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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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faisaient
d'eux-mêmes, s'affairaient à nouveau. Leur but exact ? On ne le discerne pas
très bien. Goerdeler, Adam von Trott, Helmuth von Moltke, Fabian von Schlabrendorff et Rudolf Pechel avaient
tous accompli le pèlerinage de Londres pour prévenir Chamberlain et Halifax,
mais aussi Churchill et d'autres personnalités britanniques, qu'Hitler
projetait d'attaquer la Pologne à la fin d'août.
    Ces adversaires allemands du Führer purent
constater que, depuis Munich, un changement s'était opéré en Grande-Bretagne,
jusque dans l'âme de l'homme au parapluie. Désormais la seule condition qu'ils
avaient eux-mêmes imposée l'année précédente à leur résolution de se
débarrasser d'Hitler était remplie : la Grande-Bretagne et la France
déclaraient qu'elles s'opposeraient par la force à toute nouvelle agression nazie.
Que voulaient-ils de plus?
    Les documents qu'ils nous ont laissés ne fournissent guère de
lumières et on en retire l'impression qu'eux-mêmes ne le savaient pas très
bien. Ils avaient beau être pleins de bonnes intentions, la confusion où ils se
trouvaient et leur sentiment d'impuissance les paralysaient. L'emprise de
Hitler sur l'Allemagne — sur l'armée, la police, le gouvernement, le peuple —
était trop complète pour être desserrée ou minée par aucun des moyens qui leur
venaient à l'esprit.
    Le 15 août, Hassell alla trouver le docteur Schacht à son nouveau quartier général de célibataire de Berlin. L'ex-ministre
de l'Économie revenait juste d'un voyage de six mois en Inde et en Birmanie. « Schacht est d'avis, nota Hassell dans son journal, que nous ne
pouvons rien que rester vigilants et attendre que l'inévitable s'accomplisse. »
Le même jour, Hassell déclara à Gisevius, ainsi qu'il le nota dans son carnet,
qu' « il était, lui aussi, enclin à différer toute action directe pour le
moment ».
    Mais de quelle « action directe » pouvait-il s'agir? Le général Haider, aussi désireux qu'Hitler, d'écraser la Pologne, ne
voyait présentement aucun intérêt à se débarrasser du dictateur. Le général von Witzleben, qui, l'année précédente, devait prendre la tête
des troupes, après la chute d'Hitler, avait actuellement le commandement d'un
corps d'armée dans l'Ouest et n'était donc pas en mesure d'agir à Berlin,
l'eût-il souhaité. Mais le souhaitait-il? Gisevius, qui était allé le trouver à
son quartier général, le surprit en train d'écouter la radio anglaise et il
s'aperçut bien vite que le général ne se préoccupait que de savoir ce qui se
passait.
    Quant au général Haider, il était plongé
dans la préparation des derniers plans d'invasion de la Pologne, ce qui
excluait toute pensée perfide sur la manière dont on se débarrasserait
d'Hitler. Traduit après la guerre devant le tribunal de Nuremberg — le 26
février 1946 — il se montra très nuageux lorsqu'on lui demanda pourquoi ni lui
ni les autres soi-disant ennemis du régime n'avaient rien fait, pendant les
derniers jours d'août, pour déposer le Führer et épargner
ainsi une guerre à l'Allemagne : « C'était complètement impossible, dit-il.
Pourquoi? Pour la simple raison que le général von Witzleben avait
été muté dans l'Ouest. Sans lui, l'armée ne pouvait agir. »
    Et le peuple allemand? Lorsque le capitaine Sam Harris, le juge américain, rappelant à l'accusé son affirmation précédente que
le peuple allemand était opposé à la guerre, lui posa la question : « Si Hitler
s'était irrévocablement condamné à faire la guerre, pourquoi ne pouviez-vous
compter sur l'appui du peuple avant l'invasion de la Pologne? » il obtint cette
réponse : « Excusez-moi de sourire. C'est assez drôle d'entendre appliquer le
terme « irrévocablement » à Hitler. Sachez qu'avec lui rien n'était jamais
irrévocable. »
    Et le chef de l'état-major général se mit en devoir d'expliquer
que, jusqu'au 22 août, date où Hitler avait révélé à ses généraux réunis à
l'Obersalzberg son « irrévocable » résolution d'attaquer la Pologne et de se
battre contre l'Ouest s'il le fallait, il n'avait jamais cru personnellement
que le Führer mettrait ses paroles en pratique (18).
A la lumière des notes du journal de Halder concernant cette période, cette
déclaration paraît vraiment surprenante. Mais elle est typique non seulement de
Halder, mais de la plupart des autres conspirateurs.
    Où était le général Beck, prédécesseur de Halder à la tête de
l'état-major

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