Le Troisième Reich, T1

aux États-Unis, « de sorte qu'il n'y a rien à craindre de
l'Amérique (10). »
    [148] Cette extraordinaire retraite, bâtie à grands frais et qui avait exigé trois
années de travail, était d'un accès difficile. Une route en lacets, longue de
15 kilomètres, taillée dans la montagne, conduisait à un long passage souterrain,
creusé dans le roc, d'où un ascenseur transportait le visiteur 110 mètres plus
haut. Jusqu'au chalet perché à 1 900 mètres d'altitude, au sommet d'une arête
rocheuse. De là on jouit d'un panorama saisissant sur la chaîne des Alpes. On
aperçoit Salzbourg dans le lointain. Décrivant plus tard l'endroit,
François-Poncet se demandait : « Est-ce là l'œuvre d'un esprit normal ou celle
d'un homme tourmenté par la folie des grandeurs, par une hantise de domination
et de solitude ? »
    [149] Le 24 novembre, Hitler rédigea une autre directive
secrète, ordonnant à la Wehrmacht de se préparer à l'occupation militaire de
Dantzig. Nous y reviendrons plus tard. Déjà le Führer songeait
aux nouvelles agressions qui suivraient la conquête finale de la
Tchécoslovaquie.
    [150] Hitler exigea aussi que la Banque nationale tchécoslovaque cédât une partie de
ses réserves d'or à la Reichsbank. La somme réclamée se
montait à 391 millions de couronnes tchèques en or. Le 18 février, Gœring
écrivait aux Affaires étrangères allemandes : « En raison des difficultés
croissantes de la situation monétaire, je suis dans l'obligation d'insister
vivement pour que les 30 à 40 millions de Reichsmarks-or (provenant de la
Banque nationale tchèque) entrent le plus promptement possible en notre possession;
nous en avons un besoin urgent pour l'exécution d'ordres importants du Führer (16) ...»
    [151] Voir plus haut.
    [152] Mgr Tiso, tel que je me le rappelle, était presque aussi large que haut.
C'était un très gros mangeur : « Quand je me sens trop agité, dit-il un jour au
docteur Paul Schmidt, je mange une demi-livre de jambon, et cela me calme les
nerfs. » Il devait mourir pendu. Arrêté par les autorités militaires
américaines, le 8 juin 1945, et remis à l'État tchécoslovaque nouvellement
rétabli, il fut condamné à mort le 15 avril 1947, à la suite d'un procès qui
dura quatre mois, et exécuté le 18.
    [153] En italique dans l'original allemand.
    [154] Les opinions divergent sur ce point. Certains historiens ont contesté que les
Alliés aient forcé Hacha à venir à Berlin. Sans doute fondent-ils leur
assertion sur une dépêche de l'ambassadeur de France à Berlin qui dit l'avoir
appris « de bonne source ». Mais les documents allemands des Affaires
étrangères découverts par la suite prouvent clairement que l'initiative vint de
Hacha. Il demanda d'abord une entrevue à Hitler le 13 mars, par l'entremise de
la légation allemande à Prague, et renouvela sa requête le 14 au matin. Hitler
accepta dans l'après-midi (25).
    [155] La phrase est soulignée dans le texte allemand.
    [156] Au Procès de Nuremberg, Gœring reconnut avoir dit à Hacha : « Je serais navré
s'il me fallait bombarder la belle ville de Prague. » Mais il n'avait pas
véritablement l'intention d'exécuter la menace. « Cela n'aurait pas été
nécessaire, expliqua-t-il, mais je pensais qu'une précision comme celle-là
pourrait servir d'argument et hâter la conclusion de l'affaire (27), »
    [157] Au Procès de Nuremberg, Neurath déclara qu'il fut « pris tout à fait de court »
quand Hitler le nomma protecteur et qu'il accepta « non sans inquiétudes ». Cependant,
dit-il, il s'inclina quand Hitler lui eut expliqué que, par sa nomination, il
voulait prouver à ta Grande-Bretagne et à la France « qu'il n'avait pas
l'intention d'adopter une attitude hostile à l'égard de la Tchécoslovaquie
(29). »
    [158] Il pourrait être intéressant d'anticiper sur les événements et d'indiquer ici
ce qu'il advint, par la suite, de certains personnages du drame que nous venons
de relater. Frank fut condamné à mort après la guerre par un tribunal tchèque
et pendu en public, prés de Prague, le 22 mai 1946. Henlein se suicida après
son arrestation par les résistants tchèques, en 1945. Chvalkovsky, devenu le
représentant du protectorat à Berlin, y fut tué au cours d'un bombardement
allié en 1944. Hacha fut arrêté par les Tchèques le 11 mai 1945 mais mourut
avant de passer en jugement.
    [159] Le 16 mars, Chamberlain déclarait aux Communes que « jusque-là aucune
protestation n'avait