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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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opérations contre les Russes.
    Telles étaient la naïveté, la sottise – ou les deux à la fois – de
ce chef S. S. qui ambitionnait pour son compte la dictature du Troisième Reich.
Bernadotte lui demanda de rédiger par écrit la demande de reddition de l’Allemagne
et Himmler en fit un projet hâtif, à la lueur d’une bougie, car les pourparlers
avaient lieu dans une cave privée d’électricité, sous les bombardements de la R.
A. F. Himmler apposa sa signature au document (15).
    Gœring et Himmler avaient tous deux agi prématurément, comme ils
ne tardèrent pas à le découvrir. Bien qu’Hitler, dans son isolement, ne
possédât qu’une liaison précaire par radio avec ses armées et ses ministres – car
les Russes avaient presque achevé l’encerclement de la capitale le 23 au soir –
il était à même de démontrer la force de sa personnalité et de son prestige qui
lui permettaient encore de diriger l’Allemagne et de réprimer la « trahison »,
fût-elle le fait de ses plus éminents collaborateurs, d’un simple mot prononcé
dans son fragile poste émetteur, dont l’antenne était suspendue à un ballon
au-dessus du bunker.
    Albert Speer et une femme qui fut témoin – dans des
circonstances dramatiques – de ce dernier acte de la tragédie de Berlin ont
décrit les réactions d’Hitler devant le télégramme de Gœring. Speer était
arrivé en Piper Cub dans la capitale assiégée, au cours de la nuit du 23 avril,
et il avait atterri à l’extrémité est de la grande avenue qui traversait le
Tiergarten d’est en ouest, près de la porte de Brandebourg, à un pâté de
maisons de la Chancellerie.
    Ayant appris qu’Hitler désirait rester à Berlin jusqu’à la fin –
qui ne pouvait plus tarder – Speer était venu faire ses adieux au chef et lui
avouer que son « conflit entre sa fidélité personnelle et son sens du
devoir civique » l’avait contraint à saboter la politique de « terre
brûlée » du Führer. Il s’attendait à être arrêté
pour « trahison » et probablement fusillé, ce qui lui serait
certainement arrivé si le dictateur avait eu connaissance des efforts de Speer, deux mois auparavant, pour le supprimer avec tous les
rescapés de la bombe de Staufenberg.
    Le brillant architecte, ministre de l’Armement, bien qu’il se
fût toujours vanté de n’appartenir à aucun parti politique, avait eu les yeux
dessillés, mais un peu tard, comme bien d’autres Allemands. Lorsqu’il avait
enfin découvert que son Führer bien-aimé avait décrété la
destruction du peuple allemand, il avait décidé de l’assassiner. Son intention
était d’introduire un gaz délétère dans les tuyaux d’aération du bunker, à
Berlin, pendant une conférence militaire à l’échelon le plus élevé.
    Comme y assistaient non seulement les chefs militaires, mais
aussi Gœring, Himmler et Gœbbels, Speer espérait
ainsi anéantir d’un coup tous les chefs nazis du Troisième Reich et
le haut commandement. Il se procura son gaz, mais découvrit que le système d’aération,
dans le jardin, était protégé par une cheminée de 5 mètres, installée récemment
sur les ordres d’Hitler, précisément pour décourager les saboteurs. Speer n’aurait donc pu introduire son gaz sans attirer l’attention
des gardes S. S. du jardin. Il dut renoncer à son projet et Hitler, une
dernière fois, échappa à la mort.
    Le soir du 23 avril, Speer confessa
son acte d’insubordination, à la suite de l’ordre de destruction criminel reçu
du Führer. A sa surprise, Hitler ne manifesta ni colère, ni
ressentiment. Sans doute fut-il touché par la candeur et le courage de son
jeune ami – Speer venait d’atteindre la quarantaine – pour
qui il éprouvait une réelle affection et qu’il considérait comme une âme-sœur
sur le plan « artistique ». Hitler, comme Keitel le remarqua de son
côté, semblait étrangement paisible, ce soir-là. Sans doute, décidé à mourir en
cet endroit, avait-il trouvé la paix de l’esprit. Mais ce n’était que le calme
précurseur de la tempête.
    En effet, le télégramme de Gœring était arrivé sur ces
entrefaites à là Chancellerie, et Bormann – qui y voyait sa chance – l’avait
intercepté pour le montrer au Führer, à son heure. Ce
spécialiste de l’intrigue le présenta à Hitler comme un « ultimatum »,
une tentative déloyale « d’usurpation » des pouvoirs suprêmes.
    « Hitler était hors de lui,

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