Il y a une autre éventualité : la violation de la
neutralité hollandaise, belge et suisse. Jamais l'Angleterre ni la France ne
violeront la neutralité de ces pays. En fait, il leur est impossible de venir
en aide à la Pologne.
S'agirait-il d'une longue guerre?
Personne ne compte sur une longue guerre. Si Herr von
Brauchitsch m'avait dit qu'il me faudrait quatre ans pour conquérir la Pologne,
j'aurais répondu : ne le faisons pas. C'est un non-sens que de dire que
l'Angleterre veut entreprendre une longue guerre.
Ayant ainsi disposé, à sa propre satisfaction du moins, de la
Pologne, de la Grande-Bretagne et de la France, Hitler sortit son as d'atout.
Il se tourna vers la Russie.
L'ennemi avait un autre espoir : que la Russie soit contre nous
après la conquête de la Pologne. L'ennemi ne tenait pas compte de ma grande
capacité de décision. Nos ennemis sont de misérables vers de terre. Je les ai
vus à Munich.
J'étais convaincu que jamais Staline n'accepterait la
proposition anglaise. Seul un optimiste aveugle aurait pu se figurer que
Staline serait assez fou pour ne pas percer à jour les intentions de
l'Angleterre. La Russie n'a aucun intérêt au maintien de la Pologne... Le
renvoi de Litvinov a été décisif. Il m'apparut, avec la soudaineté d'un coup
de, canon, comme le signe du changement d'attitude de Moscou à l'égard des
puissances occidentales.
C'est graduellement que j'ai provoqué le changement de
politique vis-à-vis de la Russie. A propos du traité commercial, des
pourparlers politiques ont été engagés. Finalement, les Russes ont présenté une
proposition de pacte de non-agression. Il y a quatre jours, j'ai pris une
certaine initiative qui a abouti à ce que la Russie a annoncé hier qu'elle est
prête à signer. Le contact personnel avec Staline est établi. Après-demain,
Ribbentrop conclura le traité. La Pologne est maintenant dans la situation que
j'ai voulue... Les premiers pas vers la destruction de l'hégémonie britannique
sont accomplis... Le voie est ouverte aux militaires, maintenant que j'ai
procédé aux préparatifs politiques.
La voie était ouverte aux militaires, peut-être, mais encore
fallait-il que Chamberlain ne sorte pas un nouveau Munich. « J'ai seulement
peur, dit Hitler à ses guerriers, qu'un quelconque Schweinehund [199] ne fasse une proposition de médiation. »
A ce moment, la séance s'interrompit pour le déjeuner, après que
Gœring eut remercié le Führer de montrer ainsi la voie et l'eut assuré que
l'armée ferait son devoir [200] .
L'allocution de l'après-midi, Hitler la consacra surtout à
remonter le moral de ses chefs militaires et à tenter de les cuirasser pour les
tâches qui les attendaient. Les notes sommaires des trois procès-verbaux en
indiquent les grands traits :
Une résolution inébranlable de notre part. Ne reculer
devant rien. Que chacun ait la conviction que depuis le début nous avons été
résolus à combattre les puissances occidentales. Une lutte à mort... Une longue
période de paix ne nous vaudrait rien... Une mâle attitude... Nous avons les
meilleurs hommes... Dans le camp adverse ils sont plus faibles... En 1918, la
nation s'est effondrée parce que les conditions morales étaient défectueuses.
Frédéric le Grand n'a tenu qu'en raison de sa force d'âme.
La destruction de la Pologne a la priorité. Le but est
d'éliminer les forces actives et non d'atteindre une certaine ligne. Même si la
guerre éclate à l'Ouest, la destruction de la Pologne demeure l'objectif
principal. Décision rapide, vu la saison.
Je trouverai bien un quelconque motif de propagande pour
déclencher les hostilités... peu importe qu'il soit ou non plausible. On ne
demandera pas ensuite au vainqueur s'il a dit ou non la vérité. Dans le
déclenchement et la conduite d'une guerre, ce n'est pas le droit qui importe,
mais la victoire.
Fermez vos cœurs à la pitié! Agissez avec brutalité!
Quatre-vingts millions d'hommes doivent obtenir justice... La raison appartient
au plus fort. Soyez
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