Le Troisième Reich, T2
« étroitement » avec l’ambassade
d’Allemagne, avait offert, contre 3 000 dollars, d’inviter 50
congressistes républicains isolationnistes à la Convention républicaine,
« de façon qu’ils puissent agir sur les délégués en faveur d’une politique
étrangère isolationniste ». Le même individu, rapporte Thomsen, demandait
30 000 dollars pour aider à payer les articles en première page dans les
journaux américains, sous le titre : « Laissez l’Amérique en dehors
de la guerre (30) [65] ! ».
Le lendemain, Thomsen télégraphiait à Berlin à propos d’un
nouveau projet qu’il disait être en train de négocier par l’intermédiaire d’un
agent littéraire américain, William C. Lengel, pour obtenir de cinq écrivains
américains connus d’écrire des livres « dont j’attends de grands résultats ».
Pour ce projet il avait besoin de 20 000 dollars, somme que Ribbentrop
accorda quelques jours plus tard (31) [66] .
Une des premières déclarations publiques d’Hitler sur ses
espoirs de paix avec l’Angleterre avait été faite à Karl von Wiegand, correspondant
de Hearst, et publié dans le Journal Américain de New York le 14 juin.
Deux semaines plus tard, Thomsen informa le ministère des Affaires étrangères
allemand qu’il avait fait imprimer 100 000 copies supplémentaires de l’interview
et que
… de plus, je suis en mesure, par un agent de toute
confiance, d’amener le représentant isolationniste Thorkelson (républicain de
Montana) à publier l’interview du Führer dans le Congressional Record , du
22 juin. Cela assure une fois encore la plus large audience à l’interview
(33).
L’ambassade nazie à Washington faisait flèche de tout bois. A
une certaine période de l’été, son attaché de presse annonçait ce qu’il
prétendait être une suggestion de Fulton Lewis Jr., commentateur de la radio, qu’il
décrivait comme « un admirateur de l’Allemagne et du Führer, et un
journaliste américain hautement considéré ».
Le Führer devrait envoyer à Roosevelt un télégramme rédigé
à peu près comme suit : « Vous, Mr. Roosevelt, avez fait appel à moi
à plusieurs reprises et avez toujours exprimé le vœu de voir évitée une guerre
sanglante. Je n’ai pas déclaré la guerre à l’Angleterre ; au contraire, j’ai
toujours affirmé hautement que je ne souhaitais pas détruire l’Empire
britannique. Mes demandes réitérées à Churchill d’être raisonnable et d’en
arriver à un traité de paix honorable ont été obstinément rejetées.
Je sais que l’Angleterre souffrira cruellement quand je
donnerai l’ordre de déclencher la guerre totale contre les Iles Britanniques. Je
vous demande donc d’intervenir auprès de Churchill et de le persuader d’abandonner
son obstination insensée. » Lewis a ajouté que Roosevelt ferait, naturellement,
une réponse insolente et malveillante mais que cela était sans importance. Un
tel appel ferait sûrement une profonde impression sur les Américains du Nord et
plus encore en Amérique du Sud (34)…
Adolf Hitler ne tint pas compte du prétendu
conseil de Mr. Lewis, mais les Affaires étrangères de Berlin câblèrent pour
demander quelle était l’importance en Amérique du commentateur radiophonique. Thomsen
répliqua que Lewis avait « joui d’une audience toute particulière… (mais
que) d’autre part on ne devait lui accorder aucune importance politique [67] »
(35).
Churchill lui-même, comme il le relata plus tard dans ses
Mémoires, était quelque peu troublé par les coups de sonde en faveur de la paix
qui émanaient de Suède, des États-Unis et du Vatican ; convaincu qu’Hitler
essayait d’en tirer le meilleur parti, il prit des mesures sévères pour les
contrecarrer. Informé que l’attaché allemand à Washington, Thomsen, avait
essayé d’avoir une conversation avec l’ambassadeur anglais dans cette ville, il
câbla de « prévenir Lord Lothian qu’il ne doit sous aucun prétexte répondre
au message du chargé d’affaires allemand (36) ».
Au roi de Suède, qui avait pressé la Grande-Bretagne d’accepter
un règlement de paix, le farouche Premier Ministre adressa une réponse
énergique :
… Avant que de telles requêtes ou propositions puissent être
seulement prises en considération, il sera nécessaire que des garanties
positives, représentées par des actes et non par des mots, soient offertes par
l’Allemagne, qui devrait assurer le
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