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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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paix quand elle
apprendra qu’elle peut encore l’obtenir à un prix relativement bas.
    C’est également ce que pensait Hitler, et il se mit
immédiatement à préparer son discours de paix au Reichstag. En même temps, comme
nous l’avons vu, il ordonna (2 juillet) l’élaboration d’un plan
préliminaire de débarquement, et le 16 juillet, aucun mot « raisonnable »
n’étant venu de Londres, il rédigea la directive n° 16 pour «  Otarie  ».
Enfin, après plus de six semaines d’hésitations, il fut décidé d’envahir l’Angleterre
« si nécessaire ». Hitler et ses généraux commençaient à comprendre
que ce serait une opération capitale, non sans risques, mais dont le succès
était assuré si la Luftwaffe et la marine pouvaient ouvrir la voie aux troupes
en luttant contre une marine britannique bien supérieure et une aviation
nullement négligeable.
    Otarie était-il un plan sérieux ? Et avait-on
sérieusement l’intention de l’exécuter ?
    Jusqu’à ce jour beaucoup en ont douté et leur opinion a été
renforcée par le chœur des généraux allemands après la guerre. Rundstedt, qui
commandait les troupes d’invasion, dit aux enquêteurs alliés en 1945 :
    L’invasion prévue de l’Angleterre était un non-sens, car
les bateaux adéquats n’étaient pas disponibles… Nous considérions toute l’affaire
comme une sorte de jeu, car il était évident qu’une invasion était impossible
dès lors que notre marine n’était pas en position de protéger la traversée de
la Manche ni de transporter des renforts. L’aviation allemande n’était pas
davantage capable de remplir ces missions si la marine échouait… J’ai toujours
été sceptique sur toute l’affaire… J’ai l’impression que le Führer n’a jamais
réellement voulu envahir l’Angleterre. Il n’a jamais eu le courage suffisant… Il
espérait que les Anglais feraient finalement la paix (7)…
    Blumentritt, chef opérationnel de Rundstedt, exprima après la
guerre des opinions semblables à Liddell Hart, affirmant que « entre nous,
nous en parlions (d’Otarie) comme d’un bluff (8) ».
    A la mi-août je passai quelques jours au bord de la Manche, allant
d’Anvers à Boulogne à la recherche de l’armée d’invasion. Le 15 août, à
Calais et au cap Gris-Nez, nous vîmes des essaims de bombardiers et de
chasseurs se diriger vers l’Angleterre, pour ce qui fut la première attaque
aérienne massive. Et tandis qu’il était clair que la Luftwaffe donnait à plein,
l’absence de bateaux et en particulier de chalands de débarquement dans les
ports, les canaux et les rivières à l’arrière, me laissa l’impression que les
Allemands bluffaient . Tout simplement, ils n’avaient pas les moyens, autant
que je pouvais le voir, de faire traverser la Manche par leurs troupes.
    Mais un reporter voit peu de choses d’une guerre, et nous savons
maintenant que les Allemands ne commencèrent à rassembler leur flotte d’invasion
que le 1er septembre. Quant aux généraux, qui a lu leurs interrogatoires
ou les a entendus aux contre-interrogatoires des procès de Nuremberg a appris à
n’accepter leur témoignage d’après guerre qu’avec beaucoup de réserve [77] .
    Les généraux allemands avaient aussi des desseins personnels à
satisfaire, l’un des premiers étant de discréditer la direction militaire d’Hitler.
En fait, leur principale thèse, exposée avec des longueurs monotones dans leurs
mémoires et au cours de leurs interrogatoires ou témoignages aux procès, était
que, s’ils avaient été libres de prendre les décisions, Hitler n’aurait jamais
conduit le Troisième Reich à la défaite.
    Malheureusement pour eux, mais heureusement pour la postérité et
la vérité, l’amas de documents secrets militaires allemands confirme l’opinion
que le plan d’Hitler (envahir l’Angleterre au début de l’automne 1940) était
extrêmement sérieux et que, malgré bien des hésitations, le dictateur nazi
avait bien l’intention de l’exécuter s’il y avait une chance raisonnable de
succès. Son sort définitif fut réglé non par manque de détermination ou d’efforts
mais par les hasards de la guerre qui, pour la première fois, commençaient à
jouer contre lui.
    Le 17 juillet, lendemain de la publication de la directive
n° 16 pour préparer l’invasion et deux jours avant le discours de paix du Führer au Reichstag, le Haut Commandement
de l’armée (O. K. H.)

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