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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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de
personnes, presque toutes juives. Il s’agit là presque sûrement d’une
exagération. Il est étrange mais vrai de constater que les grands pontes S. S. étaient
si fiers de leurs exterminations qu’ils grossirent souvent les chiffres pour
plaire à Himmler et à Hitler.
    Le 23 mars 1943, le statisticien personnel d’Himmler, le
docteur Richard Korherr, rendait compte à son chef que 633 300 Juifs
russes en tout avaient été « réinstallés » – un euphémisme pour
massacrés – par les Einsatzgruppen (51). Aussi surprenant que cela soit,
ce chiffre correspond assez bien avec celui que plusieurs experts ont établi
après de longues recherches. En y ajoutant environ 100 000 tués au cours
des deux dernières années de la guerre, on obtiendra sans doute le chiffre le
plus précis que nous aurons jamais [195] .
    Si élevé que soit ce chiffre, il est faible comparativement au
nombre de Juifs qui furent tués dans les camps d’extermination d’Himmler à
partir du jour où l’on commença d’appliquer « la solution définitive ».

LA « SOLUTION DEFINITIVE »
    Un beau jour de juin 1946, à Nuremberg, trois juges d’instruction
américains procédaient à l’interrogatoire du S. S. Obergruppenführer Oswald Pohl, qui, entre autres choses, avait été chargé d’élaborer des
programmes de travail pour les pensionnaires des camps de concentration nazis. Pohl, qui avant de rejoindre les S. S. avait été officier de
marine, s’était caché après l’effondrement de l’Allemagne et n’avait été arrêté
qu’un an plus tard – en mai 1946 – dans une ferme où il travaillait comme
ouvrier agricole [196] .
    En réponse à une question, Pohl employa un
terme avec lequel l’accusation, occupée depuis des mois à méditer sur les
millions de mots qui constituaient les documents pris à l’ennemi, commençait à
se familiariser. Un de ses collègues, un certain Hœss, dit Pohl, avait été
employé par Himmler « pour la solution définitive de la question juive ».
    « De quoi s’agissait-il ? demanda-t-on à Pohl.
    — De l’extermination de la juiverie. »
    Cette expression revenait avec une fréquence croissante dans le
vocabulaire et les dossiers des dirigeants nazis au fur et à mesure que la
guerre progressait. Son apparente innocence épargnait sans doute à ces hommes
la peine de se rappeler les uns aux autres ce qu’en fait elle cachait, et
peut-être également espéraient-ils qu’elle servirait de couverture à leur
culpabilité, dans le cas où les papiers incriminés apparaîtraient en pleine
lumière.
    De fait, au cours des procès de Nuremberg, la plupart des
dirigeants nazis prétendaient ignorer ce qu’elle signifiait, et Gœring affirma
ne s’en être jamais servi, mais la fausseté d’une telle assertion ne tarda pas
à être démontrée. Dans l’affaire contre le gros maréchal du Reich, on produisit
une directive qu’il avait adressée à Heydrich, chef de la S. D., le 31 juillet
1941, alors que les Einsatzgruppen entreprenaient avec brio leur tâche d’extermination
en Russie.
    « Par la présente, je vous donne tous pouvoirs pour
entreprendre les préparatifs concernant… une solution définitive de la
question juive dans ceux des territoires européens qui se trouvent sous l’influence
de l’Allemagne…
    « En outre, je vous charge de me soumettre dès que
possible un résumé indiquant les… mesures déjà prises en vue de l’exécution de
la solution définitive de la question juive telle qu’elle a été
envisagée (52) [197] .
    Heydrich savait fort bien ce que Gœring entendait par ce terme, car
il l’avait lui-même employé près d’un an plus tôt à l’occasion d’une entrevue
secrète qui s’était tenue aussitôt après la chute de la Pologne et au cours de
laquelle il avait tracé les grandes lignes du « premier pas dans la voie
de la solution définitive  », qui consistait à rassembler tous les
Juifs dans les ghettos des grandes villes d’où il serait plus aisé de les
expédier vers leur destin final.
    La «  solution définitive  » ne fut autre que la
mise à exécution d’un projet qu’Adolf Hitler avait depuis longtemps en tête et
qu’il avait publiquement proclamé avant même le commencement de la guerre. Le 30 janvier
1939, dans son discours au Reichstag, il avait dit :
    « Si les financiers juifs internationaux… devaient
encore parvenir à plonger les nations dans une guerre mondiale, il

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