Le Troisième Reich, T2
s’agissant
des préparatifs d’une opération dont il commandait l’exécution pour le 15 septembre.
« L’ordre d’exécution, ajoutait-il, dépend de la situation politique »,
condition qui a dû embarrasser les généraux apolitiques (21).
Le 1er septembre, le mouvement des bateaux depuis les ports
allemands de la mer du Nord vers les ports d’embarquement de la Manche commença,
et deux jours plus tard, le 3 septembre, arriva une autre directive de l’O.
K. W.
La date la plus rapprochée pour le départ de la flotte d’invasion
a été fixée au 20 septembre, et celle du débarquement au 21 septembre.
Les ordres pour le lancement de l’attaque seront donnés le
jour J moins 10, probablement donc le 11 septembre.
Les ordres définitifs seront donnés au plus tard le jour J
moins 3, à midi.
Tous les préparatifs doivent rester susceptibles d’annulation
vingt-quatre heures avant zéro heure.
Keitel (22).
Cela ressemblait à du travail, mais c’était un faux-semblant. Le
6 septembre, Raeder eut encore une longue conférence avec Hitler. « La
décision du Führer de débarquer en Angleterre, nota l’amiral
ce soir-là, n’est en aucune façon arrêtée, car il est fermement convaincu que
la défaite de l’Angleterre sera acquise même sans le débarquement. » En
réalité, comme le montre le long rapport de Raeder sur l’entretien, le Führer discourut sans fin sur presque tout sauf sur « Otarie » :
la Norvège, Gibraltar, Suez, « le problème des États-Unis, » le
traitement des colonies françaises et ses fantastiques intentions au sujet de l’établissement
d’une « Union de l’Allemagne du Nord (23) ».
Si Churchill et ses chefs militaires avaient seulement eu vent
de cette remarquable conférence, le mot-code « Cromwell » n’aurait
peut-être pas été lancé en Angleterre le lendemain soir, 7 septembre. Il
signifiait « Invasion imminente » et déclencha une confusion sans nom :
la Home Guard fit sonner les cloches des églises, plusieurs ponts furent
détruits par les Royal Engineers, etc. [80] .
Mais à la fin de l’après-midi du dimanche 7 septembre, les
Allemands firent leur premier bombardement massif de Londres, exécuté par 625
bombardiers protégés par 648 chasseurs. Ce fut l’attaque aérienne la plus
dévastatrice lancée jusqu’à ce jour sur une ville ; les bombardements de
Varsovie et de Rotterdam étaient, par comparaison, des piqûres d’épingle. Au
début de la soirée, tout le quartier des docks était en flammes et toutes les
lignes de chemin de fer vers le sud, vitales pour la défense contre l’invasion,
étaient bloquées.
Beaucoup de Londoniens crurent que ce bombardement meurtrier
était le prélude à un débarquement allemand immédiat et c’est plus à cause de
cela que de toute autre chose que l’alerte « Invasion imminente » fut
donnée. Comme on put le voir peu après, ce sauvage bombardement de Londres du 7 septembre,
bien qu’il fût un avertissement prématuré et eût causé de grands dégâts, marqua
un tournant décisif. Ce fut le premier grand combat aérien de l’Histoire et le
premier acte de la Bataille d’Angleterre, qui allait bien vite atteindre son
point culminant.
Pour Hitler, le temps approchait aussi où il devrait prendre sa
fatale décision. L’invasion devait avoir lieu le 11 septembre, stipulait
la directive du 3 septembre, dormant aux services armés dix jours pour
exécuter les préliminaires. Mais, le 10, Hitler décida de retarder sa décision
jusqu’au 14. Il semble qu’il y ait eu au moins deux raisons à ce délai. L’une
était la conviction de l’O. K. W. que le bombardement de Londres causait tant
de ravages aussi bien matériels que moraux, qu’une invasion pouvait n’être plus
nécessaire [81] .
L’autre raison venait des difficultés que la marine allemande
éprouvait à rassembler ses bateaux. En dehors du temps, que les autorités
navales qualifiaient, le 10 septembre, d’ « anormal et instable »,
la R. A. F., que Gœring avait promis de détruire, et la marine britannique
entravaient de plus en plus la concentration de la flotte d’invasion. Ce même
jour, l’état-major de la marine prévint du « danger » d’attaques
aériennes et navales anglaises contre les mouvements de transports allemands, mouvements
qu’il disait « sans aucun doute réussis ». Deux jours plus tard, le 12 septembre,
le Q. G. du groupe naval Ouest envoya
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