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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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dés, ce 18 décembre
1940, Hitler scella sans le savoir son ultime destin et celui du Troisième
Reich.
    « Soulagé d’avoir enfin pris une décision », avoua-t-il
à Halder, le tout-puissant dictateur s’en alla célébrer les fêtes de Noël
auprès de ses troupes sur les côtes de la Manche, aussi loin que possible de la
Russie. Sans doute écartait-il de son esprit – également le plus loin possible
– le souvenir de Charles XII de Suède et de Napoléon Bonaparte qui, après
tant et tant de conquêtes comparables aux siennes, rencontrèrent sur les
espaces illimités de la steppe russe un irrémédiable désastre.
    Après tout, pourquoi y eût-il pensé ? Dès à présent, Hitler
se prenait pour le plus grand conquérant que la terre eût jamais porté. La
mégalomanie, cette maladie mortelle de tous les dictateurs, s’emparait de lui.

SIX MOIS DE DÉBOIRES
    Après ses étourdissantes victoires du printemps et du début de l’été,
le dictateur allemand allait connaître une période de déboires. Elle dura six
mois. Non seulement le triomphe décisif sur la Grande-Bretagne lui échappait, mais
aussi l’espoir de lui porter un coup mortel en Méditerranée.
    Le 27 décembre, le grand amiral Raeder rejoignit Hitler à
Berlin où, en guise de souhaits de Nouvel An, il lui apporta de piètres
nouvelles.
    « La menace que nous faisions peser sur la
Grande-Bretagne en Méditerranée Orientale, dans le Proche-Orient et en Afrique
n’existe plus… L’action décisive que nous espérions y entreprendre n’est plus
possible (38). »
    Entravé par la dérobade du perfide Franco, l’incapacité de
Mussolini et même la sénilité du maréchal Pétain, Hitler avait bel et bien
manqué le coche en Méditerranée. Après avoir essuyé un désastre dans le désert
égyptien, son allié italien en risquait à présent un autre dans les montagnes
enneigées d’Albanie. Ces événements fâcheux marquèrent, eux aussi, un tournant
de la guerre et de l’Histoire du Troisième Reich. Les faiblesses des alliés et
amis de l’Allemagne en étaient certes responsables en partie ; le
principal facteur, cependant, fut l’inaptitude du Führer à concevoir et édifier
cette stratégie d’envergure intercontinentale à laquelle Raeder et même Gœring
auraient voulu l’amener.
    A présent qu’une offensive directe contre l’Angleterre
paraissait hors de question, le grand amiral tenta à deux reprises, les 6 et 26 septembre
1940, d’ouvrir de nouveaux horizons dans l’esprit du Führer. La seconde fois, il
prit ce dernier en aparté et, à l’abri de l’ingérence des officiers de la
Wehrmacht et de la Luftwaffe, fit à son maître tout-puissant un cours de
stratégie navale, tendant à démontrer la nécessité d’attaquer la
Grande-Bretagne ailleurs que par le Pas de Calais.
    La Grande-Bretagne, dit-il, a toujours regardé la
Méditerranée comme le pivot de son Empire… L’Italie, encerclée par les
positions anglaises, devient en ce moment sa cible principale… Les Italiens ne
s’aperçoivent pas encore du danger qu’ils courent en refusant notre aide. A
présent, l’Allemagne doit mener la bataille contre la Grande-Bretagne avec tous
les moyens dont elle dispose, et cela sur-le-champ, avant que les États-Unis
soient en mesure d’intervenir effectivement. La question méditerranéenne doit, par
conséquent, se régler durant les mois d’hiver.
    Se régler ? Comment cela ? L’amiral en vint alors aux précisions :
« S’emparer de Gibraltar. S’emparer des îles Canaries par une opération
aérienne. S’emparer du canal de Suez. » Puis Raeder brossa un tableau
séduisant de l’étape suivante :
    « De Suez, il nous faudra avancer, par la Palestine et la
Syrie, jusqu’aux portes de la Turquie. Si nous y parvenons, celle-ci tombera en
notre pouvoir. Le problème russe prendra dès lors un tout autre aspect, et il
est douteux qu’une offensive par le Nord soit encore nécessaire. »
    Ayant – en imagination – chassé les Britanniques de la
Méditerranée et fait tomber la Turquie et la Russie au pouvoir de l’Allemagne, l’amiral
acheva le tableau : Il est à prévoir, annonça-t-il, bon prophète, que la
Grande-Bretagne, étayée par les États-Unis et par les forces gaullistes, tentera
de prendre pied en Afrique du Nord en vue d’y établir ultérieurement une base d’attaque
contre l’Axe. Il devient donc essentiel pour l’Allemagne, avec le concours

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