Le Troisième Reich, T1
Soviétique, l'a examiné et a
conclu que, bien qu'ayant été parfois retouché au point que certains passages
en sont de la « pure fiction », il reflète assez bien, dans l'ensemble, les
vues de Litvinov.
[174] Le Journal de Ciano, en date du 22 mai, est rempli de passages piquants sur
Hitler et son étrange entourage. Frau Gœbbels se plaignit de ce qu'Hitler
faisait veiller ses amis toute la nuit et s'exclama : « C'est toujours lui qui
parle! Il se répète et finit par ennuyer ses auditeurs! » Ciano entendit aussi
des allusions « aux tendres sentiments du Führer pour une belle jeune fille.
Elle a vingt ans, de beaux yeux limpides, le visage régulier et un corps
magnifique. Elle s'appelle Sigrid von Lappers. Ils se voient souvent, même en
tête-à-tête. » (Journal de Ciano, p. 96.) Ciano, personnellement très apprécié
du beau sexe, était manifestement intrigué. Il n'avait visiblement jamais
entendu parler d'Eva Braun, la maîtresse d'Hitler, qui, à cette époque, était rarement
autorisée à venir à Berlin.
[175] Hitler, manifestement, n'avait rien compris à la bataille du Jutland.
[176] En avançant ces tonnages de cuirassés allemands, le général Thomas trompait le
ministère des Affaires étrangères lui-même. Un intéressant document naval
allemand (51) en date du 18 février 1938, c'est-à-dire remontant à plus d'un
an, porte que les chiffres du tonnage des cuirassés fournis au gouvernement
britannique, au terme de l'accord naval anglo-allemand, étaient faux. Il
établit que le tonnage réel des bateaux prétendument de 26 000 tonneaux était
de 31 100 et celui des cuirassés de 35 000 tonneaux (le maximum des bateaux
britanniques et américains), de 41 700. Curieux exemple de la perfidie nazie.
[177] Le 27 mai, l'ambassadeur de Grande-Bretagne et le chargé d'affaires français à
Moscou soumirent à Molotov le projet anglo-français du
futur pacte. A la grande surprise des émissaires occidentaux, Molotov considéra ce projet avec beaucoup de froideur (52).
[178] Ce témoignage ne fut pas reconnu probant par le tribunal et ne figure pas dans
les volumes Conspirations et Agressions Nazies ni Procès des Grands Criminels
de Guerre, où sont consignées les dépositions de Nuremberg. Mais son
authenticité n'en est pas infirmée. Toute la documentation relative à la collaboration
germano-soviétique pendant cette période ne fut maniée qu'avec de grandes
précautions par le tribunal dont l'un des quatre juges était un Russe.
[179] Si l'on se réfère à Nazi-Soviet Relations, recueil d'archives de la
Wilhelmstrasse sur ce sujet, publié en 1949 par le département d'État
américain, on s'aperçoit que la traduction anglaise du télégramme proposait une
version beaucoup plus énergique. La phrase-clé était ainsi conçue : « Nous
avons désormais décidé d'entrer en relations précises avec l'Union Soviétique.
» Ce qui incita de nombreux commentateurs, dont Churchill, à conclure que ce
télégramme du 30 mai marqua le tournant décisif des efforts d'Hitler en vue
d'une entente avec Moscou. Ce tournant ne devait surgir que plus tard. Ainsi
que le soulignait Weizsaecker dans le post-scriptum de sa lettre à Schulenburg,
les travaux d'approche allemands auxquels Hitler avait donné son approbation
devaient revêtir « un caractère tout différent ».
[180] Pour tenter de devancer l'octroi d'une garantie anglo-franco-russe à la
Lithuanie et à l'Esthonie, états limitrophes de l'Union Soviétique, l'Allemagne
s'était hâtée de signer, le 7 juin, un pacte de non-agression avec elles. Le 31
mai, même, avant cette date, elle avait conclu un pacte similaire avec le Danemark
qui, à la lumière des récents événements, semble avoir inspiré aux Danois un
étrange sentiment de sécurité.
[181] D'après les archives du Foreign Office. Halifax, le 8 juin, confia à Maisky
qu'il avait bien songé à suggérer au Premier Ministre qu'il devrait aller à
Moscou, « mais il lui était vraiment impossible de s'absenter ». Maisky, le 12
juin, après le départ de Strang, laissa entendre à Halifax que ce serait une
bonne idée que le secrétaire au Foreign Office se rende à Moscou « quand les
choses iraient mieux », mais Halifax insista encore sur le fait qu'il lui était
impossible de s'absenter de Londres « pour le moment (65) ».
[182] Le 19 juin, le Haut Commandement de l'Armée avait averti le ministère des
Affaires Étrangères que 168 officiels de l'armée
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