Le Troisième Reich, T2
de l’Armée Rouge devra être
détruit par d’audacieuses manœuvres comportant des trouées en profondeur
exécutées par des unités blindées. Le repli des troupes ennemies intactes à
travers les vastes espaces de la Russie sera empêché. L’objectif ultime de
cette première offensive est de créer une ligne de défense s’étendant de la
Volga à Arkhangelsk.
Dans ce même document, Hitler s’étend longuement sur les détails
de la stratégie d’attaque [101] .
Le rôle de la Roumanie et de la Finlande y est longuement défini. C’est sur
leurs territoires que devaient être créées les bases avancées d’où se
déclencheraient les attaques de flanc à l’extrême nord et au sud. Leurs armées
fourniraient en outre des contingents d’appui à la Wehrmacht.
Le rôle de la Finlande allait être particulièrement important. En
effet, plusieurs armées germano-finlandaises devaient s’avancer sur Leningrad
et le lac Ladoga, couper la ligne ferroviaire de Mourmansk, s’emparer des mines
de nickel de Petsamo (Laponie) et occuper les ports, libres de glace, de l’océan
Arctique.
Toutefois, un point d’interrogation se posait : une partie
des troupes d’occupation de la Norvège allait devoir être transportée en Russie.
La Suède accorderait-elle à l’Allemagne le droit de transit sur son territoire ?
Selon les prévisions optimistes du Führer, elle se montra singulièrement
accommodante.
La manœuvre initiale, explique Hitler dans le document cité plus
haut, s’effectuera de part et d’autre des marais du Pripet.
Le coup principal sera porté au nord des marais par deux groupes
d’armées au complet. L’un remontera vers Leningrad par les États Baltes. L’autre,
plus au sud, avancera à travers la Russie Blanche, puis, obliquant au nord, opérera
sa jonction avec le premier groupe, encerclant ainsi les « débris »
de l’Armée Rouge, essayant de battre en retraite depuis la Baltique. Au sud des
marais, un troisième groupe d’armées effectuera une poussée à travers l’Ukraine
en direction de Kiev.
Objectif : refouler et anéantir les forces soviétiques à l’ouest
du Dnieper. A l’extrême sud, une armée germano-roumaine marchera sur Odessa et,
de là, le long de la mer Noire. « Par la suite, nous nous emparerons du
bassin du Donetz, région où se trouve concentrée l’industrie soviétique dans la
proportion de 60 pour 100. Alors seulement nous pourrons entreprendre l’assaut
de Moscou. »
La capitale de l’Union Soviétique retrouvait à présent le
premier plan que, moins de quinze jours auparavant, lui déniait le Führer.
La capture de Moscou, insiste-t-il, représentera une
victoire politique et économique dont l’importance dépassera de loin la
possession du centre ferroviaire n° 1 de la Russie.
Tel était le plan grandiose échafaudé par le Führer. Terminé un
peu avant Noël, il était si parfaitement au point qu’aucun changement notable n’y
fut apporté par la suite. Afin d’en assurer le secret, il ne fut tiré qu’en
neuf exemplaires. Les trois services armés du Reich – Wehrmacht, Kriegsmarine, Luftwaffe
– en reçurent chacun un. Les six autres furent conservés au Q. G. de l’O. K. W.
Même aux commandants en chef des armées en campagne, stipulait
la directive, il faudra laisser croire que le plan Barberousse représente « une simple précaution au cas où la Russie changerait d’attitude
à l’égard de l’Allemagne ». Le nombre des officiers initiés au secret
devra rester aussi réduit que possible. Une divulgation intempestive de nos
préparatifs entraînerait les plus graves conséquences politiques et militaires.
Rien ne donne à penser que les généraux du haut commandement
désapprouvèrent la décision d’attaquer la Russie, ce pays qui, par sa fidélité
au Pacte de Moscou, avait rendu possibles les victoires allemandes en Pologne
et en Europe occidentale. Plus tard, Halder tournera en dérision ce qu’il
appelle « l’équipée russe d’Hitler » et prétendra que les généraux s’y
montrèrent hostiles dès le commencement (37).
Pas un mot de son volumineux journal n’appuie cette affirmation.
Dans ses notes de décembre, tenues au jour le jour, il manifeste au contraire
un sincère enthousiasme pour « l’équipée » dont, en sa qualité de
chef de l’état-major général chargé de l’élaboration des plans, il partage la
responsabilité. Quoi qu’il en soit, lorsqu’il jeta les
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