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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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qu'Hitler entendait donner, car cela contribuait à
saper la confiance que l'on pouvait avoir, tant à l'intérieur qu'à l'étranger,
dans le véritable État allemand, qu'il s'efforçait de renverser.
    Mais Hitler avait des projets plus précis que de simplement
vouloir donner une impression. Trois ans après sa venue au pouvoir dans une
allocution adressée à ses « vieux compagnons de combat » au Buergerbräu ,
pour l'anniversaire de la soirée du 9 novembre, en 1936, il expliqua quel avait
été un de ses objectifs en faisant du parti une organisation aussi formidable
et aussi omniprésente. « Nous avons compris, dit-il en évoquant l'époque où le
parti fut reformé après le putsch, qu'il ne suffit pas de renverser le vieil
État, mais qu'il faut auparavant avoir mis sur pied un nouvel État que l'on
aura pour ainsi dire sous la main... En 1933, il ne s'agissait plus de
renverser un gouvernement par un coup de force; on avait cependant édifié le
nouvel État et il ne restait plus qu'à détruire les derniers vestiges de
l'ancien État — ce qui fut l'affaire de quelques heures seulement (2) ».
    Mais, si bien conçue qu'elle soit, une organisation n'est jamais
faite que de créatures humaines, donc faillibles, et, en ces années où Hitler
façonnait son parti pour lui faire prendre en charge le destin de l'Allemagne,
il avait bien des difficultés avec ses principaux lieutenants, qui ne cessaient
de se quereller non seulement entre eux, mais aussi avec lui. Lui qui, par
nature, était d'une intolérance si monumentale, se montrait étrangement
tolérant sur un point : la moralité d'un homme. Nul autre parti en Allemagne
n'attira autant de louches personnages. Comme on l'a vu, un ramassis de
souteneurs, de meurtriers, d'homosexuels, d'alcooliques et de maîtres-chanteurs
se précipita vers les rangs du parti comme vers un havre naturel. Hitler n'y
voyait aucun inconvénient, dès l'instant qu'ils pouvaient lui être utiles.
    Quand il sortit de prison, il constata non seulement que tout ce
joli monde s'entre-déchirait mais aussi que les chefs plus respectables et plus
guindés tels que Rosenberg et Ludendorff demandaient que
fussent expulsés du parti les criminels et notamment les homosexuels. Hitler
s'y refusa catégoriquement. « Je ne considère pas, écrivit-il dans son
éditorial intitulé « Un Nouveau Départ » dans le Völkischer
Beobachter du 26 février 1925, que la tâche du
leader politique consiste à essayer d'améliorer ou même à faire fusionner les
divers éléments du matériel humain qui sont à sa disposition. »
    En 1926 pourtant, les attaques que se lançaient mutuellement les
chefs nazis devinrent si embarrassantes qu'Hitler constitua un tribunal du
parti pour régler ces affaires et pour empêcher ses camarades de laver leur
linge sale en public. Ce fut l'U.S.C.H.L.A.
(Untersichung-und-Schlichtings-Ausschluss ou Comité d'Enquête et de Règlement
des Litiges). Ce comité eut d'abord à sa tête un ancien général, Heinemann, mais il se révéla incapable de comprendre la véritable mission de ce
tribunal, qui n'était pas de prononcer des jugements sur des gens accusés de
crimes de droit commun, mais d'étouffer ces accusations et de veiller à ce
qu'elles ne troublassent pas la discipline du parti ou l'autorité du chef. Le
général fut donc remplacé par un ex-officier plus compréhensif, le commandant Walter Buch, que l'on flanqua de deux assistants.
    L'un était Ulrich Graf, l'ancien boucher
qui avait été garde du corps d'Hitler; l'autre, Hans Frank,
un jeune avocat nazi, dont on reparlera plus tard quand le moment sera venu de
rappeler ses exploits sanguinaires comme gouverneur général de la Pologne
occupée, ce qui lui valut de finir au bout d'une corde à Nuremberg. Ce brillant
triumvirat judiciaire opéra à la complète satisfaction du Führer. Un chef de parti est susceptible d'être accusé des crimes les plus
abominables. Invariablement la réponse de Buch était : «
Et alors? » Ce qu'il voulait savoir, c'était si cela nuisait à la discipline du
parti ou si cela nuisait au Führer.
    Malgré son efficacité dans des milliers de cas, il fallut plus
que ce tribunal interne pour maintenir l'ordre parmi les personnages ambitieux
et prêts à tout qui formaient les cadres du Parti nazi. Hitler devait souvent
intervenir personnellement pour assurer un semblant d'harmonie, mais aussi pour
éviter que ce ne soit à lui qu'on coupe la gorge.
    Tandis qu'il se

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