Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
Vom Netzwerk:
d’autres villes. A leur tour, les
populations civiles allemandes connurent l’horreur des massacres infligés par
les armées de leur pays à d’autres populations sans défense. Ainsi fut anéanti,
dans les neiges de Russie et les sables du désert africain, le rêve démesuré d’Adolf
Hitler.
    Il ne s’agit pas uniquement des défaites de Rommel et de Paulus, soulignons-le. Le sinistre et barbare
« Ordre nouveau » que le Führer et ses S. S. entreprirent
d’instaurer en pays conquis contribua énormément à précipiter la chute du
national-socialisme. Avant d’entamer le chapitre final de cet ouvrage – l’écroulement
définitif du Troisième Reich – il est bon, je crois, de
faire halte, d’examiner ce que signifiait en théorie et en pratique ce
soi-disant « Ordre nouveau ». Il est bon aussi de se rendre compte à
quel péril la civilisation européenne, pour ne pas dire la civilisation tout
court, échappa de justesse, non sans avoir subi l’affreux cauchemar de ses
préludes.
    Comme pour les infortunés Européens qui vécurent ce cauchemar ou
qui, hélas, furent sacrifiés avant qu’il ne prît fin, le dernier chapitre de
mon livre et de l’Histoire du Troisième Reich sera le plus
sombre de tous.

LIVRE V
LE COMMENCEMENT DE LA FIN

27 -
L’ORDRE NOUVEAU
    Aucun projet d’ensemble ne fut jamais établi pour l’Ordre
nouveau, mais des documents dont on s’est emparé et des événements qui se
déroulèrent il ressort clairement qu’Hitler s’en faisait une idée très précise :
une Europe gouvernée par les nazis, dont les ressources seraient exploitées au
profit de l’Allemagne, dont les habitants deviendraient les esclaves de la race
allemande, race des Seigneurs par excellence, et dont les « éléments
indésirables » – les Juifs en premier lieu mais également un grand nombre
de Slaves de l’Est, en particulier leurs élites – seraient exterminés.
    Juifs et peuples slaves n’étaient que des êtres inférieurs – des Untermenschen . Aux yeux d’Hitler, ils n’avaient pas le droit de vivre, à
l’exception de ceux, parmi les Slaves, dont on aurait besoin pour labourer les
champs ou travailler dans les mines, comme de simples esclaves, pour le compte
de leurs maîtres allemands. Non seulement on raserait totalement les grandes
villes de l’Est : Moscou, Leningrad, Varsovie [177] ,
mais on détruirait la civilisation russe, polonaise et celle des autres nations
slaves.
    Leurs principales usines seraient démantelées et expédiées en
Allemagne. Leurs habitants seraient cantonnés exclusivement dans les travaux
agricoles, pour subvenir aux besoins alimentaires des Allemands, et ils ne
seraient autorisés à garder pour eux que le strict nécessaire. Quant à l’Europe,
selon l’expression même des nazis, on la libérerait des Juifs ».
    « Ce qui peut arriver à un Russe ou à un Tchèque ne m’intéresse
pas le moins du monde », déclarait Heinrich Himmler à Posen, dans une
allocution confidentielle à ses officiers S. S. (Himmler était alors le chef
des S. S. et de l’ensemble de l’appareil policier du Troisième Reich, et, de ce
fait, l’homme le plus important après Hitler, car il détenait le droit de vie
et de mort non seulement sur 80 millions d’Allemands mais sur plus du double de
populations conquises.)
    « Nous prendrons dans ces nations ce qu’elles ; peuvent
offrir de sang pur de notre type, en leur enlevant, si besoin est, leurs
enfants et en les élevant chez nous. Que ces peuples soient prospères ou
meurent de faim ne m’intéresse que dans la mesure où nous avons besoin d’eux
comme esclaves de notre Kultur ; en dehors de cela je ne m’en soucie
aucunement. Peu importe que 10 000 femmes russes tombent d’épuisement en
creusant un fossé antichar pourvu que ce fossé soit terminé (1)… »
    Bien avant ce discours prononcé par Himmler à Posen, en 1943, les
chefs nazis avaient établi leurs plans pour réduire en esclavage les peuples de
l’Est.
    A la date du 15 octobre 1940, Hitler avait déjà décidé du
sort des Tchèques, le premier peuple slave tombé sous son joug. La moitié
seraient « assimilés », principalement en les expédiant en Allemagne
comme forçats du travail. Les autres, « en particulier » les
intellectuels, seraient, au terme d’un rapport secret, purement et simplement « éliminés
(2) ».
    Quinze jours auparavant, le 2 octobre, le Führer avait
exposé ses idées concernant

Weitere Kostenlose Bücher