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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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les Russes... Les Polonais adoptaient
une position intenable en refusant la seule aide efficace immédiate qui pût
leur parvenir en cas d'attaque allemande... Les gouvernements britannique et
français se trouveraient dans une position presque impossible si nous devions
demander à nos pays respectifs de faire la guerre pour défendre la Pologne
après qu'elle aurait rejeté cette aide.
    Si telle était la situation — et il n'y a aucun doute là-dessus
— pourquoi alors les gouvernements britannique et français n'ont-ils pas
exercé, à ce moment crucial, une pression sur Varsovie en disant simplement
que, si le gouvernement polonais n'acceptait pas l'aide russe, la
Grande-Bretagne et la France ne voyaient personnellement aucune utilité à faire
la guerre pour aider la Pologne ? Le traité de sécurité mutuelle anglo-polonais
n'avait pas encore été signé. L'acceptation par Varsovie de l'aide militaire
russe ne pouvait-elle être considérée comme la condition de la conclusion de ce
pacte [203] ?
    C'était là ce qu'avait suggéré Bonnet, le 19 août, au cours
de l'entretien qu'il avait eu à Paris avec le chargé d'affaires britannique,
mais le gouvernement de Londres avait fait mauvais accueil à cette « manœuvre
», pour reprendre l'expression de Downing Street. Jamais Chamberlain ni Halifax
ne se résoudraient à une telle extrémité.
    Le matin du 20 août, le chef d'état-major polonais fit savoir à
l'attaché militaire britannique à Varsovie que « jamais l'on ne consentirait à
l'entrée des troupes soviétiques en Pologne ». Et le soir même, Beck rejeta
officiellement la demande franco-britannique. Au même moment, Halifax, par la
voix de son ambassadeur à Varsovie, pressait le ministre des Affaires
étrangères polonais de réfléchir, soulignant en termes énergiques que la
position polonaise était en train de « torpiller » les conversations militaires
de Moscou. Mais Beck demeura inébranlable. « Je n'admets pas, dit-il à
l'ambassadeur de France, qu'on puisse jamais discuter de l'utilisation d'une
partie de notre territoire par des troupes étrangères. Nous n'avons pas
d'accord militaire avec l'U.R.S.S. Nous ne voulons pas en avoir. »
    Désespéré devant un tel déploiement d'aveugle obstination de la
part du gouvernement polonais, le président Daladier, d'après le compte rendu
qu'il fournit à l'Assemblée Constituante française le 18 juillet 1946, prit
l'affaire en main. Après avoir conjuré les Polonais de se montrer réalistes, il
télégraphia, dans la matinée du 21 août, au général Doumenc pour l'autoriser à
signer un accord avec la Russie aux meilleures conditions possibles, sous
réserve toutefois de l'approbation ultérieure du gouvernement français.
L'ambassadeur de France, Paul-Émile Naggiar, recevait en même temps de Bonnet
(ainsi que celui-ci le rapporta plus tard) l'ordre de prévenir Molotov que la
France consentait « en principe » au passage des troupes soviétiques à travers
la Pologne en cas d'agression allemande.
    Mais ce n'était qu'un geste en l'air tant que les Polonais
n'avaient pas donné leur autorisation, et — nous le savons maintenant — un
geste futile au surplus, étant donné l'état des pourparlers germano-russes.
Doumenc ne reçut le télégramme de Daladier que tard dans la soirée du 21 août.
Lorsque le lendemain soir — veille du départ de Ribbentrop pour Moscou — il le
soumit au maréchal Vorochilov, celui-ci se montra très sceptique. Il demanda au
général français de lui montrer le document qui l'autorisait à dire — comme
l'avait demandé Doumenc — que le gouvernement français lui avait donné tous
pouvoirs de signer un pacte militaire autorisant le passage des troupes russes
à travers la Pologne. Doumenc, selon toute apparence, s'y refusa. Vorochilov
voulut alors connaître la réponse britannique et demanda si les Polonais
avaient donné leur consentement. C'étaient là des questions embarrassantes, et
Doumenc dut se contenter de répondre qu'il n'avait reçu aucune information à ce
sujet.
    Déjà, questions et réponses ne correspondaient plus à aucune
réalité. Elles venaient trop tard. Ribbentrop faisait déjà route vers Moscou.
La veille au soir, la nouvelle de son voyage avait été annoncée ainsi que son
but : conclure un pacte de non-agression entre l'Allemagne nazie et l'Union
Soviétique.
    Vorochilov, qui semble avoir conçu une véritable sympathie pour
le général français, tenta gentiment

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