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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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l’intention
d’élever la moindre prétention sur la marine de guerre française au moment de
la conclusion de la paix.
    Comme presque toutes les promesses d’Hitler, celle-ci sera
rompue.
    Finalement, Hitler laissa au gouvernement français une zone non
occupée au sud et au sud-est. C’était un tour astucieux. Non seulement, il
divisait ainsi la France géographiquement et administrativement, mais il
rendait difficile sinon impossible la formation d’un gouvernement français en
exil et empêchait des hommes politiques de Bordeaux de transporter le siège du
gouvernement en Afrique du Nord française – projet qui fut près de réussir, ruiné
au dernier moment non par les Allemands mais par les défaitistes français :
Pétain, Weygand, Laval et leurs partisans. Bien plus, Hitler savait que les
hommes qui s’étaient emparés du pouvoir à Bordeaux étaient des ennemis, de la
démocratie et qu’on pouvait espérer leur coopération pour l’établissement du
Nouvel Ordre nazi en Europe.
    Cependant, le second jour des négociations à Compiègne, les
délégués français continuaient de discuter et d’atermoyer. Huntziger insistait
pour que Weygand lui donnât non l’autorisation de signer mais l’ordre
de le faire  : personne en France ne voulait en prendre la
responsabilité. Finalement, à dix-huit heures trente, Keitel rédigea un
ultimatum. Les Français devaient accepter ou rejeter les conditions allemandes
de l’armistice dans l’heure qui suivait ; le gouvernement français
capitula : à dix-huit heures cinquante, le 22 juin 1940, Huntziger et
Keitel signaient le traité d’armistice [63] .
    J’ai écouté la dernière scène, transmise par les microphones
dissimulés dans le wagon-lit. Juste avant de signer, le général français dit d’une
voix tremblante qu’il désirait faire une déclaration personnelle. Je l’ai notée
en français, tandis qu’il parlait :
    Je déclare que le gouvernement français m’a donné l’ordre
de signer ces conditions d’armistice… Contrainte par le sort des armes de
cesser le combat dans lequel nous étions engagés aux côtés des Alliés, la
France se voit imposer de dures conditions. La France a le droit d’espérer que,
dans les futures négociations, l’Allemagne fera montre d’un esprit qui
permettra aux deux grandes nations voisines de vivre et de travailler en paix.
    Ces négociations pour un traité de paix n’auront jamais lieu, mais
l’esprit dont le Troisième Reich aurait fait montre, si elles avaient eu lieu, fut
vite évident à mesure que l’occupation devenait plus dure et que la pression
sur le gouvernement Pétain augmentait. Mais la France n’était pas destinée à
devenir une vassale de l’Allemagne, comme Pétain, Weygand et Laval le croyaient
– et l’acceptaient.
    Une pluie légère commençait à tomber quand les délégués
quittèrent le wagon de l’armistice. Sur la route qui traversait les bois on
pouvait voir une file ininterrompue de réfugiés qui rentraient chez eux, à pied,
à bicyclette, sur des charrettes, quelques-uns dans de vieux camions. Je sortis
de la clairière. Une équipe du génie de l’armée allemande avait déjà commencé à
déplacer le vieux wagon-lit.
    — Où l’emportez-vous ? demandai-je.
    — A Berlin », dirent-ils [64] .
    L’armistice franco-italien fut signé à Rome deux jours plus
tard. Mussolini put seulement occuper ce que ses troupes avaient conquis (quelques
centaines de mètres du territoire français) et imposer la démilitarisation d’une
zone de 80 kilomètres en France et en Tunisie. L’armistice fut signé à dix-neuf
heures trente-cinq, le 24 juin. Six heures plus tard, les canons, en
France, se turent.
    La France, qui, en 1914-1918, avait résisté quatre ans sans être
battue, était hors de combat après six semaines. Les troupes allemandes
veillaient sur la plus grande partie de l’Europe, depuis le cap Nord, au-delà
du cercle arctique, jusqu’à Bordeaux, depuis la Manche jusqu’au Bug, en Pologne
orientale. Adolf Hitler était au pinacle. L’ancien vagabond autrichien, qui
avait été le premier à unir les Allemands dans un État vraiment national, ce
caporal de la première guerre mondiale, était devenu le plus grand des
conquérants allemands. Tout ce qui s’opposait désormais à l’établissement d’une
hégémonie allemande en Europe sous sa dictature, c’était un Anglais indomptable,
Winston Churchill, et le peuple résolu

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