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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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raconte Speer, et
furieux contre Gœring. Il dit qu’il se doutait depuis longtemps de la trahison
de Gœring, que c’était un être corrompu, un drogué… » Jugement qui choqua
profondément le jeune architecte, étonné qu’Hitler ait gardé si longtemps, à un
poste aussi important, un tel personnage. Speer fut encore plus étonné, quand
Hitler se calma et ajouta : « Eh bien, que Gœring négocie quand même
la capitulation. Peu importe qui s’en charge (16). » Mais cette humeur ne
dura que quelques instants.
    Avant la fin de la conversation, Bormann persuada Hitler de
rédiger un télégramme où il accusait Gœring de « haute trahison » et
l’informait qu’en raison de ses longs services pour le Parti nazi et l’État la
peine de mort lui serait épargnée, à condition qu’il se désiste immédiatement
de toutes ses fonctions. Il recevait l’ordre de répondre par un seul mot :
oui ou non. Mais l’être abject qu’était Bormann ne fut pas satisfait pour
autant.
    Il se servit de son propre émetteur pour expédier un radiogramme
au Q. G. S. S. de Berchtesgaden, ordonnant l’arrestation immédiate de Gœring, de
son état-major et de Lammers, pour « haute trahison ». Le lendemain, avant
l’aube, le dauphin du Troisième Reich, le plus arrogant et aussi le plus
opulent des princes nazis, le seul « maréchal du Reich » de l’Histoire
de l’Allemagne et commandant en chef de l’aviation, se retrouva prisonnier des
S. S.
    Trois jours plus tard, le soir du 26 avril, Hitler tint sur
Gœring des propos bien plus durs encore que ceux entendus par Speer.

LES DEUX DERNIERS
VISITEURS DU BUNKER
    Sur ces entrefaites, deux autres visiteurs de marque étaient
arrivés à cet asile de fous qu’était le bunker : Hanna Reitsch, la
femme-pilote d’essai, qui, entre autres qualités, avait une étonnante capacité
de haine, surtout envers Gœring, et le général Ritter von Greim qui, le 24 avril,
avait reçu l’ordre à Munich de se présenter personnellement devant le chef
suprême. Le général avait obéi sur-le-champ, le soir du 26 avril, mais son
avion avait été attaqué au-dessus du Tiergarten par des batteries
anti-aériennes russes et Greim blessé au pied par des éclats d’obus.
    Hitler entra à l’infirmerie, où l’on soignait la blessure du
général.
    Hitler  :
Savez-vous pourquoi je vous ai fait venir ?
    Greim  : Non,
mon Führer.
    Hitler  :
Parce que Hermann Gœring a trahi et abandonné ma personne et sa patrie. Derrière
mon dos, il a pris contact avec l’ennemi, faisant ainsi preuve de lâcheté. Il s’est
mis en sécurité à Berchtesgaden, contre ma volonté. De là, il m’a envoyé un
télégramme qui me manquait de respect. C’était…
    A ce moment, raconte Hanna Reitsch, qui assistait à l’entretien,
un tic convulsa le visage du Führer et son souffle devint
haletant.
    Hitler  :…
un ultimatum ! Parfaitement, un ultimatum ! Maintenant, il ne me
reste plus rien. Rien ne me sera épargné ! Aucun serment n’est respecté, l’honneur
ne compte plus. J’aurai connu toutes les déceptions, toutes les trahisons. Et
maintenant voici la pire ! Non, il ne me reste rien. J’ai tout subi… J’ai
fait immédiatement arrêter Gœring comme traître au Reich ; je le déclare
déchu de toutes ses fonctions et je l’exclus du parti. Voilà pourquoi je fais
appel à vous (17).
    Aussitôt le général, surpris, couché sur un lit de l’infirmerie,
se vit nommé commandant en chef de la Luftwaffe. Hitler
aurait pu procéder à cette nomination par radio, ce qui eût épargné à Greim sa
blessure au pied et lui eût permis de rester au Q. G. pour diriger ce qui
restait de la Luftwaffe. Trois jours plus tard, Hitler
ordonna à Greim – qui maintenant, à l’instar de Fräulein Reitsch,
s’attendait à mourir dans le bunker aux côtés de son Führer, et
même l’espérait – de le quitter pour s’occuper d’une nouvelle affaire de « trahison ».
Car la trahison, nous l’avons vu, concernait d’autres chefs du Reich, en dehors d’Hermann Gœring.
    Pendant ces trois jours, Hanna Reitsch avait eu amplement le
temps d’observer là vie de fous que l’on menait dans cet asile souterrain. Elle
y participa d’ailleurs activement. Aussi exaltée que son hôte bien-aimé, elle a
laissé de ces journées un récit mélodramatique à souhait. Pourtant, il doit
correspondre à la réalité dans ses grandes lignes, car il concorde avec celui

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