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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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non des machines à voter. Ce principe :
responsabilité absolue, inconditionnellement liée à une autorité absolue,
produira progressivement une élite de chefs qui est inconcevable aujourd'hui,
dans cette ère de parlementarisme irresponsable (21).
    Telles étaient les idées d'Adolf Hitler; telles il les
rédigea dans leur stupéfiant cynisme, assis à sa fenêtre de la prison de
Landsberg, d'où il pouvait voir un verger en fleurs surplombant la Lech [32] ;
ou plus tard, en 1925-1926, penché au balcon d'un
confortable hôtel de Berchtesgaden et cherchant du regard, par-dessus les cimes
des Alpes, son Autriche natale, tout en dictant des torrents de mots à son
fidèle Rudolf Hess et en rêvant au Troisième Reich, qu'il allait construire sur
les bases fumeuses que nous venons de voir et qu'il allait diriger d'une main
de fer.
    Il ne doutait absolument pas de le construire et de le diriger,
car il était possédé par cette conscience ardente d'une mission, qui anima tant
de génies, surgis, semble-t-il, de rien ni de nulle part à travers les âges de
l'histoire. Il comptait unifier un peuple élu qui n'avait jamais eu d'unité
politique. Il comptait épurer sa race, la rendre forte, lui donner l'empire de
la Terre.
    Darwinisme grossier? Rêveries sadiques? Égoïsme sans frein?
Mégalomanie? Il y a de tout cela, mais autre chose aussi : l'intellect
d'Hitler, sa passion et toutes les aberrations qui s'étaient emparées de son
cerveau enfiévré procédaient de racines profondément liées au passé et à
l'esprit allemands. Le nazisme et le Troisième Reich ne furent que la suite
logique de l'histoire de l'Allemagne.

BASES HISTORIQUES
DU TROISIEME REICH
    A l'occasion des moments de délire qu'étaient les assemblée;
tenues par le Parti nazi en septembre de chaque année à Nuremberg, j'étais
accosté par de nombreux camelots, vendeurs de cartes postales où figuraient les
portraits de Frédéric le Grand de Bismarck, de Hindenburg et d'Hitler, avec
cette légende « Ce que le roi conquit, ce que le prince forma, ce que le
feld-maréchal défendit, le soldat l'a sauvé et unifié. » Ainsi Hitler, le
soldat, était représenté non seulement comme le sauveur et l'unificateur de
l'Allemagne, mais encore comme le successeur des trois hommes célèbres à qui le
pays devait sa grandeur.
    Cette allusion à une continuité de l'histoire allemande,
trouvant sont apogée dans Hitler, n'échappait pas à la foule, et le concept en
fut renforcé par l'expression même de Troisième Reich : le Premier Reich avait
été le Saint Empire romain du Moyen Age le Deuxième Reich, celui constitué par
Bismarck en 1871, après la victoire de la Prusse sur la France. Tous les deux
avaient valu de la gloire au nom allemand, que la République de Weimar devait
ensuite — la propagande nazie l'affirmait — traîner dans la boue. Le Troisième
Reich tenait la promesse d'Hitler et le relevait. L'Allemagne du Führer était
donc dépeinte comme un développement logique du passé, du moins en ce qu'il
présentait de glorieux.
    Toutefois, l'ex-vagabond de Vienne connaissait, malgré la
confusion qui régnait dans son esprit, suffisamment l'histoire pour constater
que ce passé comptait des échecs en présence des succès de la France et de la
Grande-Bretagne. Il n'oubliait pas qu'à la fin du Moyen Age, dont ces dernières
sortirent en nations unifiées, l'Allemagne présentait un bizarre assemblage
fait de quelque trois cents États différents. C'est ce défaut de développement
national qui a déterminé en grande partie le cours de son histoire, depuis le
début des temps modernes jusqu'au milieu du XIXe siècle, et a rendu celle-ci si
différente de celles des autres grands pays de l'Europe occidentale.
    A ce défaut d'unité politique et dynastique s'ajouta aux XVIeet XVIIe siècles le malheur des divergences religieuses qui suivirent la
Réforme. L'espace manque ici pour rapporter convenablement l'influence immense
exercée sur les Allemands et sur la suite de leur histoire par Martin Luther,
ce paysan saxon qui devint moine augustin et réformateur religieux de
l'Allemagne. On peut cependant dire en passant que ce génie supérieur et
complexe, passionnément antisémite et anti romain, qui réunissait dans son
caractère orageux tant des meilleures qualités et des pires défauts de
l'Allemand — la rudesse, la grossièreté, le fanatisme, l'intolérance, la
violence, mais aussi l'honnêteté, la simplicité, la

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