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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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l’année où il n’avait
pas été à Berlin, il répondit :
    « J’étais chef de l’Einsatzgruppe D. »
    Harris, juriste de métier et qui était devenu à cette époque en
quelque sorte une autorité, dans les Services de renseignements, sur les
questions allemandes, en savait long sur ces groupes. Aussi demanda-t-il
vivement :
    « Au cours de l’année où vous avez commandé l’Einsatzgruppe D, combien d’hommes, de femmes et d’enfants votre groupe a-t-il tués ? »
    Plus tard Harris se rappela qu’Ohlendorf avait haussé les
épaules et répondu en marquant à peine une légère hésitation :
    « 90 000 (44) ! »
    Himmler et Heydrich avaient d’abord créé et organisé les Einsatzgruppen dans l’intention de leur faire suivre les armées allemandes en Pologne en 1939,
avec mission de rassembler les Juifs et de les enfermer dans des ghettos. Ce
fut seulement au début de la campagne de Russie, soit deux ans plus tard, que, en
accord avec l’armée allemande, ces groupes reçurent l’ordre de suivre les
troupes du front et de mettre à exécution une des phases de la « solution
radicale ». Dans ce but, 4 Einsatzgruppen furent constitués : les
groupes A, B, C, D. Ce fut ce dernier dont Ohlendorf assura le commandement de
juin 1941 à juin 1942. On lui assigna le secteur situé tout au sud de l’Ukraine
et rattaché à la II e armée. Lorsque le colonel John Harlan Amen lui
demanda à la barre quelles instructions il avait reçues, Ohlendorf répondit :
    « Nos instructions portaient que les commissaires
politiques soviétiques et les Juifs devaient être liquidés.
    — Et quand vous dites « liquidés », entendez-vous
par là « tués » ? demanda Amen.
    — Oui, je veux dire tués, répondit Ohlendorf, et il
expliqua que ceci s’appliquait aux femmes et aux enfants aussi bien qu’aux
hommes.
    — Pour quelle raison a-t-on massacré les enfants ? Intervint
le juge russe, le général I. T. Nikitchenko.
    Ohlendorf  : L’ordre
portait que toute la population juive devait être exterminée.
    Le juge : Y compris les enfants ?
    Ohlendorf  : Oui.
    Le juge  : Tous
les enfants juifs furent-ils assassinés ?
    Ohlendorf  : Oui.
    En réponse à d’autres questions posées par Amen, de même que
dans sa déposition écrite, Ohlendorf décrivit comment se déroulait en général
ces massacres :
     
    « L’unité Einsatz pénétrait dans un village ou dans
une ville et donnait l’ordre aux citoyens juifs de marque de rassembler tous
les Juifs afin de les « réinstaller [192]  ».
    « On les invitait à remettre tous leurs objets de
valeur et, peu avant leur exécution, on leur ordonnait de retirer leurs
vêtements de dessus. On les transportait en camions jusqu’au lieu de l’exécution
– en général un fossé antichar – (à chaque voyage on n’emmenait que le nombre
de victimes pouvant être exécutées sitôt l’arrivée. Ceci afin de limiter au
maximum l’espace de temps séparant le moment où les victimes apprenaient ce qui
les attendait et celui de leur exécution).
    « Puis des pelotons d’exécution les fusillaient à
genoux ou debout – selon les règles militaires – et on jetait les cadavres dans
le fossé. Jamais je n’ai autorisé le tir individuel, j’ai toujours ordonné que
plusieurs hommes tirent en même temps, ceci afin d’éviter toute responsabilité
personnelle directe. D’autres chefs de groupe obligeaient les victimes à s’allonger
à plat ventre sur le sol pour recevoir une balle dans la nuque. Je n’approuvais
pas ces méthodes.
    — Pourquoi ? demanda Amen.
    — Parce que, répondit Ohlendorf, c’était
psychologiquement une épreuve terrible à la fois pour les victimes et pour ceux
qui les exécutaient. »
    Au cours du printemps 1942, raconte ensuite Ohlendorf, Himmler
ordonna de changer le mode d’exécution des femmes et des enfants. Désormais, ils
seraient liquidés dans des « roulottes à gaz » spécialement
construites dans ce but par deux firmes berlinoises. L’officier S. D. décrivit
au tribunal la manière dont fonctionnaient ces remarquables engins.
    « On ne pouvait deviner de l’extérieur le but réel de
ces remorques. Elles ressemblaient à des camions fermés, et elles étaient
construites de telle sorte qu’au démarrage du moteur le gaz (d’échappement) pénétrait
dans la remorque, provoquant la mort en dix à quinze minutes. »
    « Comment décidait-on les victimes à

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