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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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languissait à Landsberg, un
jeune homme du nom de Gregor Strasser avait soudain pris
de l'importance au sein du Mouvement nazi. Pharmacien de son état et Bavarois
de naissance, il avait trois ans de moins qu'Hitler; comme lui, il avait gagné
la Croix de fer de première classe et, pendant la guerre, il avait obtenu les
galons de lieutenant. Il était devenu nazi en 1920 et avait été bientôt nommé
chef de district en Basse-Bavière.
    Ce robuste gaillard, plutôt bon vivant, plein d'énergie, devint
bon orateur plutôt par la force de sa personnalité que grâce à des dons
comparables à ceux d'Hitler, par exemple. C'était en outre un organisateur-né.
Farouchement indépendant, Strasser refusa de se prosterner
devant Hitler ou de prendre très au sérieux les prétentions qu'affichait
l'Autrichien de devenir le dictateur absolu du Mouvement nazi. Cela devait à la
longue constituer pour lui un handicap fatal, de même que son enthousiasme
sincère pour le « socialisme » dans le national-socialisme.
    Malgré l'opposition d'Hitler toujours en prison, Strasser unit ses efforts à ceux de Ludendorff et de Rosenberg pour organiser un mouvement nazi Völkisch qui participa aux élections nationales et régionales du
printemps 1924. En Bavière, le bloc réunit assez de votes pour constituer le
second parti local; sur l'ensemble du territoire allemand, comme on l'a vu,
sous le nom de Mouvement national socialiste de la Liberté Allemande, il
recueillit 2 millions de voix et obtint 32 sièges au Reichstag, dont
l'un pour Strasser. Hitler voyait d'un mauvais œil les
activités du jeune homme et d'un plus mauvais œil encore ses succès. Strasser, de son côté, n'était pas disposé à accepter Hitler
comme seigneur tout-puissant, et il se garda ostensiblement d'assister au grand
meeting du 27 février 1925 à Munich qui relança le Parti nazi.
    Si le mouvement entendait devenir vraiment national, Hitler s'en
rendait compte, il lui fallait prendre pied dans le nord, en Prusse, et surtout
dans la citadelle de l'ennemi, à Berlin. Lors des élections de 1924, Strasser avait fait campagne dans le nord et conclu des
alliances avec les groupes ultra-nationaux dirigés par Albrecht von
Graefe et le comte Ernst zu Reventlow. Il avait ainsi des
contacts personnels et une certaine audience dans cette région, et il était le
seul dirigeant nazi dans ce cas. Deux semaines après la réunion du 27 février,
Hitler ravala sa rancœur, fit venir Strasser, lui proposa
de regagner le sein du troupeau et d'organiser le Parti nazi dans le nord. Strasser accepta. Voilà que l'occasion lui était offerte
d'exercer ses talents sans que le chef, jaloux et arrogant, eût la possibilité
de surveiller chacun de ses gestes.
    Au bout de quelques mois, il avait fondé un journal dans la
capitale, le Berliner Arbeiterzeitung , dirigé par
son frère Otto Strasser, ainsi qu'une publication
bimensuelle, le N.S. Briefe , qui
tenait les cadres du parti au courant de la ligne à suivre. Il avait en même
temps jeté les bases d'une organisation politique s'étendant à travers la
Prusse, la Saxe, le Hanovre et la Rhénanie industrielle. Véritable dynamo, Strasser voyageait à travers toute l'Allemagne du nord, prenant
la parole à des meetings, nommant des chefs de district et montant l'appareil
du parti. Sa position de député au Reichstag lui donnait
sur Hitler deux avantages immédiats : il avait un permis de chemin de fer, si
bien que les voyages n'entraînaient aucuns frais pour lui ni pour la caisse du
parti; et il jouissait de l'immunité parlementaire. Aucune autorité ne pouvait
lui interdire de prendre la parole en public; aucun tribunal ne pouvait
l'accuser de calomnier qui que ce fût. Comme l'écrivait ironiquement Heiden : « Libre de voyager et libre de diffamer, Strasser était bien mieux placé que son Führer. »
    Pour faire office de secrétaire particulier et de rédacteur en
chef du N.S. Briefe , Gregor
Strasser choisit un jeune Rhénanien de vingt-huit ans du nom de Paul-Joseph Goebbels.

L’APPARITION DE
PAUL JOSEPH GOEBBELS
    Ce petit jeune homme au teint bistre, avec son pied bot, son
esprit agile et sa personnalité complexe de névrosé, connaissait bien le
Mouvement nazi. Il l'avait découvert en 1922, quand il avait, pour la première
fois, entendu Hitler parler à Munich; converti, il était devenu membre du
parti. Mais le mouvement ne le découvrit vraiment que trois ans plus tard,
lorsque Gregor Strasser,

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