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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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de
nouveaux records ; on y passait à la chambre à gaz jusqu’à 6 000
victimes par jour. Un de ses chefs de camp, un nommé Rudolf Hœss, ex-forçat, condamné
pour meurtre, déposa à Nuremberg sur la supériorité du gaz qu’il employait [201] .
    Le règlement définitif de la question juive signifiait l’extermination
totale de tous les Juifs d’Europe. En juin 1941, je reçus l’ordre d’organiser l’extermination
à Auschwitz. A cette époque, le Gouvernement Général de Pologne comptait déjà
trois autres camps d’extermination : Belzec, Treblinka et Wolzek…
    Je me rendis à Treblinka pour voir comment s’effectuaient
les opérations d’extermination. Le commandant du camp de Treblinka me dit qu’il
avait fait disparaître 80 000 détenus en six mois. Il s’occupait plus
particulièrement des Juifs du ghetto de Varsovie [202] .
    Il utilisait l’oxyde de carbone. Cependant, ses méthodes ne
me parurent pas très efficaces. Aussi, quand j’installai le bâtiment d’extermination
d’Auschwitz, mon choix se porta sur le Zyklon B, acide prussique cristallisé, que
nous laissions tomber dans la chambre de mort par une petite ouverture. Selon
les conditions atmosphériques, il fallait compter de trois à quinze minutes pour
que le gaz fit son effet.
    Nous savions que les gens étaient morts lorsqu’ils
cessaient de crier. Ensuite nous attendions environ une demi-heure avant d’ouvrir
les portes et d’enlever les corps. Une fois les corps sortis, nos commandos
spéciaux leur retiraient bagues et alliances, ainsi que l’or des dents.
    Nous apportâmes également une autre amélioration par
rapport à Treblinka en construisant des chambres à gaz pouvant contenir 2 000
personnes à la fois, alors qu’à Treblinka leurs dix chambres à gaz n’en
contenaient chacune que 200.
    Hœss exposa ensuite la manière dont on « sélectionnait »
les victimes désignées pour la chambre à gaz, car tous les arrivants n’étaient
pas liquidés – du moins pas sur-le-champ ; parce que l’on avait besoin de
certains d’entre eux pour travailler dans les fabriques de produits chimiques
de la I. G. Farben et dans les usines Krupp jusqu’à ce qu’épuisés ils fussent
prêts pour la « solution radicale ».
    A Auschwitz, nous avions deux médecins S. S. qui étaient
chargés d’examiner chaque nouvel arrivage de prisonniers. On les faisait
défiler devant l’un des docteurs, qui prenait une décision au fur et à mesure
qu’ils passaient devant lui. Ceux qui étaient jugés bons pour le travail
étaient envoyés à l’intérieur du camp. Les autres étaient aussitôt dirigés sur
les installations d’extermination. Les enfants en bas âge étaient
invariablement exterminés, puisque, en raison de leur jeunesse, ils étaient
inaptes au travail.
    Hœss ne cessait d’apporter des améliorations dans le domaine des
massacres collectifs.
    Nous apportâmes encore une autre amélioration par rapport à
Treblinka : les victimes savaient presque toujours qu’elles allaient être
exterminées, à Auschwitz nous nous efforçâmes de leur faire croire qu’elles
allaient subir un épouillage. Bien entendu, elles ont fréquemment deviné nos
intentions et nous avons connu des incidents et des difficultés. Très souvent, les
femmes dissimulaient leurs enfants sous leurs vêtements, mais, dès que nous les
découvrions, nous envoyions ces enfants dans les chambres à gaz.
    On nous avait ordonné de procéder à ces exterminations dans
le secret, mais, inévitablement, l’odeur nauséabonde provenant des corps que l’on
brûlait d’une manière continue envahissait les alentours, et tous les habitants
des communes avoisinantes savaient que des exterminations se poursuivaient à
Auschwitz.
    Il arrivait, expliqua Hœss, que les « prisonniers spéciaux »
– apparemment des prisonniers de guerre russes – fussent simplement tués par
des injections de benzine. « Nos médecins avaient reçu l’ordre de délivrer
des certificats de décès ordinaires et n’avaient pas le droit d’indiquer la
cause du décès (58) [203] . »
    A cet exposé brutal de Hœss, on peut ajouter une image brève de
la mise à mort et des circonstances qui l’entouraient, telle que l’ont retracée
les survivants des camps et leurs geôliers. La « sélection » selon
laquelle certains Juifs étaient envoyés au travail, les autres gazés aussitôt, prenait
place sur la voie de garage, dès que l’on avait fait

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