Le Troisième Reich, T1
entrevue avec les visiteurs anglais. Montant en épingle les défenses
anti-aériennes de la Luftwaffe, il proclama : « La Ruhr ne recevra pas une
seule bombe. Si un bombardier ennemi réussit jamais à survoler la Ruhr, mon nom
n'est plus Hermann Gœring et vous pouvez m'appeler Meier! » — vantardise dont
il ne devait pas tarder à se repentir.
[193] Naujocks trempa dans l'« Incident Vanloo », qui sera relaté par la suite. Il
participa à l'opération qui déguisa des soldats allemands en gardes-frontières
hollandais et belges en mai 1940, au moment de l'offensive à l'Ouest. Au début
de la guerre, il était à la tête de la section du S.D. chargée de fabriquer de
faux passeports, et c'est alors qu'il élabora le plan de l' « Opération Bernhard ». Un plan fantastique qui projetait de répandre sur
l'Angleterre une pluie de faux billets britanniques. Il finit par lasser
Heydrich, qui l'envoya servir en Russie dans les troupes S. S., d'où il revint
blessé. En 1944, il fit sa réapparition en Belgique, en qualité
d'administrateur économique, mais sa principale activité, à l'époque, semble avoir
été d'organiser au Danemark l'assassinat d'un grand nombre de résistants
locaux. Pour sauver sa tête, sans doute, il passa dans les rangs de l'Armée
américaine après son entrée en Belgique. En fait, il ne cessa d'avoir de la
chance. Incarcéré comme criminel de guerre, il s'évada dans des conditions
dramatiques de son camp d'Allemagne en 1946, évitant ainsi de comparaître
devant la justice. Au moment où nous écrivons, on n'a pas encore réussi à
l'appréhender et on n'a jamais su ce qu'il est devenu. On trouvera le récit de
son évasion dans Zwischen Krone und Kerker, de Schaumburg-Lippe.
[194] Oberführer docteur Mehlhorn, adjoint de Heydrich au S.D. Schellenberg raconte dans ses mémoires (The Labyrinth, pp. 48-50) que Mehlhorn lui avoua, le 26 août, avoir
été chargé de monter le simulacre d'attaque contre Gleiwitz, mais qu'il s'en
était sorti en invoquant une maladie. L'estomac de Mehlhorn se rétablit par la
suite. Pendant la guerre, il fut l'un des principaux organisateurs de la
terreur en Pologne.
[195] Les sous-marins appareillèrent entre le 19 et le 23 août, le Graf Spee le 21, et le Deutschland le 24.
[196] Le gouvernement britannique eut bientôt vent de ce qui se tramait. Le 17 août,
le sous-secrétaire d'État américain, Sumner Welles, révéla à l'ambassadeur de
Grande-Bretagne à Washington les suggestions faites par Molotov à
Schulenburg. L'ambassadeur des États-Unis à Moscou les avait télégraphiées la
veille à Washington et elles étaient malheureusement exactes (11).
L'ambassadeur Steinhardt avait, en effet, rencontré Molotov le
16 août.
[197] Il fut signé à Berlin à deux heures du matin le dimanche 20 août.
[198] On n'a trouvé aucun procès-verbal officiel de la harangue d'Hitler, mais
plusieurs comptes rendus, dont deux ont été rédigés par des officiers
supérieurs d'après des notes prises au cours de la séance, ont surgi. L'un est
de l'amiral Hermann Boehm, amiral en chef de la flotte de. haute mer, présenté
à Nuremberg par la défense de l'amiral Raeder et publié dans sa langue
d'origine dans le TMWC, XLI, pp. 16-25. L'autre est du général Halder, qui a
pris des notes volumineuses en sténo. La traduction anglaise de ses notes du
journal, en date du 22 août, est reproduite dans DGFP, VII, pp. 557-559. Le
principal document sur cette séance dont se soit servi le ministère public au
Procès de Nuremberg fut un mémorandum non signé en deux parties provenant des
archives de l'O.K.W., dont les troupes américaines s'emparèrent à Saalfelden,
Tyrol autrichien. Sa traduction anglaise figure dans NCA, III, pp. 581-586
(Nuremberg, Document, 798-PS), 665-666 (N.D. 1014-PS), et aussi dans DGFP, VII,
pp. 200-206. Le texte allemand original du mémorandum en deux parties figure
naturellement dans TMWC. Il donne plus de vie au langage d'Hitler que l'amiral
Boehm et le général Halder. Mais les trois versions concordent, et leur
authenticité ne fait aucun doute. A Nuremberg, on témoigna quelque scepticisme
à l'égard d'un quatrième procès-verbal de la harangue d'Hitler, enregistré sous
la rubrique N.D.C.-3 (NCA, VII, pp. 752-754) et, bien qu'il ait figuré dans la
procédure, le ministère public ne l'utilisa pas dans son argumentation. Tout en
ayant l'accent de la vérité, il a peut-être été un peu embelli par des
personnes qui
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