Le Troisième Reich, T2
à Moscou, celui-ci
fit savoir à von Schulenburg que la Russie était disposée à adhérer au Pacte tripartite aux conditions suivantes :
I. Retrait immédiat des troupes allemandes stationnées en
Finlande, territoire appartenant à la zone d’influence soviétique.
II. Établissement, au cours des prochains mois, d’un pacte
d’assistance mutuelle entre la Russie et la Bulgarie… en vue d’assurer la
sécurité de l’Union Soviétique dans les Dardanelles… et conclusion d’un bail à
long terme permettant à l’U. R. S. S. d’établir une base militaire terrestre et
navale à proximité du Bosphore et des Dardanelles.
III. Reconnaissance par l’Allemagne, l’Italie et le Japon
de l’appartenance de la zone sud de Bakou et Batoum – en direction du golfe
Persique – à la « sphère d’aspirations » de l’Union Soviétique.
IV. Renonciation du Japon à ses droits sur les concessions
de charbon et de pétrole dans la zone septentrionale de l’île de Sakhaline (33).
Dans ses nouvelles propositions, Staline introduisait cinq
protocoles secrets au lieu de deux et, pour faire bonne mesure, au cas où la
Turquie soulèverait des difficultés à l’égard des bases russes, demandait que
les quatre puissances prennent contre elle des mesures militaires .
Ces propositions représentaient un prix très supérieur à celui
qu’Hitler était disposé à accepter ou même débattre. Alors qu’il s’efforçait de
tenir la Russie à l’écart de l’Europe, voilà que Staline revendiquait la
Finlande, la Bulgarie, le contrôle des Dardanelles et, en fait, les territoires
pétrolifères de Perse et d’Arabie, d’où, en temps normal, provenait la plus
grande partie du pétrole fourni à l’Europe.
« Staline est un homme habile et retors, déclara le
Führer à ses chefs militaires ; un maître chanteur cynique aux exigences
insatiables. Il demandera toujours davantage. Conclusion : la Russie doit
être réduite à merci le plus tôt possible (34). »
Cynique maître chanteur lui-même, Hitler se heurtait à un
adversaire de même calibre, et cette constatation le mettait hors de lui. Sur
ses instructions pressantes, Halder et Brauchitsch lui
soumirent, dès le 5 décembre, les plans de l’état-major général de l’armée
relatifs à l’assaut contre la Russie. Au bout de quatre heures d’examen, il les
approuva.
Le Journal de guerre de l’O. K. W. saisi à Berlin, ainsi que les
carnets personnels de Halder contiennent le récit de cette
réunion décisive (35).
L’Armée Rouge, précisa le tout-puissant Seigneur de la Guerre, devra
être enfoncée simultanément au nord et au sud des marais du Pripet, encerclée
et anéantie comme l’a été l’armée polonaise. Moscou n’a pas d’importance. Pour
l’instant, un seul objectif, mais capital : détruire la « force
vitale » de la Russie. La Roumanie et la Finlande participeront à l’attaque,
mais non la Hongrie [98] .
La division de montagne du général Dietl, stationnée à Narvik, sera transférée
en Finlande, via la Suède, et chargée de l’offensive de la zone arctique [99] .
De 120 à 130 divisions seront affectées à l’ensemble de la campagne de Russie.
Dans son compte rendu de la conférence du 5 décembre et
antérieurement, le général Halder désigne l’opération sous
le nom de « Otto ». Le 18 décembre, jour où Adolf Hitler
franchit le Rubicon de son destin, Otto fut rebaptisé « Barberousse »,
nom que l’Histoire rendra à jamais mémorable. Voici les premières lignes du
document (directive n° 21) « rigoureusement secret » portant l’en-tête : Opération Barberousse .
Grand quartier général du Führer,
18 décembre 1940.
Les forces armées du Reich allemand doivent se disposer à
écraser la Russie soviétique en une brève campagne avant la conclusion des
hostilités contre l’Angleterre [100] .
Pour atteindre ce but, l’armée affectera à l’Opération Barberousse toutes ses
unités disponibles, sous réserve du maintien sur le front de l’Ouest de forces
suffisantes propres à assurer la sauvegarde des territoires occupés contre une
éventuelle attaque brusquée… Les préliminaires de l’opération devront être
achevés le 15 mai 1941… Afin que leur objet ne puisse être décelé, il est
essentiel d’observer la plus grande circonspection.
Suit un exposé des « fins principales » de l’opération
Barberousse :
En Russie occidentale, le gros
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