Le Troisième Reich, T2
l’examiner le 31 juillet
1940, quand il convoqua ses chefs militaires à sa villa sur l’Obersalzberg. Outre
Raeder, Keitel et Jodl de l’O. K. W. étaient présents ainsi que Brauchitsch et
Halder du Haut-Commandement. Le grand amiral que Raeder était devenu parla
presque tout le temps. Il n’était pas très optimiste.
Le 15 septembre, dit-il, serait la date la plus proche
possible pour entreprendre « Otarie », et à condition qu’aucune
« circonstance imprévue due au temps ou à l’ennemi ne se produise ». Quand
Hitler s’enquit du problème du temps, Raeder répondit par une conférence aussi
éloquente que peu encourageante. Sauf pendant la première quinzaine d’octobre, le
temps, expliqua-t-il, était « généralement mauvais » sur la Manche et
en mer du Nord ; de légers brouillards y apparaissaient au milieu du mois
et d’épais à la fin.
Mais cela n’était qu’une partie du problème. « L’opération,
déclara-t-il, ne peut être conduite que si la mer est calme. » Si la mer
était forte, les chalands couleraient et même les gros bateaux seraient
inutiles, puisqu’ils ne pourraient pas décharger de ravitaillement. L’amiral se
montrait plus sombre à mesure qu’il envisageait toutes les difficultés :
Même si la première vague (poursuivit-il) réussit à
traverser avec des conditions météorologiques favorables, il n’y a aucune
garantie que ce temps favorable se prolonge pour les seconde et troisième
vagues… En réalités nous devons admettre que pas un transport digne de ce nom
ne pourra traverser pendant quelques jours, jusqu’à ce que certains ports
puissent être utilisés.
Cela mettrait l’armée en difficulté, échouée sur les plages sans
ravitaillement ni renforts. Raeder en vint alors au point capital des différends
entre l’armée et la marine. L’armée voulait un large front, du Pas de Calais à Lyme Bay. Mais la marine ne pouvait pas fournir les bateaux
nécessaires à une telle opération contre la violente réaction attendue de la
marine et de l’aviation britanniques. Raeder soutint donc que le front devait
être raccourci – et ne s’étendre que du Pas de Calais à Eastbourne. L’amiral
gardait son argument décisif pour la fin :
« Tout bien considéré, dit-il, la meilleure époque
pour l’opération serait mai 1941. »
Mais Hitler ne voulait pas attendre aussi longtemps. Il convint
que « naturellement » on ne pouvait rien faire contre le temps. Mais
on devait envisager les conséquences d’un tel retard. Au printemps, la marine
allemande ne serait pas plus forte par rapport à la marine britannique. L’armée
britannique était actuellement en mauvaise forme, mais qu’on lui laisse encore
huit à dix mois et elle aurait alors de 30 à 35 divisions, une force
considérable pour la zone restreinte de l’invasion projetée. Donc sa décision (d’après
les notes confidentielles prises par Raeder et Halder (13)
était la suivante :
Des opérations de diversion en Afrique doivent être
étudiées. Mais le résultat décisif ne peut être obtenu que par une attaque de l’Angleterre.
On doit donc essayer de préparer l’opération pour le 15 septembre 1940… La
décision, que l’opération ait lieu en septembre ou qu’elle soit retardée jusqu’en
mai 1941, sera prise après que l’aviation se sera livrée à des attaques
concentrées sur le sud de l’Angleterre pendant une semaine. Si l’effet des
attaques aériennes est tel que l’aviation ennemie, les ports, les forces
navales, etc., sont gravement endommagés, l’opération Otarie sera exécutée en
1940. Autrement elle sera retardée jusqu’en mai 1941.
Tout, à présent, dépendait de la Luftwaffe. Le
lendemain, 1er août, Hitler donna en conséquence deux directives de l’O. K.
W., l’une signée par lui, l’autre par Keitel.
Q. G. du Führer août 1940
Ultra-secret.
Directive n° 17 pour la conduite de la guerre
Aérienne et navale contre l’Angleterre.
En vue d’établir les conditions nécessaires pour la
conquête finale de l’Angleterre, j’ai l’intention de continuer la guerre navale
et aérienne contre la métropole anglaise plus intensément qu’auparavant.
A ces fins je donne les ordres suivants :
1. – L’aviation allemande doit écraser l’aviation anglaise
avec tous les moyens dont elle dispose.
2. – Après s’être assuré la supériorité de l’air, localement
ou temporairement, la guerre aérienne
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