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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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d’habitants étaient heureux d’être
libérés du joug soviétique – fût-ce même par les Allemands.
    A Berlin, un petit nombre croyait que, si Hitler jouait
astucieusement son jeu, en traitant la population avec égard, en lui promettant
de la soulager de la tyrannie bolchévique (en lui accordant la liberté
religieuse et économique et en transformant les fermes collectivisées en de
véritables coopératives), en lui promettant également, dès que les
circonstances le permettraient, un gouvernement indépendant, les Russes
seraient rapidement conquis. Alors non seulement ils coopéreraient avec les
Allemands dans les régions occupées, mais ceux des régions non occupées
pourraient s’efforcer de se libérer de la rude domination stalinienne. En
agissant ainsi, disait-on, le régime bolchévique lui-même s’effondrerait sans
doute, et l’Armée Rouge se désintégrerait, comme l’avait fait l’armée tzariste
en 1917.
    Mais bientôt la sauvagerie de l’occupation nazie, les objectifs
évidents, et d’ailleurs souvent proclamés, poursuivis par les conquérants
germaniques : ravager les terres russes, réduire les populations en
esclavage et envoyer des Allemands coloniser les territoires de l’Est, eurent
détruit toutes les chances d’une telle évolution.
    Nul n’a mieux résumé les résultats de cette politique
désastreuse et fait le compte des opportunités ainsi perdues qu’un Allemand, le
docteur Otto Bräutigam, un diplomate de carrière, chef
adjoint du département politique du ministère des Territoires occupés de l’Est,
nouvellement créé et placé sous l’autorité de Rosenberg.
    Dans un rapport confidentiel fort sévère qu’il adressait à ses
supérieurs, le 24 octobre 1942, Bräutigam osait
signaler les erreurs commises par les nazis en Russie.
    « A notre entrée en territoire soviétique, nous avons
trouvé une population lasse du Bolchévisme, attendant désespérément les
nouvelles formules qui lui apporteraient l’espoir d’un avenir meilleur pour
elle. Le devoir de l’Allemagne était de trouver ces formules, mais on ne les
prononça pas. La population nous a accueillis avec joie, comme des libérateurs,
et elle s’est placée à notre disposition. »
    Il existait bien un slogan, mais les Russes ne tardèrent pas à
le percer à jour.
    « Avec l’instinct naturel des peuples de l’Est (poursuivait
Bräutigam), l’homme primitif découvrit bientôt que, pour l’Allemagne, le slogan
« libération du Bolchévisme » n’était qu’un simple prétexte pour
réduire en esclavage les peuples de l’Est, selon ses propres méthodes… Ouvriers
et paysans comprirent vite que l’Allemagne ne les considérait pas comme des
partenaires possédant des droits égaux, mais simplement comme l’objet de ses
visées politiques et économiques… Avec une présomption sans égale, nous avons
fait abstraction de toute intelligence politique et… nous avons traité les
populations des territoires occupés de l’Est comme des « Blancs de seconde
classe », auxquels la Providence aurait uniquement assigné la tâche de
servir d’esclaves aux Allemands… »
    Deux autres erreurs, déclarait Bräutigam, avaient
conduit les Russes à se retourner contre les Allemands : le traitement
barbare des prisonniers de guerre russes et les procédés d’enrôlement des hommes
et des femmes pour le travail forcé.
    « Ce n’est plus un secret pour personne, ni ami, ni
ennemi, que, par centaines de milliers, les prisonniers russes sont morts de
faim ou de froid dans nos camps… Nous nous trouvons maintenant devant cette
chose absurde d’avoir à recruter des millions de travailleurs dans les
territoires occupés de l’Est après avoir laissé les prisonniers de guerre
mourir de faim comme des mouches… »
    « Dans le mépris sans bornes de l’humanité slave qui
prévalait, on a employé des méthodes de « recrutement » dont l’origine
remonte sans doute aux périodes les plus sombres du trafic des esclaves. Une
véritable chasse à l’homme a été instituée. Sans aucune considération d’âge, ni
d’état physique, ces gens ont été expédiés en Allemagne [178] … »
    La politique et les méthodes allemandes en Russie ont « suscité
une résistance considérable chez les populations de l’Est », concluait le
docteur Bräutigam.
    « Notre politique a forcé à la fois les Bolchévistes
et les nationalistes russes à former un front commun

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