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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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de succès, l’insidieux
Ribbentrop s’efforça une dernière fois de rouler son collègue russe. Il sortit
de sa poche un projet d’accord par lequel le Pacte tripartite
germano-italo-nippon devenait quadripartite par l’adjonction de la Russie en
qualité de quatrième partenaire. Molotov en écouta religieusement la lecture.
    Par l’article II, qui en formait le noyau, l’Allemagne, l’Italie,
le Japon et l’Union Soviétique s’engageaient à respecter l’intégrité de leurs
zones naturelles d’influence respectives.
    Toute contestation entre les quatre parties contractantes
seraient « réglées à l’amiable ». Les deux États totalitaires et le
Japon acceptaient de reconnaître « l’étendue actuelle du territoire de l’Union
Soviétique et d’en respecter l’intégrité ».
    Par l’article III, les quatre puissances s’engageaient à rester
à l’écart de toute combinaison dirigée contre l’une d’elles et à n’y apporter
aucune aide. Cet accord serait rendu public sauf, bien entendu, ses protocoles
secrets, dont Ribbentrop entreprit ensuite la lecture. Le plus important
définissait les « aspirations territoriales » de chacun des quatre
pays. L’expansion de la Russie s’opérerait au sud, en direction de l’océan
Indien.
    Molotov ne mordit pas à l’hameçon. Le
traité proposé avait manifestement pour objet de détourner la Russie de sa
poussée traditionnelle vers l’ouest, du côté de la Baltique jusqu’aux Balkans
et, par les Dardanelles, jusqu’à la Méditerranée où, inévitablement, elle
entrerait en conflit avec les convoitises territoriales de l’Axe.
    Pour le moment du moins, la Russie ne s’intéressait pas au
lointain océan Indien. Ses appétits se limitaient à l’Europe et aux Dardanelles.
Par ailleurs, fit remarquer Molotov, « un accord sur
papier serait à lui seul insuffisant. L’Union Soviétique exigerait des
garanties effectives de sécurité ». La Bulgarie intéresse l’Union
Soviétique au même titre que la Turquie, déclara-t-il encore.
    Le destin de la Hongrie et de la Roumanie ne la laisse pas
indifférente non plus, quelles que fussent les circonstances. Le Kremlin
souhaite également connaître les intentions de l’Axe à l’égard de la
Yougoslavie, de la Grèce et celles (en particulier) de l’Allemagne à l’endroit
de la Pologne. Bien d’autres questions demandaient à être élucidées : la neutra lité de la Suède…, les détroits
reliant la Baltique à la mer du Nord, etc. L’impitoyable Commissar ne
laissait rien de côté et, dit-il en conclusion, « apprécierait vivement
une réponse de son interlocuteur sur ces divers points ».
    Ribbentrop, enseveli sous l’avalanche, protesta d’abord contre « cet
interrogatoire trop serré » et répondit faiblement : « Je ne
peux que répéter ce que j’ai déjà dit encore et encore : La question
capitale est celle-ci : L’Union Soviétique est-elle disposée à collaborer
avec l’Allemagne à la liquidation de l’Empire britannique et est-elle en mesure
de le faire ? »
    La réponse de Molotov était prête, cinglante.
Hilger l’a fidèlement consignée dans son procès-verbal.
    « Molotov fit observer que les Allemands considéraient
la guerre contre l’Angleterre virtuellement gagnée. Si donc, comme le
prétendait le Führer, le duel engagé a pour enjeu la vie ou la mort, il ne
pouvait interpréter l’affirmation qu’ainsi : L’Allemagne lutte pour sa vie
et l’Angleterre pour sa mort. »
    Le sarcasme n’atteignit pas Ribbentrop, homme d’une impénétrable
opacité en matière d’esprit. Aussi Molotov crut-il
nécessaire de mettre les points sur les i et, en riposte au refrain repris à
satiété par le ministre nazi : « L’Angleterre est vaincue », il
décocha la flèche du Parthe :
    « S’il en est ainsi, que faisons-nous dans cet abri et d’où
viennent les bombes qui pleuvent sur Berlin [97]  ? »
    De ses harassantes discussions avec le coriace négociateur du
Kremlin, auxquelles vinrent s’ajouter de nouveaux témoignages de la rapacité
croissante de Staline, Hitler tira des conclusions instructives. Notons ici que
le dictateur soviétique, bien qu’il prétendît plus tard le contraire, accepta
la proposition hitlérienne de se joindre au camp « fasciste », mais à
un prix très supérieur à celui dont il avait été question à Berlin. Le 26 novembre,
quinze jours à peine après le retour de Molotov

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